88. Multitudes 88. Automne 2022
Majeure 88. Justice transformatrice

Phallicisme et abolition
Repenser la justice transformatrice à partir des Black Male Studies

Partagez —> /

Nous manquons d’outils théoriques pour décrire la condition à la fois raciale et genrée des hommes non blancs. Les Black Male Studies, ou études sur les hommes noirs, initiées par le philosophe africain-américain Tommy J. Curry, se donnent pour tâche de repenser leur condition, souvent marquée par une surexposition à la violence, et notamment à celle de l’État1. La notion de phallicisme, élaborée par Curry, fait partie de ces instruments. « Le phallicisme désigne la condition par laquelle les hommes d’un groupe racialisé ou ethnicisé dominé sont simultanément imaginés en tant que menaces et prédateurs sexuels, et constitués libidinalement comme sexuellement désirables par les fantasmes et fétichismes du groupe racial dominant2. » Depuis l’avènement de l’esclavage négrier, les hommes noirs se présentent simultanément dans l’économie libidinale occidentale comme, à la fois, des objets de possession, de crainte, de haine et de désir3. Ils sont redoutés en tant que violeurs et fantasmés comme objets de viol et d’appropriation par les Blancs4.

Par « abolitionnisme », je désigne les courants de pensée contemporains qui militent et argumentent en faveur de la suppression de la police, de la prison et plus généralement du système pénal tel que nous le connaissons5. Issu de la trajectoire abolitionniste, le courant de la justice transformatrice se présente comme une modalité non carcérale de résolution des conflits fondée sur la responsabilisation (accountability) et la transformation subjective des personnes ayant causé un tort. Cet article avance que les réflexions liées à l’abolition et à la justice transformatrice ne comprennent pas le rôle de la répression des hommes non blancs dans des sociétés structurées par l’héritage de l’esclavagisme, du colonialisme et de l’impérialisme, comme les États-Unis ou la France. Elles n’identifient pas la raison d’être de la prison et de la police. Or les Black Male Studies permettent de penser l’élimination des hommes non blancs comme l’une de leurs fonctions.

Les hommes non blancs comme sujets de l’abolitionnisme

Selon les statistiques du Ministère de la Justice au 1er décembre 2021, la France comptait 69 992 détenus. Une très vaste majorité de ces prisonniers, soit 67 759 individus, sont des hommes : la population carcérale française est masculine à 96,8 %6. Il n’existe pas de données officielles sur l’appartenance ethnico-raciale des prisonniers. Toutefois, certaines recherches en sciences sociales donnent une idée de la composition de cette population. C’est le cas d’une recherche menée au début du XXIe siècle par des sociologues de l’Université de Warwick : « En l’absence de statistiques officielles quant à l’ethnicité et la religion en France, les estimations approximatives situent la proportion de musulmans dans les prisons françaises autour de 60 % (alors qu’ils ne constituent que 7 % de la population française)7 ». Pour sa part, l’anthropologue Didier Fassin documente que, dans une maison d’arrêt où il a mené une ethnographie approfondie, « les hommes noirs et arabes représentaient les deux tiers de l’ensemble des détenus et même plus des trois quarts des moins de trente ans, lesquels constituaient la moitié de l’effectif total8 ». Il tient ces chiffres pour assez représentatifs des prisons françaises dans leur ensemble.

Aux États-Unis en 2019, la population carcérale comptait plus de deux millions d’individus, auxquels il convient d’ajouter 4,3 millions de personnes sous le coup de peines de sursis (probation) ou qui ont été libérées sous caution (parole)9. En 2018, les hommes représentaient 93 % de la population carcérale condamnée. En termes de répartition raciale, le même rapport de 2018 indique que les Noirs américains représentaient 33 % de la population carcérale condamnée, alors qu’ils constituent 12 % de la population adulte américaine. Les Hispaniques représentaient pour leur part 23 % des détenus, contre 16 % de la population adulte10.

La singularité de la situation carcérale étatsunienne tient à la proportion importante de la population placée sous les verrous ou sous contrôle judiciaire, puisqu’à la fin de l’année 2019, elle représentait un adulte américain sur 40. Toutefois, la composition démographique des détenus est, pour sa part, très similaire à celle de la France, puisque dans les deux pays les Blancs ne représentent approximativement qu’entre 40 % et 30 % de la population carcérale. Les institutions des deux pays ont été modelées par une histoire pluri-centenaire de racisme sanctionné par l’État. Comme l’écrit le sociologue Farhad Khosrokhavar : « Aux États-Unis, les jeunes hommes noirs derrière les barreaux sont les héritiers de l’ordre colonial qui asservissait les Noirs et qui a survécu – en se transformant – à une longue histoire de protestation de la part des populations afro-américaines, mais aussi de certains Blancs. En France, les jeunes des cités sont les représentants symboliques des populations colonisées en Afrique du Nord11. » L’ensemble de données qui viennent d’être rappelées nous force à constater que l’un des phénomènes les plus saillants du système pénal actuel y est la surreprésentation massive des hommes non blancs.

S’il est loin d’être inconnu, ce phénomène n’est cependant pas souvent analysé au moyen de concepts aptes à le rendre intelligible. Les interprétations fournies par les Black Male Studies sont tout indiquées pour comprendre la situation, mais aussi pour repenser les arguments normatifs mobilisés en faveur de l’abolition du système pénal. Cet article soutient que tout abolitionnisme qui ne tient pas compte de la fonction d’élimination des hommes non blancs comme centrale pour le système pénal se condamne à en répéter la logique au lieu de la désamorcer. Certes, ce dernier en occupe bien d’autres, comme la protection de la propriété privée lucrative justement reconnue par la critique marxiste. Cependant, le traitement spécifique des hommes non blancs fait l’objet de tant d’interprétations erronées qu’il mérite une attention particulière. En effet, le discours contemporain de l’abolitionnisme et de la justice transformatrice ne prend pas la mesure de la nature des politiques étatiques dirigées contre les hommes noirs, arabes et hispaniques des deux côtés de l’Atlantique.

La négligence des hommes non blancs dans le discours abolitionniste

Au début d’un ouvrage consacré à l’abolition du système pénal, la chercheuse féministe Gwenola Ricordeau écrit : « Des femmes sont en prison, certes en plus petit nombre que les hommes. Néanmoins, les conséquences sociales (en particulier sur les enfants) de leur incarcération sont plus importantes que dans le cas des hommes12. » Bien que pour chaque femme il y ait environ 20 hommes derrière les barreaux, nous sommes invités à croire que l’impact social de l’emprisonnement des femmes excéderait celui des hommes. Même si Ricordeau reconnaît à plusieurs reprises au cours de l’ouvrage que les hommes non blancs sont « surreprésentés parmi les personnes judiciarisées » et même si elle fustige le féminisme carcéral qui contribue à leur incarcération13, sa définition de l’abolitionnisme comme « féministe » et comme « queer » ne considère pas le sort réservé aux hommes non blancs. Malgré ces précautions, son raisonnement concourt à définir les hommes non blancs, qui constituent la majorité des prisonniers, comme des populations surnuméraires, virtuellement inutiles. Une telle analyse, qui légitime l’emprisonnement au moment même où elle le critique, reflète un statu quo de la réflexion abolitioniste féministe où les hommes noirs et arabes apparaissent comme des êtres jetables, toxiques et dénués d’utilité sociale. L’enjeu prioritaire n’y est donc pas de critiquer le système pénal depuis la perspective de ses principales victimes, à savoir ceux qui constituent la grande masse des détenus, mais depuis le point de vue jugé plus acceptable des féministes.

Pourtant, l’idée selon laquelle la présence ou l’absence sociale des hommes non blancs serait indifférente est loin d’aller de soi. Le sociologue africain-américain Alford Young Jr. montre que l’élimination des hommes noirs n’est pas un phénomène marginal et sans conséquence aux États-Unis. Du fait de la mort prématurée et de l’incarcération de masse, deux fléaux qui touchent les hommes noirs de manière prépondérante, il n’y a aujourd’hui que 83 hommes noirs pour 100 femmes noires en capacité de circuler dans les rues états-uniennes14. Si l’impact démographique de la disparition des hommes noirs saute aux yeux d’un point de vue quantitatif, cette absence produit également des effets délétères sur l’ensemble de la communauté dont elle altère la qualité de vie. « Les Noirs subissent une détérioration prématurée de leur santé, due à l’impact cumulé d’expériences répétées d’adversité sociale ou économique et de marginalisation politique. L’expérience de la mort et le stress du survivant ont un impact unique sur la qualité de vie des Noirs, quel que soit leur statut socioéconomique15. » Autrement dit, les communautés noires étatsuniennes sont cibles d’une soustraction violente des hommes génératrice de pathologies sociales.

L’activiste de la justice transformatrice Mariame Kaba est si consciente de cet enjeu qu’elle a consacré à l’incarcération des hommes noirs un émouvant livre pour enfants intitulé Missing Daddy. Pour autant, sa pensée témoigne du même refus de faire des hommes noirs le sujet de l’abolitionnisme. Elle narre ainsi ses recherches autour du cas de Beverly Lee, victime de 13 ans d’un crime policier commis à Detroit en 1947 : « J’étais particulièrement intéressée par cet incident car je pensais que Beverly était une fille et les cas de violence policière impliquant les filles et jeunes filles noires sont souvent négligés. […] Des campagnes actuelles comme #SayHerName dénoncent l’effacement de la violence d’État contre les femmes noires16. » Cependant, ses espoirs sont rapidement déçus : « Grâce à davantage de recherches, j’appris que Beverly Lee était en fait un garçon17. » Ce désir ardent d’identifier, au milieu d’une masse innombrable d’hommes noirs violentés par la police et la justice, quelques femmes victimes est symptomatique de la criminalisation dont ils sont l’objet, y compris au sein du discours abolitionniste. Leur visage n’y est pas présentable.

Le fait que les mobilisations contre la police et la prison se concentrent sur le groupe qui en est incontestablement le plus massivement victime est ainsi perçu comme une injustice faite aux femmes. Cette confusion, liée au fait que l’abolitionnisme méconnait trop souvent que le ciblage des hommes noirs et arabes, est moins due à leur mauvais comportement ou à leur socialisation patriarcale et violente supposée18 qu’au fait que leur harcèlement et leur élimination constituent l’une des raisons d’être du système pénal. Seule l’ignorance théorique de cette misandrie raciale d’État conduit à interpréter la surreprésentation des hommes non blancs parmi ses victimes comme un effacement indu des femmes.

Les Black Male Studies pour une nouvelle critique du système pénal

Il ne suffit pas de reconnaitre une exposition plus grande des hommes non blancs à la violence d’État pour en développer une interprétation pleinement convaincante. L’analyse d’Angela Davis est exemplaire des contradictions de l’abolitionnisme actuel : « À bien des égards l’expérience des hommes noirs au sein du système pénal est unique. La différence la plus notable est qu’ils sont traités plus défavorablement que tout autre groupe démographique étatsunien, et ce à chaque étape du processus19. » On affirme que la situation des hommes noirs est unique, mais on la décrit aussitôt comme une simple différence quantitative et non qualitative avec les autres groupes. Souvent, on théorise cette situation comme le simple effet d’un racisme résiduel, instrumentalisé afin de garantir le maintien de l’ordre et de prévenir toute révolte sociale20. Certes, certains textes remettent en cause ces approches fonctionnalistes du racisme21. Mais, du fait de leur propension à opérer selon des assomptions féministes, ces orientations n’offrent aucune explication du ciblage spécifique des hommes non blancs.

Les Black Male Studies permettent de reprendre la critique abolitionniste sur des bases nouvelles, débarrassées d’un fond raciste persistant. Le féminisme anticarcéral se revendique en effet comme l’héritier du suffragisme nord-américain du XIXe siècle : « Le mouvement philanthropique qui a accompagné, dans les pays occidentaux, la première vague du féminisme s’est beaucoup intéressé aux prisons pour femmes. Aux États-Unis, son attention s’est focalisée sur les femmes blanches avec lesquelles s’identifiaient les réformatrices, elles-mêmes blanches22. » L’abolitionnisme féministe conçoit sa propre histoire comme la radicalisation continuelle de principes voués à bénéficier à toujours plus d’individus. Mais c’est ignorer que le racisme à l’égard des hommes noirs était partie intégrante de la pensée des suffragistes elles-mêmes. Des militantes majeures comme Elizabeth Candy Stanton, Charlotte Gilman ou Rebecca Felton tenaient les hommes noirs pour de dangereuses brutes assoiffées de viol que la race blanche avait pour mission de soumettre.

« Le suffragisme et, par conséquent, le féminisme du XIXe siècle, dépendait de la caricature des hommes noirs en violeurs, non seulement pour faire avancer la cause des droits des femmes, mais pour justifier l’extermination des hommes inférieurs et sauvages au sein de la trajectoire évolutionnaire de la civilisation blanche23. » L’amélioration des conditions de détention des femmes blanches et l’accentuation de la criminalisation des hommes noirs procèdent d’une même logique de promotion de la suprématie blanche. Il ne s’agit pas d’un philanthropisme abstrait susceptible, in fine de bénéficier à chaque être humain, mais plutôt d’une politique raciale modelée en fonction d’un idéal de civilisation né du contraste de la perfection morale des femmes blanches et de l’abjection des mâles nègres. Dès lors que l’on comprend l’élimination des hommes non blancs comme une fonction essentielle de la prison et de la police, la critique féministe du carcéral issue des suffragistes apparait comme enracinée dans l’exacte logique phalliciste qui structure toujours les prisons occidentales au XXIe siècle.

Les paradigmes issus du féminisme sont inadaptés à une critique radicale du système pénal car ils n’envisagent pas ses principales victimes comme des sujets politiques au sens plein du terme, mais toujours d’abord comme des problèmes. Précurseur des Black Male Studies, le psychologue africain-américain Amos Wilson a critiqué dans les années 1990 le mythe de la criminalité des hommes noirs24. Il conteste une propension à confondre les taux d’arrestation avec des taux de criminalité fiables, fixant les hommes noirs dans un rôle social d’éternels criminels. « Le nombre d’hommes en prison représente le nombre d’hommes qui ont été arrêtés. C’est tout ce que cela représente. Au sens le plus pur du mot, vous pouvez être en prison sans avoir commis aucun crime. Que vous soyez en prison ne veut pas dire que vous ayez commis un crime ou que vous soyez profondément criminel. Supposer que nos hommes sont plus criminels parce qu’ils sont plus nombreux en prison que les autres groupes constitue un saut logique fallacieux25. » Nous sommes invités à considérer l’hypothèse selon laquelle l’arrestation, l’emprisonnement et le harcèlement pénal des hommes noirs serait pour l’État une fin en soi. Il n’y aurait pas, comme l’écrit Davis, une différence d’intensité entre le traitement des hommes blancs et non blancs – mais une différence de nature.

Le mouvement de la justice transformatrice se présente comme un mouvement guidé par les intérêts des personnes non blanches LGBTQIA+. Mais le traitement insoutenable des femmes trans non blanches par l’État demeure inexplicable tant qu’on ne comprend pas qu’elles sont perçues par l’institution comme des hommes noirs, hispaniques ou arabes, et que ce statut les positionne comme des individus à abattre. Transphobie et phallicisme s’alimentent réciproquement. Leur position au croisement d’innombrables fantasmes et désirs d’humiliation rend les femmes trans non blanches exceptionnellement vulnérables26.

Comme en témoignent les récentes affaires Michel Zecler en France ou Anthony Broadwater aux États-Unis, les hommes noirs n’ont pas besoin d’avoir commis de délit pour être violentés, arrêtés ou incarcérés. Quant aux délits existants, tels ceux liés au trafic et à la consommation de stupéfiants, ils sont taillés sur mesure pour permettre leur suppression judiciaire. Tous ces éléments nous forcent à envisager, ne fut-ce qu’à titre d’hypothèse, que l’une des finalités du système pénal est l’élimination réelle et symbolique des hommes non blancs : leur enfermement dans une forme-de-mort27. La police et la justice blanches sont guidées par l’idée sous-jacente qu’une société sans les hommes non blancs est préférable à une société avec eux.

Conclusion

L’un des paradigmes de la justice transformatrice est que les mêmes pulsions, biais cognitifs et violences traversent l’État, la société civile et les individus qui s’y voient socialisés28. Cependant, ce point de départ ne semble pas avoir conduit les promoteurs de cette approche à questionner les continuités entre la caricature, la criminalisation et la déshumanisation auxquelles les hommes non blancs font face dans la société ni la méfiance dont ils font l’objet dans de larges pans du discours abolitionniste. Tant qu’ils ne consacreront pas leurs forces à réhumaniser les hommes non blancs au sein de leurs discours et de leurs théories, l’abolitionnisme et la justice transformatrice demeureront enfermées dans le phallicisme et le racisme qui constituent le cœur du complexe carcéro-industriel. Ce n’est qu’à ce prix que pourra s’interrompre le cycle de la violence.

1Tommy J. Curry, The Man-Not: Race, Class, Genre, and the Dilemmas of Black Manhood, Philadelphie, Temple University Press, 2017.

2Tommy J. Curry, « Killing Boogeymen. Phallicism and the misandric mischaracterization of Black males in theory », Res Philosophica, vol. 95, no 2, 2018, p. 265.

3Norman Ajari, « Du désir négrophilique : Arthur Jafa contre l’érotique coloniale de la masculinité noire », Minorit’Art, no 3, 2019, pp. 134-143.

4Thomas A. Foster, Rethinking Rufus: Sexual Violations of Enslaved Men, Athens, The University of Georgia Press, 2019.

5Geo Maher, A World Without Police, Londres, Verso, 2021.

6Ministère de la Justice, Statistique des établissements des personnes écrouées en France, 1 décembre 2021, www.justice.gouv.fr/art_pix/Statistique_etablissements_personnes_ecrouees_France_01122021.pdf.

7Danièle Joly & Jim Beckford, «Race relations and discrimination in prison: the case of Muslims in France and Britain », Journal of Immigrant and Refugee Studies, vol. 4, no 2, 2006, p. 4.

8Didier Fassin, L’Ombre du monde. Une anthropologie de la condition carcérale, Paris, Seuil, 2017, p. 130.

9U.S. Department of Justice, Correctional Populations in the United States, 2019: Statistical Tables, July 2021, p. 5, https://bjs.ojp.gov/sites/g/files/xyckuh236/files/media/document/cpus19st.pdf.

10U.S. Department of Justice, Prisoners in 2018, Avril 2020, https://bjs.ojp.gov/content/pub/pdf/p18.pdf.

11Farhad Khosrokhavar, Prisons de France : Violence, radicalisation, déshumanisation, Paris, Robert Laffont, 2016, p. 13.

12Gwenola Ricordeau, Pour Elles Toutes : Femmes contre la prison, Montréal, Lux Éditeur, 2019, p. 11.

13Ibid., p. 67 et p. 152.

14Alford Young Jr., A., Are Black Men Doomed ?, Cambridge, Polity, 2018.

15Tommy J. Curry et Gwenetta Curry, « Critical Race Theory and the demography of death and dying », in Vernon Lee Farmer et Evelyn Shepherd W. Farmer (dir.), Critical Race Theory in the Academy, Charlotte, Information Age Publishing, 2020, p. 100.

16Mariame Kaba, We Do This ’til We Free Us, Chicago, Haymarket Books, 2021, p. 8.

17Ibid., p. 9.

18Norman Ajari, Noirceur : Race, genre, classe et pessimisme dans la pensée africaine-américaine au XXIe siècle, Paris, Divergences, 2022, pp. 112-113.

19Angela Davis, « Introduction », Policing the Black Man: Arrest, Prosecution, Imprisonment, New York, Vintage Books, 2018, p. XIV.

20Keeanga-Yamahtta Taylor, From #Blacklivesmatter to Black Liberation, Chicago, Haymarket Books, 2016.

21Jared Sexton, Black Men, Black Feminism: Lucifer’s Nocturne, Londres, Pelgrave, 2018 ; Jackie Wang, Capitalisme carcéral, trad. Philippe Blouin, Paris, Divergences, 2019.

22Gwenola Ricordeau, Pour Elles Toutes, op. cit., p. 148.

23Tommy J. Curry, « He Wasn’t Man Enough: Black Male Studies and the ethnological targeting of Black men in Nineteenth-Century suffragist thought », in Jeanette R. Davidson (dir.), African American Studies, Édimbourg, Edinburgh University Press, 2021, p. 220.

24Amos Wilson, Black-on-Black Violence: The Psychodynamics of Black Self-Annihilation in Service of White Domination, New York, Afrikan World InfoSystems, 1991.

25Amos Wilson, Issues of Manhood In Black and White, New York, Afrikan World InfoSystems, 2017, p. 11.

26Collectif, Afrotrans. Perspectives, entretiens, poésies, Paris, Cases Rebelles, 2019.

27Norman Ajari, La Dignité ou la Mort : Éthique et politique de la race, Paris, La Découverte, 2019, p. 93.

28adrienne maree brown, We Will Not Cancel Us, Chico, AK Press, 2020, p. 68.