Un ami parisien m’a raconté être allé passer le confinement dans la maison de famille où il va régulièrement passer ses vacances, depuis des décennies, en Lozère. En y arrivant, il s’est aperçu avoir été contaminé par le coronavirus. Après quelques jours de calvaire, il s’en est remis sans séquelle, et a passé le reste du confinement en plaisantant avec ses voisins, non sans sentir parfois – rarement – peser sur lui et ses proches quelques regards de suspicion.

Au moment de déconfiner, il revient travailler à Paris – pour recevoir quelques jours plus tard un coup de téléphone lui annonçant qu’un incendie avait brûlé sa maison de famille, dont le toit était entièrement calciné. Et que, sur la base des premières observations, une enquête pour incendie criminel avait été ouverte par la police.

Le Covid et sa menace de mort déchaînent les pulsions exclusives et destructrices, que les gouvernements viennent parfois conforter. En Inde, les intégristes hindous du BJP, actuellement au pouvoir, désignent les musulmans comme les responsables de l’infection. Quand il s’agit des Rohingas, on brûle aussi leur maison.

Au Kurdistan syrien, l’armée turque d’Erdogan reprend ses offensives et son vœu d’épuration ethnique. En limitant l’approvisionnement en eau, la Turquie a tenté d’empêcher les populations kurdes d’honorer les instructions sanitaires d’urgence.

À l’intérieur des frontières d’Israël, le virus constitue un parfait allié pour les autorités militaires qui rendent le territoire toujours plus inhabitable pour les Palestiniens. Là aussi la distribution de l’eau est un enjeu essentiel. Et les mesures sanitaires entravent les solidarités locales entre Palestiniens, ainsi que l’emploi des Palestiniens par les Israéliens.

En Lozère, on allume un incendie par xénophobie intra-nationale, comme on l’a déjà fait dans les bidonvilles de Roms en région parisienne.

Tout cela au nom d’une pureté de la race à préserver alors que les nationaux sont tous et toutes issues de mélanges pluriséculaires. La peur devant un virus, ou quoi que ce soit d’autre, est toujours mauvaise conseillère. La crise sanitaire a développé heureusement de nouvelles solidarités.

[voir Solidarités]