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Logistique de la « dématérialisation », par

Le boum de la philanthropie, par

Le boum de la philanthropie
À la suite des États-Unis, où le don a été façonné par les milliardaires comme produit financier de rêve et acte de satisfaction morale, les classes moyennes françaises donnent de plus en plus à des associations d’intérêt général. Le financement privé par le mécénat populaire connait un véritable succès de marketing, que l’on peut qualifier de « marketing social ». Mais, parallèlement au développement du mouvement associatif, on assiste, depuis les années 90, à l’émergence de nouveaux samaritains, véritables despotes éclairés : les fondations. À côté des donateurs charitables de la société civile, le donateur philanthropique se positionne entre l’action de l’État-providence et les organismes paritaires chargés de porter l’intérêt général. Leur puissance leur permet de redéfinir cet intérêt général à leur profit. Le boum de la philanthropie est donc lié à une certaine incapacité de l’État-providence, grand redistributeur central, à étendre sa couverture à tous les citoyens, et surtout, aux causes lointaines. Un avenir radieux est donc promis à la philanthropie.

The Boom of Philanthropy
Following the United-States, where philanthropy was shaped by billionaires as a dream financial product and an act of moral satisfaction, the French middle classes increasingly donate to associations of general interest. Private sponsorship through popular philanthropy is a marketing success, which can be described as “social marketing”. But, parallel to the development of the associative movement, we have witnessed, since the 90s, the emergence of new Samaritans, real enlightened despots: the foundations. Next to the charitable donors of civil society, the philanthropic donor is positioned between the policies of the Welfare State and the joint bodies in charge of the general interest. Their power allows them to redefine this general interest to their advantage. The boom of philanthropy is thus linked to a certain incapacity of the Welfare State, the great central redistributor, to extend its coverage to all citizens, and especially to distant causes. A bright future is promised to philanthropy.

L’entreprise à mission et ses partenaires, par

L’entreprise à mission et ses partenaires
La crise de 2008 est une crise de gouvernance des entreprises, notamment des banques, qui, pour faire des profits élevés, sont allées jusqu’à compromettre leur existence. Comment faire en sorte que l’entreprise ne soit pas seulement préoccupée de maximiser le cours de l’action, alors que jusque dans les sciences sociales, elle est réduite à cela ? L’entreprise est apparue à la fin du XIXe siècle pour révolutionner la vie quotidienne grâce aux découvertes scientifiques. L’entreprise est une association de partenaires dans une création collective de modes de vie, dont les partenaires financiers, mais aussi les ingénieurs, les consommateurs, le personnel. Il faut refonder l’entreprise et qu’elle se donne une mission qui exprime son projet à long terme et à laquelle souscrivent les actionnaires.

The Mission-based Company and its Partners
The 2008 crisis was a crisis in company governance, most notably banks which, lured by the hope of high profits, went as far as risking their very existence. How can companies be made to set other ends for themselves than the mere maximization of their shares, when everything reduces them to that sole objective, including within the social sciences? From the end of the 19th century, they emerged to revolutionize daily life thanks to scientific discoveries. They consist in an association of partners within a collective creation of new modes of life. They need to be re-conceived around a mission that expresses their long-term project in agreement with their shareholders.

La démocratie comme enquête et comme forme de vie, par

La démocratie comme enquête et comme forme de vie
La notion de forme de vie se retrouve aujourd’hui dans des contextes théoriques divers – Théorie critique, Wittgenstein, biopolitique, étude des styles et anthropologies de la vie. Elle permet de penser de nouvelles formes de critique et d’éthique dans un monde touché par le changement global et la radicalisation des inégalités sociales, sanitaires et environnementales. Au-delà de la vulnérabilité des formes de (la) vie humaine, apparue en situations de désastre ou de dénuement, le concept de formes de vie s’est également développé à l’articulation du social et de la vie pour décrire les diverses façons de faire inventivité et créer de nouvelles formes de vie. Cette présentation vise à rendre compte de la transformation en cours que signale cet usage dans des domaines tels le travail, la critique sociale ou l’innovation démocratique et les lieux où s’expérimentent de nouvelles formes de vie démocratique.

Democracy as an investigation and a form of life
The notion of form of life is actually found in various theoretical contexts – Critical Theory, Wittgenstein, biopolitics, study of styles of life and anthropology of life. It makes possible to think of new forms of criticism and ethics in a world affected by global change and radicalization of social, health and environmental inequalities. Beyond the vulnerability of the forms of (the) human life, sprung in situations of disaster or bareness, the concept of forms of life has also developed at the articulation of the social and the life, to describe the various ways of doing inventiveness and creating new forms of life. The purpose of this presentation is to report on the ongoing transformation of the use of this concept in areas such as work, social criticism or social innovation, as well as place where new forms of democratic life are experimenting.

Géopolitique des masses, par

L’hétéromation, par et

L’hétéromation
La numérisation de l’économie –  comme de la vie quotidienne  – a transformé la division du travail entre humains et machines, versant beaucoup de gens dans du travail qui est à la fois caché, mal payé ou accepté comme incombant à « l’usager » de la technologie digitale. À travers clics, balayages, connexions, profils, emails et courriers, nous sommes les participants plus ou moins volontaires à des pratiques digitales dont la valeur profite à d’autres, mais peu ou pas à nous. Hamid Ekbia et Bonnie Nardi nomment hétéromation ce type de participation : l’extraction de valeur économique au moyen de travail pas cher ou gratuit caché sous des apparences d’automation algorithmique. Ils explorent ici les processus sociaux et technologiques par lesquels la valeur est extraite du travail numérisé.

Heteromation
The computerization of the economy—and everyday life—has transformed the division of labor between humans and machines, shifting many people into work that is hidden, poorly compensated, or accepted as part of being a “user” of digital technology. Through our clicks and swipes, logins and profiles, emails and posts, we are, more or less willingly, participating in digital activities that yield economic value to others but little or no return to us. Hamid Ekbia and Bonnie Nardi call this kind of participation—the extraction of economic value from low-cost or free labor in computer-mediated networks—“heteromation.”

Afrocomputation, par et

Afrocomputation
L’explosion des usages des techniques de communication en Afrique puise ses racines dans l’imaginaire pré-colonial, qui portait sur l’extension du monde au-delà du perceptible, du corporel, du conscient. Dans cette cosmogonie, les objets techniques et artefacts étaient doués d’une vitalité qui en faisaient des interfaces, des seuils à transgresser pour accéder aux horizons infinis de l’univers, dans une sorte de transmutation. Le téléphone portable et Internet parlent à l’inconscient archaïque et aux mémoires techniques des sociétés africaines, leur permettant de passer sans transition de l’âge de pierre à l’âge numérique. L’Afrique était déjà numérique à une époque pré-numérique, car les sociétés africaines se sont constituées par la circulation et le mouvement, inscrits dans les mythes africains de l’origine. Qui dit migration dit expérience de la nouveauté, plasticité permanente, extension du possible. Cette souplesse et cette aptitude à l’innovation constante, c’est aussi l’esprit d’Internet et du numérique.

Afrocomputation
The explosion of uses of communication techniques throughout Africa has roots that go deep into the pre-colonial imaginary, which extended its world beyond the perceptible, the corporeal, the conscious. In this cosmogony, technical objects and artefacts were endowed with a vitality generating interfaces, thresholds to transgress in order to reach the universe’s infinite horizons. Smartphones and the Internet speak to this archaic unconscious as well as to the technical memories of African societies, allowing them to move without transition from the stone age to the digital age.Africa was digital before the digital age, as African societies were constituted by circulation and movement, written in the myths of origins. Migration means a readiness to experience novelty, permanent plasticity, extension of the possible. This subtle aptitude constantly to innovate also animates the spirit of the Internet and of the digital.

Le stade esthétique de la production / consommation et la révolution du temps choisi, par

Le stade esthétique de la production /consommation et la révolution du temps choisi
À partir d’une relecture de quelques textes de Jean Baudrillard, l’article retrace les étapes de l’élargissement du paradigme du travail au temps prétendument « libre » des loisirs, devenu un pilier essentiel de l’économie contemporaine et du « capitalisme artiste ». Après une discussion de L’esthétisation du monde de Gilles Lipovetsky et Jean Serroy, la lecture d’André Gorz permet d’envisager une sortie des paradoxes et de l’appauvrissement de l’expérience entraînés par le lien indissociable entre « temps de travail » et « temps des loisirs » (tous les deux contraints), dans la perspective utopique (mais désormais concrètement réalisable) d’une « révolution du temps choisi ».

The Aesthetical Stage of Production /Consumption and the Revolution of Chosen Time
Starting from a re-reading of some of Jean Baudrillard’s texts, the paper redraws the stages of the extension of paradigm of the work to the allegedly “free” time of leisure activities, which is becoming an essential pillar of the contemporary economy and of “artist capitalism”. After a discussion of Gilles Lipovetsky and Jean Serroy’s “Aesthetization of the World”, a reading of André Gorz’s work allows us to envisage an exit of the paradoxes and impoverishment of the experience pulled by the inseparable link between “working time” and “leisure time”, in the utopian prospect (but from now on concretely achievable) of a “revolution of chosen time”.

Multitudes