Transmettre son nom c’est labelliser les siens,

La grossesse leur échappe, comment marquer  le  lien ?

Depuis la nuit des temps la femme est  un  temple,

L’homme tourne autour, s’interroge, la  contemple.

Quels sont ces neufs mois qui le font si petit,

la menace de n’être rien quand arrive le fruit?

Les lances, les couteaux n’y peuvent rien.

La femme porte demain.

Comment compenser pour diriger le lien ?

Orthographe masculine pour un bon nombre  de mots,

S’approprier les lettres pour garder le  troupeau.

La femme rajoute un « e » pour être son  complément,

Dans une lutte sémantique qui marque les  éléments.

Absence de féminin dans certains métiers,

Au pays des conjugaisons la femme est  le  premier immigré.

La maintenir au foyer pour construire l’horizon,

C’est la réponse trouvée pour garder la raison.

Puisque le cordon ombilical leur échappe,

Il faut le couper pour gagner cette étape.

Dans une course sans frein, l’homme sème, la  femme recueille.

Elle fait le tri, pendant qu’il remplit son orgueil.

Annexer les terres, la rendre redevable,

Pour la faire taire il la met confortable.

Mais quand celle-ci sort, aspire à la liberté,

Il essaie de maintenir certaines inégalités.

Car il en est une depuis la nuit des temps,

L’homme quoi qu’il fasse ne portera pas  d’enfant.

Il fera des grands murs, urinera dans les coins.

C’est une fragile armure qui protège le pain.

Quand les femmes arrivent à le rendre inutile,

Il peut devenir violence, aux regrets infantiles.

Redevenir soldat, jaloux de la nature,

De n’accoucher de rien, d’être une  trace  immature.

Les armes sont plus lourdes, les  mots deviennent tendance,

Tout le monde a peur de son indépendance.

Alors on consomme pour décorer sa grotte,

Un intérieur moelleux et le piège qui conforte.

L’antre remplace le ventre, tous dans la  même  enceinte,

Voilà l’homme rassuré d’apposer son  empreinte.

Mais certaines femmes aspirent à autre chose que ses voiles,

Pour barrer leur navire sous la route des étoiles.