97. Multitudes 97. Hiver 2024
Majeure 97. Frontières/lisières

La « jungle » de Calais
Quelle géopsychique du sujet en situation de frontière ?

et

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En 2016, au plus fort de la crise de laccueil des réfugiés en Europe, Elise Pestre, psychanalyste et maîtresse de conférences à lUniversité Paris Cité, participe à une recherche transdisciplinaire qui a comme terrain le « territoire-symptôme » de la « Jungle » de Calais et de quelques autres « zones-frontières ». En 2022, elle publie La vie dans la jungle aux PUF, ouvrage dans lequel elle rend compte de son expérience de psychanalyste plongée dans lépaisseur de la frontière.

Dans ces « espaces-camps », hors-lieu et hors-temps, lÉtat impose une frontière prétendument infranchissable tout en laissant hors de sa protection les exilés qui sy heurtent. Proposant une écoute psychanalytique à ces sujets déterritorialisés, Elise Pestre sinterroge sur ce que lexpérience de la frontière vient agir dans les subjectivités, décrivant comment les symptômes individuels sarticulent aux symptômes du politique. Elle mobilise la notion de frontière dans son ambivalence, dévoilant ses parts de destructivité mais aussi les potentialités de débrouillardise et de créativité quelle contient. La frontière devient alors aussi un impératif éthique et épistémologique, celui dune juste distance à trouver dans le rapport à lautre et dun savoir coconstruit nécessairement transdisciplinaire.

Guillaume Wavelet : Comment pourriez-vous définir ce quest la frontière, à la fois en tant que psychanalyste, psychologue clinicienne engagée auprès des personnes exilées et enseignante chercheuse collaborant avec différentes disciplines, mais aussi en tant que citoyenne ?

Élise Pestre : La frontière est un terme complexe, qui recèle une polysémie vertigineuse et une dimension heuristique, on peut décliner sa définition depuis une multitude d’angles. Je dirais qu’en tant que clinicienne, chercheuse et psychanalyste, j’appréhende cette définition en me référant à la situation de frontière dans son acception géopolitique et au réel du terrain, mais aussi en me référant de manière plus imagée à l’épaisseur de la frontière, comme le formule Hintermeyer. Ce qui m’intéresse, c’est ce que la frontière fait au sujet, au sujet de l’Inconscient. Ici, j’entends la frontière au sens matériel, celle qu’on a côtoyée à Calais, matérialisée par des murs et des barbelés, qui séparent des territoires. Je suis partie de cette matérialité de la frontière, pour aller ensuite vers les frontières psychiques, celles dont Freud parle à propos des lieux du psychisme, des frontières plus imaginaires. J’ai essayé de dialectiser la thématique de la frontière géopolitique et géographique, avec la frontière psychique, pour élaborer une géopsychique du sujet.

G. W. : Avec la question de la frontière, on se situe demblée dans une représentation spatiale. Or vous citez Anne-Laure Amilhat Szary, qui propose de redéfinir la frontière non pas comme une limite spatiale mais comme un processus. Quest-ce qui vous a inspirée dans cette idée ?

E. P. : C’est vrai que lorsqu’on pense la question de la frontière, d’autant plus d’un point de vue psychanalytique, on fait face à un point de butée. La métaphore spatiale qu’a proposée Freud donne presque l’impression qu’il y a des guerres entre les instances psychiques. C’est inspirant, et je dirais presque confortable, parce qu’on trouve alors un écho évident entre le psychique et le géopolitique. Mais tout de même, cette métaphore spatiale risque d’enlever de la consistance au concept de frontière, comme le dit Edoardo Weiss dans sa préface à La psychologie du Moi de Paul Federn. Cette difficulté m’a amenée à aller du côté de la géographie, notamment l’école de Grenoble, et en particulier Amilhat Szary. Elle reprend la notion de front, avec l’idée d’un ennemi voisin. La frontière est pensée comme une zone conflictuelle, où il y a nombre d’interactions sociales, pas forcément uniquement du côté de la destructivité, mais en tant qu’espace de négociation. Il y a là un autre écho avec la psychanalyse, qui pense le conflit comme quelque chose de nécessaire, rendant possible le lien à l’autre. Sarah Mekdjian, également géographe, dit qu’on peut habiter la frontière de manière vivante ou mortifère. J’ai presque envie de dire qu’on peut l’habiter de manière vivante et mortifère. Avec le côté versatile de la frontière, on n’est pas forcément l’un ou l’autre, on est l’un et l’autre. Il y a des interactions très nourricières, très fécondes, et à d’autres moments il y a des dérapages, des tensions graves et de la destructivité.

G. W. : La frontière convoque beaucoup de termes et dimages, par exemple celle de lisière, travaillée par Emmanuel Hocquard, en tant quune zone tierce et intermédiaire, hors de tout territoire. On peut aussi penser à la notion de liminalité, de seuil, en écho avec le projet ANR Liminal. Comment avez-vous navigué entre toutes ces images sans vous perdre dans le « labyrinthe polysémique » de la frontière, comme vous lappelez dans votre livre ?

E. P. : La notion de frontière est suremployée aujourd’hui, tant et si bien qu’on risque de s’y perdre. En psychanalyse, on parle de sujets borderline, d’états-limites, mais aussi de frontière dans le genre, etc. Pour explorer la polysémie de ce terme, les travaux du philosophe Sébastien Conry m’ont aidée ; ils m’ont notamment permis de définir les notions connexes de bord, barrière, limite. Cette dernière sépare des espaces hétérogènes tandis que la frontière sépare des espaces plus homogénéisables. La lisière est assez poétique et m’évoque les paysages normands avec ses bocages, il y a une séparation des champs avec les forêts par exemple, qui n’est pas faite de barbelés et témoigne d’une limite moins abrupte délimitatrice de parcelles. La lisière était aussi un cordon attaché autrefois aux vêtements des petits enfants pour les soutenir quand ils commençaient à marcher. C’est intéressant cette étymologie parce que la lisière, c’est ce qui sert à soutenir, à retenir, à guider, mais finalement, ça renvoie aussi à la mise sous tutelle de quelqu’un. Il y a quand même cette idée de guider, retenir. Or à la frontière, tout peut arriver, plus aucun guide n’est valable. De son côté, Lacan a introduit le signifiant littoral pour explorer les dimensions du dedans-dehors du sujet, qui, à la manière d’une bande interface, se structure via la construction de limites identifiantes dans son rapport à l’Autre. J’aime aussi beaucoup ce terme mais j’ai choisi dans mes travaux de recherche celui de frontière dans la mesure où la versatilité qu’elle sous-tend ouvre à la dialectisation, à la conflictualisation. L’épaisseur de la frontière fait aussi écho à la conception freudienne du Moi comme être de frontières, virtuellement ancré à la frontière entre la psyché et le corps, entre le monde interne et la scène externe, entre le conscient et l’inconscient, faisant valoir que la vie psychique advient dans sa rencontre avec l’environnement, les interactions avec les autres. Ce terme renvoie tout autant à la frontière géopolitique et matérielle, si difficile à franchir, avec laquelle le sujet doit lutter s’il veut parvenir à accéder au territoire désiré, qu’à son versant plus interne qui, à la manière de la peau, implique une porosité à l’environnement. La frontière est un concept fondamental qui se situe à la croisée de différents champs disciplinaires.

G. W. : À partir du terme de frontière, vous évoquez la transdisciplinarité, comment concevez-vous cette approche transdisciplinaire inhérente à votre travail ?

E. P. : Je dirais que ça répond à la fois à une nécessité et à un désir de travailler en collectif, et de penser la question migratoire à plus d’une épistémê. En 2016, après la vague migratoire qui a eu lieu à la suite du conflit en Syrie, nous avons créé un mouvement spontané de chercheurs que nous avons appelé Refugees Welcome. Nous avions la volonté de travailler ensemble, depuis nos disciplines différentes. Peu après, certains d’entre nous se sont déplacés sur les terrains des « jungles » dans les Hauts de France et ont coordonné des petits groupes de doctorants. Marie-Caroline Saglio Yatzimirsky et Alexandra Galitzine Loumpet ont coordonné un groupe axé sur l’anthropologie et les langues. J’ai coordonné le groupe « soins psychiques », et il y avait aussi un petit groupe de sociologues. Des échanges ont pu se produire entre tous, même s’il y avait des différences parfois importantes dans nos façons de faire de la recherche. On a vu sur le terrain comment les anthropologues travaillaient d’une manière très différente de la nôtre. Il nous a semblé qu’ils faisaient corps avec ce qu’ils vivaient, ils entraient en lien avec les exilés en allant parfois jusqu’à les aider sur certaines tâches concrètes. Nous, les psychologues chercheurs, trouvions cela périlleux parce qu’on avait l’impression qu’il n’y avait plus de limites, de bornes, de garde-fous. C’était passionnant ces différences ! Mais nous étions embarqués aussi, en tâchant d’entrer en interaction de manière peut-être plus retenue, avec la volonté de maintenir quelque chose d’une neutralité, une posture clinique qui intègre la non-symétrie comme un aspect fondamental de l’activité de clinicien. C’est intéressant de voir comment des épistémologies différentes construisent des modalités de rencontre différentes. Et là aussi dans les liens qui se créaient se posait la question des limites entre les disciplines : jusqu’où peut-on se déplacer au sein de sa propre épistémologie en situation ethnographique ? Qu’est-ce qu’on vient chercher dans cette situation collective de grande précarité, qu’est-ce qu’on fait là, pourquoi on s’autorise à venir ici ? Finalement c’est la question du cadre épistémique auquel on va se référer, d’une éthique de la recherche et de la relation à l’autre en tant que le sujet exilé habite une situation de grande vulnérabilité. Pour éviter que ça déborde et dérape dans les interactions, il faut s’étayer sur une éthique du soin extrêmement solide. C’est important de tenir un cadre et de garder une limite, bordante et constante, de tenter de maintenir une certaine distance bienveillante avec les sujets rencontrés qui permet de ne pas être invasif et de respecter ce que la personne exilée veut nous dire et ne veut pas nous dire. C’est de tout cela dont nous parlions pendant les temps de débriefing entre les différentes équipes. Les travaux de Marie Cuillerai sont éclairants à ce sujet. Elle invite à ouvrir une discursivité étrangère à soi et de substituer une dynamique de lotherness à la logique de l’identique à soi. En tant que citoyenne française, formée en France, enseignant et faisant de la recherche en France, dans cette situation de zone-frontière j’ai eu besoin de me « frotter » à d’autres formes de savoirs, et d’aller vers l’étranger, au sens littéral d’aller à la rencontre de l’étranger du national, mais aussi dans le sens d’aller au-delà des limites de mes propres références et de ma discipline. Il s’agit de travailler à ce qu’Octave Mannoni appelle la décolonisation de soi, y compris au niveau de ses propres savoirs disciplinaires. Sur le terrain, il y a des discussions et des échanges inter et transdisciplinaires qui s’ouvrent. Et puis à d’autres moments, ça se referme, notamment à l’occasion des échanges très académiques, où les savoirs se font face comme des blocs les uns par rapport aux autres ; il y a rarement un tissage, une rencontre féconde dans le sens d’un effet de l’un sur l’autre, d’un tissage qui se produit, alors même que la transdisciplinarité est si nécessaire pour penser certaines situations à la limite ! Par exemple, les catégories sociologiques de migration involontaire versus volontaire, nous les nuançons avec la psychanalyse. On voit bien que parfois il y a des désirs d’exil qui étaient là avant même la migration dite « involontaire » du sujet, qui a fui la guerre par exemple ; une personne avait déjà parfois fantasmé de quitter son pays avant même cette guerre. Au niveau psychique et relationnel, on ne peut pas se restreindre à des catégories comme celles-là ; à mon sens ce type de discours catégorisant recèle des points aveugles. La sociologie, qui aujourd’hui porte un discours médiatiquement majoritaire, méconnaît parfois cette dimension singulière, le propre de chacun qui ne peut pas être massifié. Il en fut autrement à une certaine époque pas si lointaine, c’était au contraire le discours psychanalytique qui avait cette place de discours hégémonique. Peut-être qu’en ayant une position dominante, un savoir éprouve moins la nécessité de se transdisciplinariser ? Quoi qu’il en soit, je pense qu’une seule discipline ne peut pas éclairer la condition migratoire du sujet en situation de frontière géopolitique. Alors comment éviter que les frontières disciplinaires ne se clôturent ? Il y a une nécessité de rester humble, d’aller vers d’autres outils conceptuels et de se mettre en situation d’inventivité et de créativité, ensemble, entre chercheurs mais aussi avec les acteurs directement concernés par la vie en transit, pour tisser ensemble et créer des savoirs nouveaux, en mouvement.

G. W. : Quest-ce que lexpérience de la frontière, ce « territoire symptôme », fait à la psyché et quest-ce qui se passe quand on pénètre dans son épaisseur ?

E. P. : Les espaces frontaliers provoquent des remous internes, ils agissent le sujet, ils l’altèrent, pas uniquement du côté de la destructivité, aussi du côté du vivant. Par ailleurs, chez les professionnels ou bénévoles rencontrés en situation de frontière, la tendance unanime était que vole en éclat la neutralité. Les bénévoles étaient très touchés et absorbés eux aussi par l’épaisseur de la frontière, par ce qui leur arrivait dans cette situation, ils se donnaient corps et âme parfois, comme s’ils devenaient responsables de ce qui se passait là. On voyait des personnes rentrer dans un état d’altération subjective importante et se donner, se sacrifier jusque dans leur corps propre, à l’autre, comme pour le sauver. Certains policiers entraient quant à eux dans un mouvement spéculaire avec les exilés, se sentant parfois eux-mêmes déracinés. Il faut savoir qu’ils sont envoyés sur ces zones-frontières mais habitent loin ; ce sont de jeunes hommes en général, qui se trouvent eux-aussi comme déterritorialisés. Il y avait quelque chose d’assez impressionnant qui se jouait en miroir entre ces deux « camps » à priori hermétiques. Et justement en situation de frontière il y a des rencontres humaines qui se produisent, à l’insu des uns et des autres. Il y a une émulation collective, comme si cet espace, ce hors-lieu avait le pouvoir d’irriguer les liens, parfois de déchaîner la pulsion – de vie et de mort – en chacun. Tout y est un peu plus extrême. Giorgio Agamben parle des lieux d’exception, ex-capere, avec un en-dehors de la loi, on est dans l’hors-nomos, où tout devient possible, il n’y a plus de régulation. Cet état d’exception agit les subjectivités, à leur insu, d’une manière ou d’une autre ; quelque chose se passe. On pourrait dire aussi qu’avec la vie dans les campements en situation de frontière, là où sévit la ségrégation, les sujets sont contraints de s’adapter, de recourir à une inventivité salvatrice, un bricolage constant qui devient un impératif à la survie. C’est dans ce sens que la mètis grecque me semble conceptuellement intéressante ; elle renvoie à un espace de jeu et de créativité et se situe du côté de la ruse et de la sagesse. Cette question de la débrouillardise est centrale, tout le monde bricole et développe des stratégies de sur-vie, on pourrait dire qu’on est du côté de l’ultra-vivant. Les passeurs par exemple, peuvent être très ingénieux, certains sont parfois eux-mêmes des exilés en transit qui, du fait de l’impossibilité d’accéder à un territoire sauf, finissent eux-mêmes par devoir survivre et ainsi accompagner des exilés à tenter la traversée. C’est un peu facile, comme dans le discours de certains hommes politiques, d’opposer les bons et les méchants. Si les passeurs en arrivent là, c’est parce qu’ils ont besoin de manger, c’est avant tout un moyen de se débrouiller, de survivre ; ils sont comme acculés par l’État, qui se dégage de tout accueil, à entrer dans la ruse, malfaisante parfois. Dans ces conditions extrêmes, on a aussi affaire à des tableaux cliniques préoccupants, parfois juste éphémères ou qui vont s’inscrire dans le temps. Le territoire symptôme de la frontière, ce symptôme du politique qui empêche une véritable hospitalité, alimente le symptôme individuel qui n’avait pas éclot jusqu’alors, qui était très refoulé ou qui était simplement inexistant. La vie en transit favorise des troubles à la frontière avec l’éclosion de nouvelles symptomatologies. Le symptôme du politique vient titiller le symptôme individuel. Quelque chose va alors se mettre à circuler entre les deux, le symptôme du sujet vient répondre comme il peut au symptôme du politique, et l’agir. J’ai observé ces moments d’exaltation, d’agitation où le sujet doit déployer une activité intense, se mettre en mouvement, et de l’autre côté, des moments d’écroulement qui ont à voir avec la dépression, voire la mélancolie dans des cas plus graves, un abattement où le sujet devient très passif, position renforcée par ce qu’il vit : il doit attendre pour se doucher, attendre pour manger quand il n’a rien, attendre tout le temps. J’ai aussi repéré que beaucoup étaient envahis par des vécus paranoïdes, voir paranoïaques, notamment à l’occasion du démantèlement orchestré par l’État. Là, une personne comme Aymar, un jeune à qui j’ai consacré un chapitre de mon livre rencontré à Calais, a pu nous donner à voir comment dans ce contexte de destruction du camp qui était très angoissante, on observait une flambée des idées de persécution et des attitudes de type revendicatrices. On perçoit ainsi la grande tension entre d’un côté une omniprésence des frontières extérieures, réelles, physiques, et d’un autre côté un abrasement des frontières internes qui protègent normalement le sujet. C’est là encore souvent très conjoncturel, c’est-à-dire qu’en reprenant une vie « à peu près normale », j’ai observé cliniquement que les idées persécutrices s’estompaient. Enfin, certains exilés, présentaient un tableau psychotraumatique, des traumatismes aigus, extrêmes, qui se reliaient à des vécus antérieurs de tortures mais aussi résultant des violences dues à la traversée des frontières, aux violences policières pour certains.

G. W. : Dans cette situation de frontière, quel soin peut-on apporter ? Quelles sont les « praxis inventives » que vous avez rencontrées et comment reconstruire une hospitalité dans lécoute clinique ?

E. P. : Au regard des troubles à la frontière qui émergent dans ce contexte particulier et qui sont heureusement souvent transitoires, que proposer aux sujets ? On est allés à la rencontre des professionnels, de manière à dresser un état des lieux du soin psychique sur place. Il y avait à la fois des dispositifs « en dur », des PASS, des lieux établis par l’État, et puis d’autres lieux plus éphémères, plus mobiles. On s’est rendu compte que c’étaient ces lieux-là qui étaient souvent les plus féconds. Dans les maraudes, on a rencontré des personnes très inventives, avec un principe d’aller vers l’autre, qui permet de sortir du sillon. Je pense à un jeune psychologue qu’on avait rencontré et qui avait créé une petite boîte à outils, avec des mots clés pour rencontrer les exilés dans des langues différentes, et des cartes pour dessiner la trajectoire du parcours migratoire. Ce qui est fécond dans ces espaces-là, c’est l’utilisation de médiations, les cartes, le dessin, le jeu. On emprunte des chemins de traverse pour éviter l’entité figée d’un soignant qui détiendrait un savoir sur l’autre. Les rencontres à la frontière mettent en crise le cadre du psychologue clinicien. Il doit créer un cadre souple mais toujours contenant pour permettre une vraie rencontre. C’est à cette condition qu’une véritable hospitalité symbolique peut être offerte au sujet en quête d’un lieu sécure.