Archives par mot-clé : littérature

La laïcité répressive. Anthropologie et géopolitique de l’homo laïcus, par et

La laïcité répressive
Anthropologie et géopolitique de l’homo laïcus

Cet article interroge les conditions du renversement actuel des principes libéraux et anti-discriminatoires de la laïcité en leur application répressive : un « méta-laïcisme », au sens où l’on a pu parler d’un métaracisme, avec lequel il a partie liée. Plutôt que dans les instrumentalisations tactiques hétéroclites faites du discours de la laïcité – qui sont une dimension du problème plutôt que son explication –, on interroge ce renversement à partir des conditions historico-politiques d’une constitution matérielle laïque, du développement inégal qui marque sa synthèse historique, et des effets résultants de la crise de son hégémonie. L’issue qui s’en dessine n’est pas seulement hypothétique, mais doublement hyperbolique, appelant un surcroît de luttes émancipatrices égalitaires, mais sur fond d’un non moins nécessaire surcroît de libéralisme politique pour accepter de reconnaître dans les cultures de l’Islam les ressources de forces idéologiques ayant droit de cité dans le champ des affrontements idéologico-politiques.

Repressive Laicism
Anthropology and Geopolitics of Homo Laïcus

This text deals with conditions of the present reversal of the liberal and anti-discriminatory principles of laïcité into their repressive application in the French context : a “meta-laicism”, as one speaks of a meta-racism (they are linked together by the way). I ponder such a reversal, not from the heterogeneous tactical instrumentalizations of the laic discourse (which is more an aspect of the problem than an element of its explanation), but from the historico-political conditions of a laic material constitution, from the unequal development which characterizes its historical synthesis, and from the resulting effects of the crisis of its hegemony. The outcome I suggest here is not merely hypothetical, but doubly hyperbolical : it claims an increase of egalitarian and emancipatory struggles, but on the background of an increase of political liberalism until cultures of Islam would be to recognized as resources for ideological forces having a legitimate place in the field of ideological and political confrontations.

Le Wall Street de nos désirs et de nos désillusions Une poésie comptable, par

Le Wall Street de nos désirs et de nos désillusions
Une poésie comptable
Tant que l’art fera partie du luxe, c’est-à-dire tant qu’il organisera sa rareté par l’effet de sa spéculation intellectuelle, il vivra une croissance infinie. Pour cela, il ne faut pas qu’il y ait d’inflation, c’est-à-dire qu’il faut respecter un certain numerus clausus d’artistes et d’œuvres. Le Wall Street de nos désirs et nos désillusions, c’est justement l’organisation de cette inflation, c’est – dans la continuité de Beuys – affirmer que chacun d’entre nous est capable d’être un artiste. Nous allons bombarder le réel qui nous est fait de tous les réels qui vivent logés en nous pour en faire Le Wall Street de nos désirs et de nos désillusions, une bourse de nos valeurs inscrites dans une symbolique, jouée à la hausse et à la baisse dans un jeu qui va faire monter votre désir et donc armer une révolution dans le sens des saisons.

The Wall Street of our desires and disillusions
Accounting Poetry
As long as art belongs to luxury, organizing its scarcity through intellectual speculation, it will enjoy endless growth. Doing so requires to prevent inflation, to respect a certain numerus clausus of works and artists. The Wall Street of our Desires and Disillusions attempts to organize this inflation, calling for everyone to be an artist. We will bomb the reality made for us with all the realities that live within us, The Wall Street of our Desires and Disillusions will provide a stock exchange where our symbolic values, climbing and falling in turns, will raise your desires and arm a revolution.

Vous avez dit « Démocratie réelle » ?, par

La vague de mouvements sociaux et citoyens apparus en 2011-12 dans plusieurs pays d’Europe et de l’Amérique latine, prenaient souvent comme cible majeure la « sacro-sainte » démocratie représentative et manifestaient une défiance à l’égard du système des partis. Prétendant donner la parole au peuple, la démocratie représentative rend les citoyens passifs, et consigne le pouvoir citoyen à des représentants susceptibles d’être influencés par des partis et, indirectement par les oligarchies dominantes. L’auteur passe en revue différentes pratiques démocratiques en analysant les avantages relatifs qu’elles apportent : démocratie directe, démocratie participative, démocratie délibérative, contrôle citoyen, tirage au sort, et plaide pour une combinaison de ces modalités, récupérant le rôle actif des citoyens. Une version plus développée de ce texte (30 p.) peut être trouvée dans le blog Changement & Société : albanocordeiro@wordpress.com
Did You say “Real Democracy”?
The wave of social and citizen movements observed in Europe and Latin America, in 2011-2012, took, as one of the main targets, the representative democracy, venerated as the democracy by excellence, as well as the party’s system being distrusted. In the name of the people voice, the representative democracy makes citizens passive, and therefore it becomes possible for the dominant forces to influence political activities in order to prevent Alternative. Other democratic practices are possible (direct-participative democracy, “tirage au sort”, citizen control…). The author pleads for a combination of these practices in a way citizens can have an active rule in a stable political structure.

Le face-à-face citadins/nature, par

La critique d’art et l’Afrique – Pensées pour un nouveau siècle, par

« À l’époque, j’avais pris ce que beaucoup considèrent comme une position pure et dure, intransigeante, en faisant valoir que les questions de l’état de la critique d’art en Afrique devaient être laissées aux Africains. Je pensais également que cette entreprise devrait être menée, idéalement, en Afrique. Alors, l’idée même de discuter de la critique d’art et de l’Afrique, à Londres ou à New York, ne me semblait pas particulièrement appropriée. Elle ne me le semble toujours pas. » Cette conférence prononcée en 1996 par l’artiste, historien de l’art et commissaire nigérian Olu Oguibe, devant la Conférence de l’Association Internationale des Critiques d’Art, à Londres, esquisse un état des lieux prospectif pour la critique d’art africaine.

Art Criticism and Africa
Thoughts toward
a New Century

“At the time, I had taken what many saw as a hardline, uncompromising position in arguing that the business of the state of art criticism in Africa should be left with the Africans. It was my opinion, too, that this business is one that ideally should be conducted in Africa. The very idea of discussing art criticism and Africa in London or New York did not seem particularly appropriate to me then. Neither does it now. It is, I believe, a reflection of the sad state of that continent and its leaders that five years on it has fallen on us again to speak about art criticism and Africa outside the continent.” Olu Oguibe. Keynote speech delivered at the International Association of Art Critics Conference, Courtauld Institute, London, November 1996.

L’Art Society et la construction du modernisme postcolonial au Nigeria, par

Cet article se concentre sur le travail de l’Art Society, groupe artistique formé au Nigeria (1957-1961), comme première manifestation significative d’un modernisme postcolonial, envisagé comme ensemble d’attitudes formelles et critiques adoptées par les artistes africains et noirs à l’aube de l’Indépendance politique du Nigeria. L’Art Society a souligné l’importance des ressources artistiques locales dans la réalisation d’un travail résolument moderniste, modèle esthétique qu’il a théorisé sous le nom de synthèse naturelle. La logique sous-jacente à la synthèse naturelle était basée sur la notion dialectique de réconciliation entre deux esthétiques opposées (les traditions de l’art africain et de l’art occidental). Quoique typique de l’avant-garde du début du xxe siècle, la synthèse naturelle n’était ni un appel à une rupture totale avec la tradition coloniale, ni une déclaration de rejet par l’artiste de la modernité occidentalisée en retournant à une culture indigène authentique et imaginaire.

The Art Society and the Making of Postcolonial Modernism in Nigeria
This essay focuses on the work of the Art Society – a group formed by art students at the Nigerian College of Art, Science, and Technology, Zaria (1957-61) – and suggests that the work of its key members in the 1960s was the first significant manifestation of postcolonial modernism in Nigeria. Postcolonial modernism, the essay argues, refers to a set of formal and critical attitudes adopted by African and black artists at the dawn of political independence as a countermeasure against the threat of loss of self in the maelstrom unleashed by Western cultural imperialism and its aftermath. In defining their relationship with European and African artistic heritages, the Art Society and other postcolonial artists emphasized the importance of local and indigenous artistic resources in the making of their decidedly modernist work. The essay details the convening of the postcolonial literary and artistic avant-garde at the Mbari Artists and Writers Club, Ibadan, Nigeria, in the early 1960s and claims that their modernism was directly linked to the practice and rhetoric of political and cultural decolonization and sovereignty.

Multitudes