79. Multitudes 79. Eté 2020
Majeure 79. Faire publics

Le public des vidéos « ASMR »
Des sentinelles sensibles ?

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La Communauté du Chuchotement

La Communauté du Chuchotement [Whisper Community], ou Société des Sensationnalistes [Society of Sensationalists] se réunit depuis 2008 sur des forums en ligne pour discuter d’un « sentiment agréable que personne ne peut expliquer » [Good Feeling No One Can Explain], un « sentiment sans nom » [Unamed Feeling]. Certains stimuli, en particulier des sons, induiraient une intense sensation de relaxation, allant parfois jusqu’à l’« orgasme cérébral » [brain orgasm], une réaction ponctuelle de détente extrême qui s’apparente à un frisson dans le creux de la nuque, le long de la colonne vertébrale et sur le crâne, et parfois dans tout le corps1.

Pour retrouver cette sensation mystérieuse, la communauté s’échange des vidéos. Parmi elles, la série de tutoriels de Bob Ross sur la peinture, The Joy of Painting (1983-1994) diffusée à la télévision pendant plus de dix ans. En s’adressant directement aux télé-spectateurs, le peintre détaille les étapes de réalisation d’une voix douce et encourageante, posée et quasiment chuchotée. Les micros laissent entendre sa respiration et le contact des pinceaux sur la toile et dans les couleurs. Au fil de ses gestes tranquilles, et en moins de 30 minutes, une image se crée sur la toile et sur l’écran.

Le détournement de ce type de vidéo par la communauté laisse progressivement place à une production originale de contenu, spécifiquement destinée à déclencher la sensation de relaxation. D’abord pris en charge par des amateurs, eux-mêmes adeptes de la sensation, ces objets audiovisuels très particuliers feront l’identité officielle de la communauté. Le nouveau public initie et organise donc lui-même le contenu qui l’intéresse, à partir d’une recherche partagée sur une sensation physique commune, aujourd’hui désignée comme l’« ASMR ».

L’acronyme renvoie à Autonomous Sensory Meridian Response, une dénomination qui invoque un caractère scientifique pour décrire les effets physiques provoqués par ces sons, et les images qui les illustrent2. Les stimuli « déclencheurs » [triggers] les plus courants identifiés par la communauté et reproduits dans les vidéos sont les tapotements [tapping], les chuchotements, parfois inaudibles [whispering, inaudible whisper], les sons clairs et craquants [crisp sounds], les mouvements lents [slow movements] et notamment, à l’occasion de « jeux de rôle » vidéo [rôle playing], l’attention personnelle [personal attention 3].

La guide – souvent une jeune femme – de la vidéo ASMR joue ainsi avec différentes matières qu’elle fait résonner, notamment en touchant directement l’appareillage technique. Ces sons enveloppants sont captés par des micros puissants, qui simulent parfois deux oreilles pour provoquer un son binaural. Les stimuli audio et visuels induisent l’état de relaxation recherché et peuvent provoquer un pic d’intensité désigné, à la place de l’orgasme cérébral, comme le tingle, autrement dit un frisson ou un fourmillement caractéristique. Dans de nombreux témoignages, les utilisateurs et utilisatrices des vidéos déclarent que l’ASMR contribue à soigner la dépression, l’anxiété, le stress, et l’insomnie.

L’émergence de ce type de vidéo agit comme le symptôme d’une époque. Les échanges rapides en ligne permettent à une communauté de se retrouver, mais pour imaginer paradoxalement des relations sociales simulées. L’écran se fait le canal d’un soin techniquement reproductible, maintenant l’isolement des utilisateurs et utilisatrices. D’un autre côté, la communauté ASMR réintroduit dans la circulation de l’information numérique, par le biais d’écrans séparés mais connectés, l’importance d’une temporalité ralentie et de la matérialité du monde qu’elle fait résonner à travers le réseau. L’ASMR comme phénomène socio-technique est-elle le produit d’un système économique qui désunit et fractionne les êtres en les couplant avec leurs ordinateurs plutôt qu’avec des humains, ou ouvre-t-elle la voie à une forme de résistance sur le réseau, où le corps sentant répond à la résonance concrète de la matière ?

YouTube : la fabrique de vidéos sur-mesure

La communauté de niche se renforce sur la plate-forme de partage de vidéos en ligne YouTube, dont les caractéristiques influencent en profondeur le développement de la production-consommation de l’ASMR.

La possible publication de commentaires associés au contenu permet de faire des retours sur les propositions, d’en encourager les inventions, voir de demander l’activation de déclencheurs particuliers. Émergent alors quelques figures majeures d’ASMRtistes ou guides ASMR, proposant des services vidéos aujourd’hui très profitables : GentleWhispering ou MassageASMR comptabilisent respectivement 704,697,704 vues et 321,147,500 vues sur leurs chaînes en janvier 2020. La consultation en ligne implique également un système de retour passif, en donnant des informations statistiques aux artistes ASMR sur le succès de leurs vidéos : nombre de clics et de vues, fréquences de consultations, etc. D’autres méta-données permettent d’organiser les vidéos entre elles, notamment par les titres et les étiquettes [tag] qui leur sont associés, nourrissant les algorithmes de suggestion pour chaque profil de navigation enregistré.

Les membres du public ASMR se trouvent à la fois unis les uns aux autres par leur recherche commune sur la toile des vidéos partagées, en même temps que l’expérience proposée met en scène un face-à-face intime, une relation individuelle et privilégiée via l’écran personnel. Aux effets de présence induits par les gestes attentionnés de la guide ASMR, se mêle donc également un sentiment de présence plus diffus, celui du public qui partage la même interface. C’est pourquoi, explique la chercheuse Joceline Andersen, la communauté n’utilise plus de système de téléchargement de fichiers, dans lesquels la vidéo est extraite – arrachée – d’un lieu partagé pour être isolée sur un ordinateur individuel4.

La communauté s’établit ainsi au sein d’une circulation rapide et immédiate de différents contenus « satisfaisants », constamment disponibles en ligne. Chacun cherchant son trigger le plus efficace, les utilisateurs et utilisatrices circulent ensemble entre les vidéos tout en sculptant l’algorithme de recommandation individualisée. À la détente totale qu’induit la vidéo ASMR répond donc de la part du public une recherche active, qui revient à trouver une vidéo à son goût comme on trouve un bon vin.

Objet d’une attention sans faille, recevant une coupe de cheveux ou une observation de la pupille, adepte des décors de centre de soin ou de chambre aux draps propres, à la recherche de tapotement de bouteilles de verre ou de surfaces de plastique, avide de bruits de bouche servis par la commissure de lèvres en gros plan, détendue par la vision de mains malaxant une pâte brillante rose fluo, ou fascinée par le découpage au couteau de savons colorés : les expériences proposées par les vidéos se fondent principalement sur des matières et des objets qui peuplent et fabriquent une atmosphère. À rebours de la clarté pressante des messages informationnels, le public ASMR en ligne délimite un espace intime, au rythme ralenti de l’infra-ordinaire.

L’attention aux matières, que la guide ASMR s’emploie à faire résonner, fait entrer en vibration le corps de l’utilisateur avec les objets. Les micros et le cadre, parfois considérés littéralement en lieu et place des oreilles et du visage récepteur, font le lien entre les corps. De médiation en médiation, c’est la matérialité commune du monde qui compte5. Ainsi, les vidéos ASMR déploient des narrations assez pauvres. Outre les sessions de jeu de rôle, les guides jouent parfois sur de purs rapports de matières, délitant toutes formes d’histoire pour rejouer des atmosphères de soin, en grossissant la matière de certains des éléments qui en peuplent le décor. Les chuchotements, tout en suggérant une proximité, peuvent être indiscernables [inaudible whisper], ou dans des langues variées que l’utilisateur choisit justement parce qu’il ne les connaît pas.

Le dispositif de mise en scène vise à porter l’attention vers la médiation même, la voix plutôt que le message. Cette célébration du medium ouverte par la production ASMR reprend dans toute sa puissance la formule du philosophe des media Marshall McLuhan montrant que « le medium, c’est le message ». Plus encore, il convient de reprendre la deuxième formulation qu’il propose à la suite d’une faute de frappe, considérant ici l’effet physique du tingle : « le medium, c’est le massage ».

L’émergence d’une telle pratique en ligne, en ramenant l’attention vers le corps du spectateur devant l’écran, fait travailler l’épaisseur de la matière contre l’évanescence de l’information. La communauté ASMR invente en cela un monde inédit de partage, répondant au septième et dernier critère du chercheur Michael Warner : « Un public est un faiseur poétique de mondes [a public is poetic world-making]6 ».

Public prédestiné ou public en puissance ?

Ce monde si particulier ne semble s’adresser qu’à celles et ceux qui sont sensibles à ses effets. Autrement, les vidéos et leurs étranges mises en scène, si elles peuvent en fasciner certains, restent muettes pour le reste de la population, insensible aux stimuli, quand il ne les rejette pas vivement. Les « bruits de bouche » par exemple, produisent des réactions antagonistes entre relaxation intense chez certains adeptes et misophonie profonde et quasi-insupportable chez d’autres. L’automatisme physique du corps réagissant suggère une pré-disposition physiologique à certains contenus.

Au département de psychologie de l’université de Winnipeg, un groupe de chercheurs étudie la différenciation entre les deux groupes, l’un sensible à l’ASMR, et l’autre non, autrement dit public potentiel et public exclu. L’hypothèse d’une sensibilité propre à un certain groupe est investie à l’occasion d’une collaboration avec un service de radiologie. Selon l’étude comparée de scans IRM du cerveau7, le groupe déclaré sensible à l’ASMR présenterait une configuration cérébrale, également observée lors d’expériences perceptuelles altérées. Les membres de ce groupe auraient « une capacité réduite à inhiber les expériences sensorielles et émotionnelles qui sont supprimées chez la plupart des individus8 », ils seraient plus à même de laisser voir leurs émotions, et également plus aptes à éprouver la synesthésie.

Pour appuyer l’hypothèse, des questionnaires de psychologie menés par le même département permettent de mettre en comparaison les deux groupes9. En se basant sur le modèle des Big Five, à savoir l’identification de cinq grands traits de personnalité, l’étude établit que les personnes sensibles à l’ASMR obtiennent des scores plus élevés pour l’Ouverture à l’Expérience [Openness-to-Experience] et le Névrosisme [Neuroticism], et des niveaux significativement plus bas de Conscienciosité [Conscientiousness], d’Extraversion, et d’Agréabilité par rapport au groupe contrôle. L’étude identifie une personnalité type, plus encline à s’enthousiasmer pour les vidéos ASMR. Pour autant que ces catégorisations très discutables aient une quelconque validité, les effets de la production audiovisuelle dépendrait ainsi d’un terrain psychologique favorable.

Cependant, certaines personnes sensibles à l’ASMR déclarent par exemple perdre l’intensité du tingle qui parfois disparaît même complètement [ASMR immunity]. La relaxation peut également nécessiter des conditions particulières comme par exemple la découverte de vidéos inédites (qui permettent de garder des effets de surprise). Dans l’autre sens, si certaines personnes découvrant les vidéos ASMR se retrouvent tout de suite dans ses effets en sentant leurs corps réagir, d’autres mettent plus de temps à trouver les déclencheurs à même de les relaxer.

L’animatrice de la chaîne YouTube « Gentle Whispering », une des premières et des plus puissantes guides actuelles, soutient dans l’une de ses vidéos présentant l’ASMR que chacun y est potentiellement sensible : « Nous pensons que tout le monde a la possibilité d’en faire l’expérience, il s’agit simplement de trouver le déclencheur qui vous parle10 ». L’enjeu, explique-t-elle toujours avec une voix douce et les yeux plongés dans l’objectif, est d’avoir assez d’intention pour déclencher la sensation. Ce serait un certain état d’esprit, non pas une configuration physiologique mais une capacité attentionnelle particulière qui permettrait d’accueillir les effets de la vidéo, de se relaxer, pour peut-être déclencher le tingle.

Tout le monde peut-il apprendre à être sensible à l’ASMR ? Sommes-nous toutes et tous membres en puissance du public des vidéos, ou sommes-nous « prédestinés » à leurs effets par notre complexion sensible particulière ? Les deux hypothèses restent en suspens alors que le public des vidéos ASMR grandit considérablement (visible par le nombre de vues sur YouTube, la multiplication des vidéos, et les présentations du phénomène au grand public). De nouveaux adeptes découvrant la production se convertissent à l’utilisation des vidéos ASMR, des artistes et des chercheurs voient dans l’aspect plastique des matières exposées, l’attention extrême consacrée aux objets, la synesthésie propre à la réaction et les nouvelles formes de socialité qui s’inventent un terrain de recherche fertile, tandis que les publicitaires y voient un moyen fructueux d’y introduire des placements de produits. Le temps de cerveau disponible du télé-spectateur devient le temps de cerveau relaxé du flâneur YouTube, hypnotisé par les matières et les sons dans lesquels s’infiltrent des intérêts économiques et commerciaux.

Les sentinelles sensibles

En gagnant en visibilité médiatique, la production ASMR suscite fascination, suspicion et critique. Faut-il voir dans leur large audience l’émergence d’un nouveau « grand public », dont les attentes sont dûment alignées sur les normes dominantes (de genre, de classe), ou au contraire un « contre-public » potentiel, capable d’ébranler ces normes ? L’effet relaxant, sensuel, et concrètement physique que les vidéos provoquent les a rapidement rapprochées de la production pornographique ou de fétichismes sexuels particuliers, une comparaison que la communauté ASMR dément fortement11. De fait, la majorité des guides rejoue des stéréotypes genrés du féminin, embrassant la pulsion scopique de l’objectif par une série de gestes de soin directement adressés au futur regardeur par le biais de l’appareillage technique. Cependant, les jeux de rôle mettent plus souvent en scène une guide soucieuse d’un soin maternel bienveillant et familier plutôt que des figures d’amantes désirantes ou serviles. L’atmosphère intime évidente qui se dégage des vidéos est celle du soin, une activité actuellement largement prise en charge par des femmes12.

Joceline Andersen suggère que l’expression profondément hétéronormative des vidéos se serait formée en partie comme réaction aux moqueries faites sur le phénomène, dans le but d’aligner l’étrangeté de l’intimité proposée dans les vidéos sur des standards établis. Pourtant, remarque-t-elle, ces vidéos où s’invente une intimité collective, distante et charnelle, une intimité « non-standard », permettrait justement de « libérer une intimité numérique qui serait aussi une intimité queer13 ». Sans catégories pour les classer, les vidéos ASMR se trouvent réabsorbées dans le domaine de la pornographie, alors qu’elles pourraient, explique l’artiste Claire Tolan, renouveler notre rapport aux objets : « Il y a vraiment un aspect queer [queerness] en jeu qui est que je prends du plaisir des objets. C’est étrange, pas nécessairement sexuel, mais indéfinissable14 ».

Les vidéos ASMR seraient à même de créer un sentiment de proximité inédit, une intimité particulière qui passe par le détour d’objets, et la mise en résonance de leur matérialité. La communauté ASMR inventerait ainsi une autre façon de se sentir ensemble en ligne, seul devant son écran connecté, guidé par la présence d’autres humains, tout près de l’appareillage technique.

Une première étude de neuroscience pendant le visionnage de vidéos ASMR suggère une activité du cerveau similaire à l’expérience du toilettage observée chez des primates non-humains et qui se traduit par « un état calme et tranquille, suivi d’une diminution de l’anxiété et d’une amélioration de l’humeur ». Les auteurs de cette étude entendent alors la vidéo ASMR comme une « expérience de « toilettage virtuel » [« virtual grooming » experience]. En effet, les relations sociales produisent la libération de substances neurochimiques lors de la création de lien interpersonnels, ce qui expliquerait « pourquoi l’ASMR aiderait les individus à se détendre, à gérer le stress, à diminuer leur anxiété et à s’endormir plus facilement15 ». La vidéo ASMR, avec ses effets thérapeutiques ouvre ainsi la voie à une forme de vidéo-médicament.

Comme d’autres formes de partage et de communication asynchrones, ces vidéos ouvrent au sein de leur public la possibilité d’une socialité d’un genre nouveau, une socialité « à la carte », activée et désactivée à la demande, sans obligation de réponse, et sans l’engagement direct de la présence de l’autre. C’est une relation de soin qui ne nous déçoit pas, remarque Claire Tolan, une présence qui ne nous abandonne pas. L’aspect thérapeutique viendrait ainsi d’un compagnonnage par l’image, d’une relation à des « vidéos de compagnie ». Le public ASMR fabrique une communauté de présence virtuelle, une ressource consultable de sensation d’intimité16, en somme un service de « présence à la demande » (Presence on Demand, POD).

L’artiste Tasha Bjelić situe le phénomène au cœur d’une problématique d’ordre politique, comme « symptomatique d’un besoin social d’être pris en charge, aimé et connecté avec les autres ». Ce besoin se trouve, au sein du tournant néolibéral, caractérisé notamment par la négation de la responsabilité étatique dans des programmes sociaux, en une forme improbable de grooming asynchrone et à distance, distribué gratuitement par la voie des médias numériques. La vidéo ASMR offrirait alors, comme travail immatériel numérique [digital labor], un service social peu onéreux à un public qu’il faut moins concevoir sur le modèle des spectateurs de télévision que sur celui des patients de thérapies psycho-sociales. Les vidéos permettent en effet de traiter des symptômes de dépression, et de stress sans nécessité de se déclarer en besoin d’aide, et sans honte [shame-free] contournant « le risque d’être considéré comme étant «dans le besoin» ». Ainsi, la consommation de vidéos ASMR peut être comprise comme un « mécanisme d’adaptation au sein de notre condition numérique du capitalisme tardif17 ». Le médecin Nitin K. Ahuja relie l’émergence de cette sensibilité particulière au manque de contacts sociaux et physiques, décrivant le paradoxe d’une « hypersensibilité postmoderne18 » : moins je suis touchée, plus je suis sensible quand on me touche.

Il est caractéristique que le public ASMR émerge à notre époque, symptôme d’une société individualiste et connectée. Il élabore également le remède du manque qu’il entretient par ailleurs en permettant la production de vidéos sur-mesure, partageables en ligne. Plus encore, par l’invention de ces objets audiovisuels, il permet d’investir, en riposte, la question de la chair au sein des environnements connectés. Contre l’information qui en est pourtant le vaisseau, la matérialité résonnante des vidéos ASMR élabore un milieu particulier de rencontre (asynchrone), fait de médiations successives dont le corps est la première interface. Vibrant à l’évocation de l’épaisseur charnel du monde, le public des vidéos ASMR pourrait être considéré comme une sentinelle sensible, annonciatrice de formes inédites de relations, de façons d’être, et d’être-ensemble technologiquement médiatisées.

1 Harry Cheadle, « What is ASMR? That Good Tingly Feeling No One Can Explain », Vice (2012), www.vice.com/en_us/article/gqww3j/asmr-the-good-feeling-no-one-can-explain. On parle également d’« orgasme de tête, induit par l’attention » [Attention Induced Head Orgasme (AIHO)] ou encore d’« euphorie induite par l’attention » [Attention Induced Euphoria], terme adopté par Andrew MacMuiris qui ouvre le blog The Unamed Feeling en 2010, http://theunnam3df33ling.blogspot.com

2 Jennifer Allen invente le terme et ouvre le site de recherche asmr-research.org

3 Emma L. Barrat, Nick J. Davis, « Autonomous Sensory Meridian Response (ASMR): a flow-like mental state », PeerJ (2015), p. 1-17, disponible en ligne sur https://peerj.com/articles/851/, p. 2.

4 Joceline Andersen, « Now You’ve Got the Shiveries: Affect, Intimacy, and the ASMR Whisper Community », Television & New Media, no 16 (2015), p. 683-700 et en ligne p. 1-18, disponible sur https://journals.sagepub.com/doi/full/10.1177/1527476414556184, p. 6.

5 Pour poursuivre l’approche merleau-pontienne du phénomène, voir Anna Caterina Dalmasso, « “Like Organs of One Single Intercorporeality”. Notes on ASMR Video Culture », dans Lars C. Grabble, Patrick Rupert-Kruse, Norbert M. Schmitz, Technobilder. Medialität, Multimodalität und Materialität als medien- und bildtheoretische Konzepte der Technosphäre, Büchner-Verlag, Darmstadt, 2019, p. 244-272.

6 Michael Warner, « Publics and Counterpublics », Public Culture, 14 (1), 2002, p. 49-90.

7 Cette première observation du cerveau ne s’effectue pas devant une vidéo ou dans un état de relaxation particulier à même d’induire l’ASMR [default mode network (DMN)]. L’activité cérébrale de 22 individus est observée, 11 personnes se déclarant sensibles aux effets et 11 personnes formant le groupe contrôle. Stephen D. Smith, Beverley Katherine Fredborg, Jennifer Kornelsen, « An examination of the default mode network in individuals with autonomous sensory meridian response (ASMR) », Social neuroscience, no 12 (2017).

8 Stephen D. Smith, Beverley Katherine Fredborg, Jennifer Kornelsen, « An examination of the default mode network in individuals with autonomous sensory meridian response (ASMR) », op. cit., p. 364.

9 Comparaison entre 290 individus déclarés sensibles à l’ASMR et 290 individus formant le groupe contrôle. Beverley Fredborg, Jim Clark, Stephen D. Smith, « An examination of personality traits associated with autonomous sensory meridian response (ASMR) », op. cit.

10 Gentle Whispering ASMR, « What is ASMR? », 15 décembre 2014, 7,248,485 vues au 16 février 2020, www.youtube.com/watch?v=Kb27NHO_ubg&

11 Dans l’étude de Barratt et Davies, seulement 5 % revendiquent les vidéos comme des stimulations sexuelles, Emma L. Barratt, Nick J. Davis, « Autonomous Sensory Meridian Response (ASMR): a flow-like mental state », p. 5.

12 Voir notamment la théorie du care : Pascale Molinier, Sandra Laugier, Patricia Paperman, Qu’est-ce que le care. Souci des autres, sensibilité, responsabilité, Petite Bibliothèque Payot, Payot & Rivages, Paris, 2009.

13 Joceline Andersen, op. cit., p. 10 et 15.

14 Claire Tolan, entretien par Alison Hugill, op. cit.

15 Bryson C. Lochte, Sean A. Guillory, Craig AH Richard, et al., « An fMRI investigation of the neural correlates underlying the autonomous sensory meridian response (ASMR) », BioImpacts: BI, no 8 (2018), p. 295-304, p. 297 et 302.

16 Voir là-dessus Sherry Turkle, Seuls ensemble. De plus en plus de technologies de moins en moins de relations humaines, traduction de Claire Richard, L’Échappée, 2015 (2012 pour la publication en anglais).

17 Tasha Bjelić, « Digital care », Women & Performance: a journal of feminist theory, no 26 (2016), p. 101-104, disponible sur www.womenandperformance.org/ampersand/tasha-bjelic

18 Nitin K. Ahuja, « “It Feels Good to Be Measured”: Clinical Role-Play, Walker Percy, and the Tingles », Perspectives in Biology and Medicine, no 56 (2013), p. 442-451.