Pourquoi s’intéresser encore au patriarcat ? Ne nous dit-on pas partout que le pouvoir des pères est en crise ou en voie de disparition ? Existe-t-il vraiment encore une actualité critique du patriarcat ?

Après #MeToo et l’affaire Weinstein, les manifestations organisées par NousToutes, le patriarcat s’exprime toujours par les violences faites aux femmes (harcèlement sexuel, viol, féminicide). Pourquoi le patriarcat est-il encore là après les luttes féministes des années 70, après l’application de la parité, après les lois contre les discriminations ? Selon Gilligan et Snider, « le patriarcat se définit comme une culture fondée sur la binarité et la hiérarchie des genres1 ». De quelle manière les individus sont-ils habités par le patriarcat ? Cette habitation explique-t-elle sa persistance ? S’agit-il d’une emprise ? Il est alors important d’interroger la pertinence aujourd’hui du recours au terme de patriarcat, d’en analyser les mécanismes, de porter la perspective d’une résistance active des sujets et d’une émancipation, au moment où de nombreuses femmes prennent la parole publiquement contre les agresseurs sexuels.

Patriarcat ou domination  masculine ?

À certains égards, l’utilisation du terme de patriarcat est étonnante ; en français, le terme de domination masculine est plus fréquent. Le diagnostic de Gilligan et Snider quant à la persistance du patriarcat tient dans la phrase suivante : « N’y allons pas par quatre chemins : le patriarcat repose sur la subversion de notre capacité à réinstaurer un véritable rapport entre les hommes et les femmes. Sa structure hiérarchique est fondée sur la perte relationnelle et, par conséquent, sur un sacrifice d’amour2 ». Avec le patriarcat, l’approche relationnelle du monde, dont le modèle psychologique est cette forme d’amour qu’on appelle attachement, est rendue impossible par la production et la reproduction de relations hiérarchiques. Cette binarité constamment réitérée garantit un masculin fort et un féminin faible ou plutôt, un masculin détaché (loin de ses émotions) et un féminin projeté abusivement dans le souci des autres (trop habité par ses émotions). Cela veut dire que les femmes sont habitées par des normes qui structurent un care, un prendre soin, compulsif, et que les hommes sont appelés à abandonner les comportements de care. Le patriarcat se maintient car la culture nous amène à nous y conformer au nom de la normalité, et nous incite à consentir activement aux relations ainsi réitérées tous les jours et partout dans le monde.

Dans le champ académique français, non seulement on trouve peu d’analyses psychologiques du patriarcat, mais, plus fondamentalement, on préfère recourir à la notion de domination masculine pour rendre compte de la permanence de la domination des hommes. Deux auteurs importants ont porté au même moment cette question sur le devant de la scène intellectuelle : Françoise Héritier avec Masculin/Féminin I (1996) puis Masculin/Féminin II (2002) et Pierre Bourdieu avec La domination masculine (1998). Malgré les différences de champs disciplinaires, ces livres lient nettement domination masculine et violence. Françoise Héritier pose comme structure de l’humanité, la « valence différentielle des sexes3 ». La domination masculine, explorée surtout dans Masculin/Féminin II 4, est une structure forte des sociétés humaines, posée à partir d’un point de départ biologique : la puissance des femmes de donner la vie. Le fait de donner la vie pourrait constituer une manifestation de puissance des femmes. Mais tout est fait pour contrecarrer cette puissance, réattribuant immédiatement le nouveau-né à la lignée familiale dominée et administrée par les hommes, que ce soit du côté du père ou de celui de la mère. Françoise Héritier a beaucoup réfléchi sur cette puissance niée par un pouvoir du genre, qui retire toute autorité aux femmes, même en matière de vie. Quasiment toutes les sociétés traduisent des données biologiques (le sperme et l’ovule, le sang,  etc.) dans un masculin fort et un féminin faible : le sperme est actif, l’ovule passif, le sang des règles impur ou sale, contrairement à celui sacré d’un héros de la guerre. Cette institution de la différence tient à la fécondité des femmes que les hommes veulent s’approprier. Les femmes sont toujours contrôlées, administrées, en premier lieu à travers leur corps. La domination masculine est universelle et concerne tous les types de sociétés.

Dès un premier article de 1990, Pierre Bourdieu fonde l’oppression des femmes sur une domination masculine qui repose sur la violence5. Plusieurs points sont essentiels. Tout d’abord, la domination masculine est un doing gender 6; elle ne fait que produire et reproduire quotidiennement les attendus de genre à travers les individus que nous sommes au travail, à la maison, en promenade ou à l’école. Ensuite, la domination masculine ne se joue pas tant dans une violence physique à l’égard des femmes que dans une violence symbolique (qui autorise la violence physique, sexuelle, morale). La violence symbolique est cette force qui transforme le sujet en objet. La domination masculine fait de la femme un objet ; contrairement à Héritier, Bourdieu ne s’intéresse pas tant à la figure de la mère contrôlée à travers la fécondité que les hommes s’approprient, mais à celle de la femme-objet, et ceci dès l’article de 1990. Il décrit avec une grande lucidité –  on pourrait aussi dire, avec brutalité  – l’exclusion quasi-totale des femmes des « jeux » sociaux des hommes, et donc d’un monde social construit selon les principes de la compétition et de la performance. Enfin, la domination masculine et la violence symbolique qui la fait tenir, fonctionnent à l’habitus. L’habitus est le produit de l’histoire de l’agent ; il a été formé par les conditions d’existence et les expériences antérieures. Il en porte les traces à la fois ineffaçables et efficaces dans le présent. L’habitus est une histoire incorporée, naturalisée, et par là oubliée en tant que telle. Il habite les institutions, permet de se les approprier pratiquement et ainsi de les maintenir en activité, de les perpétuer selon un ordre sexué. Les relations produites par l’habitus entre les hommes et les femmes, réitérées quotidiennement, sont totalement incorporées.

La domination masculine est à la fois visible et invisible. Elle relève d’un système ou d’une structure. Les hommes eux-mêmes, dominants, sont prisonniers de cette domination. Bourdieu assume totalement sa préférence conceptuelle en affirmant que le patriarcat est anhistorique et empêche de faire l’archéologie de l’inconscient commun qui est à l’origine de la domination masculine : les structures de domination selon le genre sont le produit d’un travail incessant de reproduction auquel contribuent eux-mêmes les agents singuliers, hommes et femmes7.

Pourtant, il y eut, au tournant des années 2000, L’Ennemi principal.1. Économie politique du patriarcat de Christine Delphy, ouvrage qui reprenait des travaux commencés en 1970 au début du Mouvement de libération des femmes. Christine Delphy8 décrivait un système socio-politique qui organise l’oppression des femmes à travers un travail domestique « gratuit », que ce soit dans les sociétés paysannes ou au sein du capitalisme industriel. Delphy rapproche deux sphères que l’on sépare volontiers : la sphère économique et la famille. L’économie est la règle de la maison. Les femmes au foyer sont des travailleuses ; la sociologie a pour tâche de rendre compte des pratiques sociales matérielles par lesquelles les femmes travaillent pour les hommes, et au-delà, pour le capitalisme, dans l’espace invisibilisé de la maison mais aussi, dans les champs ou à l’usine. L’exploitation patriarcale du travail des femmes se fait à l’intérieur de la famille ; le patriarcat se constitue symptomatiquement dans les relations socio-économiques productives. Les femmes produisent mais à l’ombre des hommes. Le mode de production capitaliste se combine avec un mode de production domestique, patriarcal. Le patriarcat est un système d’inégalités de genre qui permet aux hommes d’imposer aux femmes de travailler à leur avantage9. Il est aussi une manière de classer, de dominer ou de fabriquer les autres : les femmes, comme les homosexuels ou les immigrés, sont des autres. Le patriarcat infériorise et crée aussi des dominants dont le privilège est « justement de nommer les individus, de les rassembler en catégories indépendamment de ce que les intéressés disent ou veulent, de les classer10 ».

Le patriarcat est un terme qui rend effectif un mode d’exploitation généralisé des femmes. Alors que la domination masculine met plus l’accent sur le système des relations hommes-femmes, le patriarcat insiste sur un point encore peu analysé de l’oppression des femmes, le travail domestique, équivalent d’un quasi-esclavage pour Delphy ; le mot de patriarcat déconstruit davantage  le monde social existant et fait apparaître la dimension militante –  féministe  – liée au travail d’analyse lui-même. Sans doute, son emploi par Delphy n’est pas indépendant de toutes les traductions culturelles qui se sont faites entre le monde anglo-américain et le monde francophone en ce qui concerne le féminisme matérialiste11. Comme l’écrit Carole Pateman dans Le contrat sexuel : « Le renouveau du mouvement féministe, depuis la fin des années 1960, a remis en circulation le terme de «patriarcat» dans la langue courante comme dans le langage universitaire. Il y a eu de vastes débats parmi les féministes à propos de la signification du «patriarcat»12 ». Patriarchy est presque intraduisible tant le mot porte avec lui de nombreux débats qui croisent monde académique et militant de manière plus radicale qu’en France.

Dans tous les cas, patriarchy met l’accent sur les structures sociales et la construction d’une différence sexuelle, laquelle, pour Carole Pateman, est une différence politique entre les femmes et les hommes, située dès la théorie du contrat social classique. En mettant en avant un contrat sexuel qui double le contrat social, elle montre comment la famille, le travail, la sexualité hétérosexuelle et l’éducation des enfants tiennent dans des institutions, des pratiques contractuelles qui sont caractérisées par une subordination des femmes aux hommes. Ce faisant, elle déconstruit dans le même temps la notion de « contrat originaire ». Jamais, l’individu singulier n’existe suffisamment pour contracter en dehors d’une situation sexuée ; il est toujours pris dans un monde social qui organise la soumission des femmes au nom de l’hétéronormalité. La notion de domination masculine en français est proche de ces analyses. Mais elle se réduit à un constat sociologique ou anthropologique alors que l’emploi du mot patriarcat, en exhibant les mécanismes cachés du pouvoir dans les relations de genre, permet davantage de dénoncer les injustices que subissent les femmes et d’annoncer leur émancipation.

La persistance du patriarcat

Le livre de Carol Gilligan et Naomi Snider renouvelle considérablement la notion de patriarcat. Il ne fait pas porter l’analyse sur ce qu’est le patriarcat (avec toutes ses variations historiques ou concrètes), mais le pourquoi de la persistance du patriarcat (the persistence of patriarchy). Comment le patriarcat se produit-il et se reproduit-il aujourd’hui dans la vie de tous les jours ? Comment est-il possible que le président des États-Unis, Donald Trump, soit le symptôme de cette persistance ? Pour Gilligan et Snider, le patriarcat n’est pas la domination masculine selon Héritier ou Bourdieu. La pensée structuraliste française comprend le pouvoir du genre comme un système, comme le cadre de la reproduction sociale. La domination masculine est une violence qui fait système et elle dessine des rapports sociaux de sexe auquel personne n’échappe, de telle sorte que l’on a pu souvent dire que l’on n’était pas loin du déterminisme et qu’il devenait impossible d’imaginer des actions qui puissent réussir de manière durable contre la domination masculine.

Le patriarcat selon Gilligan et Snider est une force : « Mais d’abord : qu’est-ce que le patriarcat ? Tolstoï le décrit comme une force brute, puissante et mystérieuse, d’autant plus qu’elle a la capacité de transformer ce qui est naturel et bon (l’amour ou la compassion) en quelque chose qui, à la face du monde, apparaîtra comme honteux ou indécent (shameful and improper)13 ». Si le patriarcat est une force plutôt qu’un système, il est alors du côté de l’action, de la dynamique et des relations interpersonnelles : une force s’applique sur des sujets et les modifie. Une force permet aussi de toucher une cible, d’atteindre un individu ; elle possède toute une dimension perceptive, affective et psychique. Elle peut aussi changer de sens, d’orientation, se modifier, être retournée par une autre force. Les êtres humains font l’épreuve d’un devenir patriarcal et ne sont pas seulement les rouages du fonctionnement d’un système. La force désigne la plasticité du patriarcat, ce qui est empêché, mais aussi les forces de résistance qui se constituent contre lui. La notion de « force » rend justice à une approche psychologique du patriarcat. Si le patriarcat persiste, c’est que nous pouvons y trouver notre compte psychologiquement quant à une éventuelle tranquillité dans le monde social.

D’une certaine manière, la vérité de la nature humaine tient dans la relation, comprise comme ce qui autorise des liens profonds, sincères et complexes avec autrui. Cette nature relationnelle est une menace pour le patriarcat ; elle entre d’ailleurs nécessairement en tension avec lui. L’approche psychologique du patriarcat permet de comprendre comment la société construit un cadre, avec un ensemble de relations sans amour ou sans attachement. Le patriarcat est rassurant ; il substantialise les relations humaines et les fixe, les classe dans un univers stabilisé. Si la construction de soi est empêchée, des places sont cependant posées et déjà déterminées.

Le patriarcat persiste tant qu’il empêche d’avoir peur de ce que nous pourrions devenir si nous tentions de nous émanciper du monde binaire de répartition des genres. Les filles comme les garçons apprennent par ce biais à se détacher de soi à travers l’indifférence aux autres préconisée pour les hommes et le dévouement aux autres prescrit aux femmes.

Le patriarcat est une épreuve de la transformation de soi par le biais du genre. Cette forme de vie doit être aussi comprise comme un oubli de soi. Elle s’élabore en trois étapes selon Gilligan et Snider : la protestation, le désespoir et le détachement14. La protestation est comme une voix sincère, de colère face à des relations de genre qui sonnent faux. Le désespoir est le moment où cette voix s’étouffe car elle n’est pas écoutée. Le détachement est l’acceptation des relations patriarcales et des différences construites du masculin et du féminin. Il est une défense psychologique contre l’intensité des relations, l’abîme que peuvent engendrer la rupture émotionnelle et la quête d’un soi authentique.

Bien évidemment, le patriarcat n’est pas qu’une force, il est aussi une culture fondée sur la binarité et la hiérarchie de genre : « un système de règles et de valeurs, de codes et de lois visant à spécifier la manière dont les hommes et les femmes doivent se comporter et être au monde15 ». De ce point de vue, l’analyse des rapports sociaux de sexe est proche du concept de « domination masculine ».

La résistance contre  la  persistance

Pourquoi évoquer une persistance du patriarcat plutôt qu’un retour du patriarcat ? Le verbe « persister » a le sens de « rester fermé dans sa manière d’agir malgré les résistances ». Si le patriarcat reste fermé malgré les résistances, cela veut dire que la résistance existe et qu’elle détient sa propre agentivité. Dès lors, le diagnostic de la persistance du patriarcat conduit à l’analyse des résistances qui se produisent contre le patriarcat. Le livre de Gilligan et Snider aboutit à une analyse de résistances féministes actuelles  comme Women Wage Peace, Women’s March et #MeToo. Les femmes palestiniennes et israéliennes de Women Wage Peace, avec quelques autres venues d’ailleurs dans le monde, veulent s’opposer à la guerre et à la mort des hommes, ce qui suppose l’élaboration d’un autre monde, une alternative aux gouvernements actuels. Avec MeToo, des voix de femmes surgissent pour se soutenir mutuellement, faire juger les agresseurs et mettre en place des chaînes de solidarité à travers des expériences qui se ressemblent et se reconnaissent. Les marches des femmes après l’élection d’un président ouvertement sexiste et raciste aux États-Unis portent la revendication d’une autre présidence, démocratique. La voix de résistance des femmes comporte un élément de la sororité si présente dans les mouvements de femmes des années 70.

Le patriarcat déclenche malgré lui la résistance qui est une résistance du féminin contre le masculin, mais qui pourrait être aussi une résistance des homosexuels contre l’hétéronormalité ou encore, plus généralement, une position de demande de reconnaissance de tous les groupes opprimés par les partages binaires selon le genre, la race ou la classe. Gilligan et Snider préfèrent le terme de « résistance » à celui de « lutte ». Résister, c’est poser une voix contre l’ordre et l’autorité, action susceptible aussi d’une durée, d’une organisation, d’une culture. La résistance déploie aussi une force. Force et contre-force, champ de forces, conduite et contre-conduite, voilà notre avenir. Plus encore, la résistance, à la différence de la lutte, n’est pas seulement protestation ; elle peut devenir remédiation ou réparation, et même, pratique clinique, ce que Gilligan développe dans ses consultations et ses stages de développement personnel.

Ainsi, la résistance au patriarcat ne tient pas seulement dans un corps qui se libère et que les opprimées se réapproprient, mais dans une vie psychique dés-assujettissante alors même que tout est fait pour assujettir selon le genre dès la naissance, que nous soyons considérés comme femme ou homme. Sylvia Walby, dès 1990, a théorisé six sources du contrôle patriarcal : l’emploi, le travail domestique, la culture, la sexualité, la violence et l’État16. Elle a ainsi montré combien le patriarcat est un système variable dans ses formes et ses degrés. L’ouvrage de Gilligan et Snider met en avant tout le poids du sujet, lequel, malgré des structures culturelles contraignantes, s’assujettit et se dés-assujettit, fait et défait le genre, dans une série de combats qui prennent la forme subjective de vrais conflits psychiques, entre s’attacher aux normes et se détacher d’elles.

1 Carol Gilligan, Naomi Snider, Pourquoi le patriarcat ?, Paris, Climats, 2019, p.  13-14.

2 Carol Gilligan et Naomi Snider, op.  cit., p.  221.

3 Françoise Héritier, Masculin/féminin I : La pensée de la différence, Paris, Odile Jacob, 1996, p.  27.

4 Agnès Fine, « « Valence différentielle des sexes » et/ou « domination masculine » » in Travail, genre et société, 2003/2, no 10, p.  174-180.

5 Pierre Bourdieu, « La domination masculine », Actes de la recherche en sciences sociales, septembre 1990, no 84, p.  2-31.

6 Candace West et Don H. Zimmerman, « Doing Gender », Gender and Society, vol.1, no 2, juin 1987, p.  125-151.

7 Pierre Bourdieu, La domination masculine, Paris, Seuil, 1998, chap.  1.

8 Cette conception du patriarcat fut développée par Christine Delphy dès novembre 1970, avec un article intitulé « l’Ennemi principal » dans la revue Partisans.

9 Voir l’interview de Christine Delphy dans ce numéro de Multitudes.

10 Christine Delphy, Classer, dominer, Paris, La Fabrique, 2008, p.  39-40.

11 L’ouvrage de Christine Delphy et Diana Leonardo, L’exploitation domestique, paru en France en 2019, est paru d’abord en Angleterre en 1992, sous le titre Familiar exploitation : a new analysis of marriage in contemporary western societies, aux éditions Polity Press à Cambridge !

12 Carole Pateman, Le contrat sexuel, Paris, La Découverte, 2010, p.  43.

13 Carol Gilligan et Naomi Snider, op.  cit., p.  13 ; Why Does Patriarchy Persist ?, Cambridge, Polity Press, 2018, p.  5.

14 Carol Gilligan et Naomi Snider, Ibid., p.  149.

15 Carol Gilligan et Naomi Snider, op.  cit., p.  15 ; Why Does Patriarchy Persist ?, Cambridge, Polity Press, 2018, p.  6.

16 Sylvia Walby, Theorizing Patriarchy, Oxford/Cambridge, Basil Blackwell, 1990.