Le désir de Brésil
L’année de 2022 a été marquée par la mort de figures aussi iconiques qu’Elisabeth II, Michaïl Gorbatchev, le pape émérite Joseph Ratzinger et Pelé. La reine d’Angleterre a assisté à la lente disparition de l’empire britannique alors que l’URSS s’est dissoute d’un seul coup sous les pieds de Gorbatchev, le dernier président du Soviet suprême. Les corps mortels de ces deux souverains ont survécu à l’éclipse des corps mystiques censés être immortels. Le pape allemand, Benoît XVI, a dû se sublimer comme émérite pour qu’un autre cardinal, Bergoglio, transmuté en François, essaye de maintenir l’unité de l’église catholique. La mort de Pelé est d’une autre dimension. Son corps mystique n’est pas celui d’un état souverain, mais quelque chose comme un désir de Brésil : la beauté et la plasticité du corps des pauvres et de la lutte contre l’esclavage et le racisme.
Ce devenir-Brésil, ce Brésil que l’on désire un peu partout dans le monde, est aussi celui de quelqu’un dont on dit qu’il est ressuscité. Lors de sa troisième élection, Lula a définitivement dépassé Luiz Inácio da Silva. Son histoire d’enfant pauvre devenu ouvrier et puis président, s’est enrichie d’un nouvel épisode dramatique, puisqu’il a réussi ce qui était déjà en soi un exploit juste après avoir passé un an et demi en prison. Profitant de la fuite aux États-Unis de son prédécesseur, son investiture a parfaitement mis en scène ce message : Lula a monté la rampe du palais entouré par toute la diversité du Brésil et a reçu la ceinture présidentielle des mains d’une femme noire, membre d’une coopérative de ramasseurs de poubelles. La photo de la composition bariolée de son gouvernement exalte esthétiquement le contraste avec le gouvernement d’hommes en costards gris composé il y a quatre ans par Bolsonaro.
S’agit-il d’une image authentique ou nous retrouvons-nous dans les rayons de ce que Peter Szendy appelle le « supermarché du visible » ? La monnaie frappée par ces images est-elle vraie ou fausse ? Ces images deviendront authentiques si elles ne se laissent récupérer par aucune monnaie. Car nous pensons que c’est sur le terrain de la création monétaire que se joue la viabilité du troisième mandat de Lula et le futur du Brésil. Les débats et les conflits sur la monnaie font déjà rage.
Soulagement et inquiétude
L’état d’esprit de tous les démocrates au Brésil et dans le monde est de grand soulagement : la victoire de Lula a marqué la fin, pour utiliser les mots d’un journaliste de Globo News, du gouvernement « infâme ». Mais l’inquiétude reste. Il suffit de regarder aux États-Unis ce qu’écrivaient Steven Levitsky et Lucan Way un an après la victoire de Joe Biden : « la menace à la démocratie américaine n’a pas reculé1 ».
Lula a gagné, mais d’un cheveu. Dès l’annonce des résultats, des centaines d’autoroutes étaient bloquées par des camionneurs, et des milliers de manifestants – drapés dans les couleurs nationales et le maillot de la seleção – se concentraient devant les principales casernes du pays pour demander l’intervention des militaires contre le résultat des élections. Deux mois après le ballotage, ces campements devant les casernes étaient toujours là et les signes d’une radicalisation violente se multipliaient.
Le pays est divisé à moitié. Bolsonaro a bien perdu les élections présidentielles, mais l’extrême-droite bolsonariste confirme et augmente sa force : elle se maintient mobilisée, peut compter sur la sympathie de secteurs très importants des forces armées et dispose d’une présence institutionnelle considérable, notamment du gouvernement de l’état le plus riche et le plus peuplé, São Paulo.
En fait, si en 2018 l’aversion à Lula (l’« anti-lulisme ») a été le grand moteur du succès électoral de Bolsonaro, en 2022, c’est Lula qui a réussi à catalyser l’« anti-bolsonarisme ». Mais les deux dynamiques sont toujours en place, l’une étant le ressort de l’autre. Le grand défi pour Lula est de réussir à déconstruire ce dispositif, à en casser la symétrie sans céder à la tentation de reproduire cette dynamique.
Sens et non-sens
On compare souvent Lula à Mandela. Mais Lula n’est pas Mandela. Alors que ce dernier était fier d’être accusé de vouloir en finir avec le régime de l’apartheid, Lula se dit innocent devant les accusations de corruption. Pour cela, il se doit d’alimenter toute une série de récits : il a ainsi frappé une monnaie qui circule sur les réseaux sociaux « à l’envers et à l’endroit », chez les lulistes mais aussi chez les bolsonaristes.
Pour expliquer le bolsonarisme, on rappelle que le Brésil est un pays foncièrement conservateur, puis on invoque le poids croissant de l’évangélisme, enfin, on accuse aussi l’émergence d’une couche de pauvres comme si c’étaient des parvenus qui – ingrats – ont tourné le dos au Parti des Travailleurs. Mais ces explications ne nous expliquent rien. Si on devait y adhérer, on devrait dire que le lulisme aussi est un phénomène basiquement conservateur, puisqu’au cours des vingt dernières années, le Parti des Travailleurs a gagné cinq élections présidentielles (sur six) : trois avec Lula et deux avec Dilma Roussef.
Le mélange de sens et de non-sens est une vieille histoire. Les fakes news sont importantes non pas parce qu’elles utilisent des mensonges, mais parce que cet usage a acquis une efficacité nouvelle : beaucoup des gens veulent y croire. La complexité du phénomène bolsonariste est liée au fait que ses récits imitent ceux de la gauche. Les théories conspiratoires circulent depuis toujours dans les milieux militants de gauche pour expliquer toutes sortes de situations gênantes comme étant le résultat de manipulations des médias, du système, et enfin de la CIA. Les fascistes se posent comme étant anti-système, leur critique du globalisme est clairement une appropriation des slogans du mouvements « no-global » aussi bien que de la transformation du « néolibéralisme » en quelque chose comme le mal absolu.
Au Brésil, depuis le grand mouvement de juin 2013 et après les grands scandales de corruption, le PT et le lulisme ont fait circuler un festival de récits qui ne sont pas simplement faux, mais mélangent le sens et le non-sens. Ainsi, pour le PT, les manifestations contre la cherté des transports de juin 2013 ont été l’œuf d’où serait né le serpent fasciste. L’impeachment de Dilma Roussef aurait été un coup d’État médiatico-parlementaire. L’opération Lava Jato contre la corruption serait le résultat d’une manipulation nord-américaine pour frapper les intérêts industriels du Brésil. Et ainsi de suite… La catastrophe vénézuélienne n’est pas le fruit du régime autoritaire, corrompu et incompétent de Hugo Chavez (dont le garde du corps et l’infirmière étaient devenus, l’un après l’autre, ministres du Trésor) mais de l’impérialisme yankee.
Le bolsonarisme a repris à son compte tous ces clichés et les a fait circuler à l’envers (et même à l’endroit) : d’une part, en utilisant la vérité du Venezuela et du Nicaragua pour critiquer tous les gouvernements progressistes d’Amérique du Sud et faire circuler la fake new du danger communiste ; d’autre part, pour contrer les dizaines de tentatives d’ouverture d’un procès d’impeachment contre lui-même. Il parlait d’un « golpe2 » monté par les médias et le Parlement. Cela concerne aussi le négationnisme scientifique à propos du Covid-19. Les zombies de gauche des années 1970 proclament « le monde est mort ». Les fascistes reprennent à leur compte ces lamentations : « puisqu’il n’y a plus rien à faire : allons-y, détruisons même ce qui reste ».
Ce qui caractérise le bolsonarisme n’est pas tant le conservatisme que la capacité qu’il a de lui donner une dynamique, de le transformer en un mouvement de masse antisystème : ses militants n’ont pas l’impression de défendre l’ordre constitué, mais la « patrie » devant les menaces que cet ordre et ses institutions représentent. Le bolsonarisme est un fascisme, justement dans la capacité qu’il a eu d’occuper le terrain des mouvements de protestation, comme les « acampadas » (« Ocupar Brasília » est le nom du campement fasciste dans la capitale), la grève des camionneurs, la critique de la corruption et même, l’émeute.
Lignes de force
Le gouvernement Lula doit donc faire face à ces menaces à partir des ressorts qui ont permis sa victoire. Nous pouvons les résumer en trois grandes forces : les biopolitiques ; le contexte international et la question de l’Amazonie ; la défense de la démocratie. C’est autour de ces lignes que se joue le futur de la démocratie au Brésil.
Biopolitiques. Les plus pauvres et les femmes, notamment dans les régions les plus sous-développées du nord-est sont restées fidèles à Lula tout au long de ses déboires avec la justice, et ont constitué le socle dur de sa base électorale. Bolsonaro a bien compris cet enjeu et, dès le début de la pandémie, a mis en place une version turbinée du programme d’aides sociales qui était le porte-drapeau des gouvernements Lula. À cause de son ministre de l’Économie, Bolsonaro n’a réussi à reconduire ce programme que juste avant la campagne électorale : ces efforts expliquent tout de même une bonne partie de ses performances électorales, bien au-delà des prévisions des instituts de sondage. Le résultat indirect est que le nouveau programme de revenu de base pour les plus pauvres est devenu aussi la principale proposition de Lula : dès avant l’installation de son gouvernement, il a fait voter une modification des règles budgétaires de manière à pouvoir le mettre en place tout de suite. On a ici deux questions biopolitiques : la première concerne l’horizon plus général des politiques des pauvres, la deuxième est celle de la viabilité à moyen terme de l’inflexion macroéconomique que le nouveau cadre budgétaire implique.
La transformation de la Bolsa Familia en un véritable programme de revenu minimum est sans doute une inflexion extrêmement positive qui montre la capacité que les pauvres ont eu de traverser en diagonale la folle polarisation politique des dix dernières années. Mais l’effort budgétaire que cela implique nécessite d’être régulièrement confirmé de façon virtuose. Sans quoi, c’est le cycle de l’inflation et de la dette qui va se mettre en place. Une partie de cette confirmation doit venir de la mobilisation productive des pauvres que la distribution du revenu entraîne, mais cela n’est certainement pas suffisant. La bataille électorale elle-même nous indique d’autres chemins : la Cour Suprême (STF) a étendu au niveau national la gratuité des transports publics pour que les électeurs puissent se rendre aux urnes le jour du ballotage. Dans un mouvement désespéré, Bolsonaro a envoyé la Police Routière Fédérale (PRF) tenter de limiter l’impact de cette mesure en réalisant des centaines de contrôles des bus – une véritable opération escargot pour empêcher les électeurs d’arriver aux bureaux de vote – dans les régions du Nordeste où se concentre le vote luliste. Si le sabotage bolsonariste n’a pas été suffisant pour changer le résultat final, ce conflit autour du rapport entre gratuité des transports et exercice du droit de vote nous ramène directement au mouvement de juin 2013, qui avait démarré justement comme une lutte pour le billet de transport gratuit (passe livre). C’est de cette même lutte qu’a bifurqué le mouvement chilien de 2019 (el estallido social).
L’Amazonie et une nouvelle gouvernance globale. L’élection de Lula a d’importantes répercussions mondiales. Dès son annonce, sa victoire a été saluée par Joe Biden. Alberto Fernandez, le président de l’Argentine était déjà à São Paulo pour congratuler Lula personnellement. Emmanuel Macron a diffusé publiquement la vidéo de sa conversation avec son pote Lula. Mais l’administration Biden ne s’est pas limitée aux félicitations, elle a agi de tout son poids pour garantir qu’au Brésil ne se répète pas le scénario du 6 janvier 2021 au Capitole. Plusieurs missions ont été réalisées par des officiels de la Maison Blanche, le directeur de la CIA, le ministre de la Défense et le chef du département d’État3. Après le résultat du ballotage, c’était au tour du conseiller à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, d’aller au Brésil, avec à la main une invitation pour une réunion de Lula et Biden dès avant l’investiture.
Bien sûr, le Brésil de Lula peut essayer aussi de redonner une dynamique au Mercosur et aux BRICS. Mais du fait de la guerre de haute intensité déclenchée par Poutine avec l’indifférence chinoise, ce créneau diplomatique promet bien plus de problèmes que d’opportunités. La reprise du Mercosur est inévitable, mais les pays membres traversent des crises assez graves : l’Argentine n’arrive pas à faire circuler sa monnaie ; l’économie vénézuélienne est totalement ravagée. Alors que ces deux dossiers sont aussi importants que complexes, c’est l’Amazonie qui a toutes les chances de jouer un rôle d’ancrage pour une autre forme de gouvernance de la globalisation. L’Amazonie peut donc être l’interzone d’un nouvel horizon d’intégration régionale4.
À la recherche du temps perdu. Si le socle dur du vote lulliste est constitué par les couches les plus pauvres de la population, la victoire n’aurait pas été possible sans l’adhésion à sa candidature de la part de beaucoup d’hommes politiques du centre-gauche et même du centre-droit, à commencer par son vice-président Geraldo Alckmin, ancien gouverneur de l’État de São Paulo et ancien chef de file du courant conservateur du Parti de la social-démocratie brésilienne. La candidature de Lula a ainsi pu compter sur l’appui de l’ancien président Fernando Henrique Cardoso et du gotha des économistes néolibéraux, sans oublier les opinionistes de groupes de média comme Globo.
Parmi toutes les adhésions de poids, il faut en souligner deux : celle de Marina Silva, ancienne ministre de l’Environnement de Lula, ancienne candidate à la présidence contre Dilma en 2010 et en 2014 ; et celle de Simone Tebet, candidate centriste qui a obtenu 4,2 % des voix au premier tour. Les deux femmes ont eu une participation décisive à la campagne de l’entre-deux tour. Silva et Tebet viennent d’être nommées, respectivement, ministre de l’Environnement et de la Planification. Leur participation au gouvernement n’est pas seulement une reconnaissance de leur apport, mais aussi une manière de renforcer le gouvernement avec des femmes indépendantes qui vont être fondamentales dans la lutte contre le fascisme qui est loin d’être résolue.
Or, Marina Silva, ancienne membre du PT et militante des luttes de la forêt, avait tous les atouts pour permettre à une gauche renouvelée de conduire l’inflexion démocratique et écologique que le soulèvement de juin 2013 avait exigé lors des élections de 2014. À l’époque, elle fut l’objet d’une campagne de haine sordide de la part du PT. Le résultat fut une crise économique dont le pays n’est pas encore remis et l’impeachment de Dilma. Le lulisme a récidivé en 2018. Fuite en avant de l’aventurisme : alors que le candidat Lula s’est toujours associé à un modéré (un industriel évangéliste en 2002 et 2006, le leader d’un parti de centre en 2010 et 2014, le leader de la droite du PSDB en 2022), en 2018, le prisonnier Lula a accompagné son candidat à la présidence, Haddad, ancien maire de São Paulo, d’une jeune militante du Parti communiste du Brésil (d’origine maoïste) comme vice-présidente !
Si Marina Silva revient, dix ans après la néfaste campagne électorale de 2014, au ministère qui est le sien, Simone Tebet est devenue ministre de la Planification. Elle se situe donc au cœur d’une équipe économique formée par quatre figures : deux dirigeants du PT et deux dirigeants du centre. Lula a composé un gouvernement avec 37 ministères, hiérarchisés en trois cercles concentriques : le noyau dur contrôlé par le PT, un cercle de ministères symboliques et enfin, un cercle de ministères pour les partis qui doivent composer sa base parlementaire. C’est une construction très délicate, car il reste encore à démanteler une opposition politique radicalisée qui n’attend qu’à se connecter à une vague de malaise social.
L’État contre le marché ?
Le débat sur le budget, dans les deux mois de transition, a déjà opposé de manière assez explicite les économistes néolibéraux aux néo-développementistes dans deux lettres ouvertes polémiques. Derrière ces lettres, les réactions à la baisse ou à la hausse de la place du marché.
Les programmes de transferts sociaux impliquent l’abandon – plus ou moins partiel – de l’actuel ancrage fiscal de la monnaie (un plafond très rigide de dépenses budgétaires dit Teto de Gastos – Toit de dépenses). Le risque ici serait qu’une fois abandonnées les limites fiscales actuelles pour une très bonne raison – le revenu minimum pour les plus pauvres et la reconstruction des politiques publiques ravagées par quatre ans de bolsonarisme – le gouvernement Lula essaie de résoudre les difficultés à venir par une sorte de guerre culturelle entre « l’État » et le « marché ». La monnaie ne peut pas rester sans aucun point de repère : il faut remplacer la rigidité technocratique du plafond de dépenses par d’autres indicateurs, et le problème est justement de constituer ces indicateurs de manière qu’ils ancrent vraiment la monnaie.
Comme le souligne Deleuze dans le premier numéro de Futur Antérieur, la monnaie pose problème quand elle est réduite à un mécanisme totalement séparé de l’agencement collectif hors duquel elle ne peut jamais fonctionner : ceux qui disent que c’est une ressource rare, pensent la monnaie comme un moyen d’échange ; ceux qui disent qu’elle est inépuisable, la pensent comme une source d’endettement. Mais la monnaie agence ces deux dimensions et les transmute sans les éliminer. Ce que l’agencement actif produit c’est la confiance dans la monnaie et dans la société : la chose la plus facile à détruire et la plus difficile à reconstruire.
Ce serait une erreur aussi dramatique que celle qui a coûté la présidence à Dilma si Lula pensait que ce débat d’idées et de techniques pouvait se résoudre par la substitution, aux dogmes interventionnistes, des dogmes néolibéraux. L’opposition est stérile parce que, derrière l’apparence d’un refus de l’économie politique dominante, elle en accepte les dogmes les plus dangereux, parmi lesquels l’idée que l’État et le marché sont réellement deux entités séparées. L’enjeu est, au contraire, de cerner les dimensions communes qui traversent et déplacent le clivage entre le public et le marché. C’est bien là que la monnaie peut jouer un rôle crucial et, en même temps, rencontrer la vitalité sans laquelle elle ne saurait survivre, ni faire vivre. Le revenu de base qui a pris forme au cours de ces années a traversé à la fois la polarisation et le clivage entre les décisions relativement centralisées au niveau étatique et celles relativement décentralisées au niveau du marché. C’est là que la démocratie devient réelle, comme reconnaissance d’un commun qui existe déjà.
Le vrai défi du gouvernement Lula est de traverser cette polarité en diagonale et cela dépendra du niveau de mobilisation démocratique, d’une part, et de politique globale, d’autre part. Cela implique donc le renforcement des institutions, à la fois, contre le fascisme et contre la corruption. La monnaie circule au niveau national mais aussi international. Par exemple, le débat actuel sur le rapport entre taux d’intérêts et déterminants de l’inflation oppose les économistes qui pensent que les causes de l’inflation sont endogènes (une exagération des émissions monétaires face au Covid-19) ou exogènes (la rupture des chaînes de valeur par la politique chinoise de 0 Covid plus la guerre de Poutine).
Dans la crise de la globalisation, devant la menace fasciste, il y a un espace gigantesque pour un devenir-sud de la politique. Lula a la chance de proposer un ancrage macroéconomique nouveau car d’emblée global : il fusionne le revenu de base avec la centralité de l’Amazonie pour l’Amérique du sud et du nord, autant que pour la planète. Mais cela va dépendre d’une rénovation démocratique sans ambiguïtés.
1« America’s Coming Age of Instability », Foreign Affairs, 20 janvier 2022,
2Coup d’État.
3Robbie Gramer, « How Team Biden Tried do Coup-Proof Brazialian’s Elections », Foreign Policy, 28 octobre 2022, https://foreignpolicy.com/2022/10/28/brazil-elections-bolsonaro-democracy-biden
4Cf. Mineure Interzones, Multitudes no 81, hiver 2020.