« Si la migration est une affaire de dire autant que de faire, de voix autant que d’action, c’est bien que la parole est elle-même action et praxis sociale. »
Cécile Canut & Alioune Sow, 2014
Je m’intéresserai ici au parcours de Luciano1, ressortissant camerounais installé au Pays basque espagnol, pour interroger la fabrication de la figure de l’artiste par le prisme du récit de soi comme d’une personnalité a priori vulnérable. Luciano est arrivé à Saint-Sébastien, principale ville balnéaire du Pays basque espagnol, à l’été 2018 après un voyage de plusieurs années qui l’a mené du Cameroun à l’Espagne, via le Nigéria, le Niger, l’Algérie et le Maroc. Cette traversée lui a inspiré le surnom dont il s’est affublé, « Luciano Tanger 997 » (1997 étant son année de naissance). Le récit qu’il fait de sa migration et la construction de sa figure d’artiste sont indissociables. Pour autant, ce récit laisse peu à peu place à d’autres formes de narration : des chansons, des contes, des récits fictifs, des vidéos d’encouragement à l’usage des migrant·e·s. Ainsi, sa parole invite à être traitée autrement que comme une pure narration informative sur son expérience migratoire. Elle est également une parole performative qui agit sur les représentations, notamment celle de la catégorie « migrant·e·s ». Pour étayer cette idée, je m’appuierai sur une chanson que Luciano a composée avec d’autres dits « migrants » et jeunes basques en 2018, ainsi que sur le récit Sur le chemin de ses rêves, récit biographique que Luciano et moi-même avons co-écrit en 2020-20212. J’alternerai moments d’analyse et moments d’entretien avec Luciano, datés pour la plupart d’août 2021.
La chanson Txantxafrika
Lorsqu’il arrive à Saint-Sébastien à l’été 2018, Luciano dort d’abord dans un local de la Cruz Roja, puis dans les bois, puis dans une maison de la jeunesse aux côtés de compatriotes camerounais : le gaztetxe Txantxarreka3. Pour Luciano, le gaztetxe restera « la Reine Mère », le lieu qui le loge plus d’un an et qui lui permet de tenir un micro pour la première fois. Le gaztetxe dispose d’une scène et d’un matériel de sonorisation, des concerts y sont souvent programmés le week-end. À l’été 2018, pour médiatiser l’accueil qui s’y organise, les jeunes de la maison et les accueillis créent une chanson, Txantxafrika, qu’ils enregistrent au gaztetxe en un après-midi, diffusent sur YouTube4 et chantent sur scène dans une salle de musiques actuelles reconnue de Saint-Sébastien : le Doka. Cela sera pour Luciano et pour les autres accueillis un grand moment de reconnaissance : ils prennent la parole en public, sur scène et dans leur langue maternelle s’ils le souhaitent, ainsi qu’en basque, la principale langue parlée au gaztetxe avec l’espagnol, pour dire leur migration, et leur arrivée. Voici ce que Luciano dit du concert :
« Je n’avais jamais pris le micro comme ça. On était tous les Blacks de Txantxarreka sur scène. Nous avons chanté :“Afrikarak Txantxarrekan dira. Ongi etorri Euskal Herrira ! Afrikarak Txantxanrekan dira. Ongi etorri Euskal Herrira ! [Les Africains sont à Txantxarreka. Bienvenus au Pays basque !]”. Avec l’argent du concert, nous avons décidé de faire faire nos passeports à Madrid. Tout le quartier nous a aimés, on nous a pris, on nous a chéris, on a fait un an à Txantxarreka. »
La parole performée inscrit les accueillis dans leur environnement local et national. Les fonds récoltés à l’occasion du concert leur permettent de renouveler leurs papiers d’identité à Madrid. Dans la version de la chanson diffusée sur YouTube5, l’introduction est improvisée par Luciano :
« La vie ne m’a jamais laissé le choix. De l’humilité procède la gloire. Seule la foi et la patience apportent la réussite. Avec cette même foi et cette même patience tu pourras toujours y arriver, garde la tête haute. Faut toujours dire merci à Dieu. Il faudrait toujours dire… »
L’improvisation de Luciano s’appuie sur une rhétorique qui lui est propre : foi, patience, humilité, des mots forgés dans son expérience migratoire et que l’on retrouve aujourd’hui dans les vidéos d’encouragement qu’il réalise à destination des migrant·e·s. Les couplets improvisés par deux autres accueillis nomment le gaztetxe, le quartier, les personnes présentes lors de l’enregistrement. Raconter sa migration, c’est aussi nommer les personnes et les lieux que l’on côtoie, les faire exister et ainsi leur donner une reconnaissance. La chanson, diffusée sur internet et localement grâce au concert, fournit l’occasion aux occupant·e·s du lieu d’affirmer leur vocation d’accueil et aux nouveaux accueillis de renforcer leur appartenance au lieu. Elle participe à la construction d’une « communauté émotionnelle » (Rosenwein, 2001, 2002, 2006) œuvrant pour l’accueil des migrants au Pays basque.
Depuis l’hiver 2019, Luciano vit en chambre chez l’habitant dans la banlieue de Saint-Sébastien. Il s’y est aménagé un home studio pour faire de la musique. À la rentrée 2021, il débute une formation en mécanique après en avoir effectué une en électricité industrielle et une autre en marketing et communication. « J’aime être polyvalent », dit-il. Cette polyvalence s’explique aussi par une longue attente à tromper : celle de l’arraigo social, littéralement enracinement social, une des configurations selon lesquelles un étranger peut demander une carte de résidence sur le territoire espagnol. L’arraigo social nécessite trois ans de présence sur le territoire, la promesse d’un contrat de travail de plus d’un an et la preuve d’une bonne insertion sociale. La polyvalence de Luciano pour tromper une situation d’attente est aussi une polysémie de mots. Au Cameroun déjà, Luciano a fait de nombreux petits boulots : crieur de rue, vendeur de glaces, porteur porteur au marché6, guide pour touristes… Une fois en Europe, celui qui se faisait appeler Balago Azur7 continue d’entreprendre dans divers domaines : importation d’habits depuis le Cameroun, écriture, composition musicale et filmique8. Dire les lieux qu’il traverse et habite, écrire les petits-boulots qu’il a faits, les surnoms qu’il s’attribue ou qu’on lui attribue, lui donne prise sur son environnement. À cet égard, Cécile Canut et Alioune Sow font de l’hétérogénéité de la parole un trait caractéristique des récits de migration. Selon eux, la mobilité pousse à développer des « perceptions simultanées », qui se traduisent en « flux de paroles diverses qui ne cessent de circuler » (Canut et Sow, 2014 : 10). L’expérience de la migration et sa mise en scène pour soi et pour les autres étant continuellement changeante, altérée par les rencontres avec des personnes, des lectures, des écoutes, l’écriture se présente comme un processus de déploiement et d’exploration de ces altérations. Le titre de la chanson Txantxafrika est en lui-même une altération : la conjonction du basque txantxarreka, plaisanterie, et du terme « Afrika ».
Est-ce que tu écrivais au Cameroun ?
« L’écriture m’a accompagné durant mon parcours, durant mes expériences de vie. Celles que je relate dans mon livre [Sur le chemin de ses rêves]. J’avais pas de journal au pays. Au Cameroun, je n’étais pas encore captivé par l’écriture. Ensuite, j’ai conservé les messages dans Messenger. Je ne connaissais pas encore Googlenote, ou autre. C’était pour conserver, pour que ça reste là. J’ai écrit petit à petit jusqu’à y prendre goût. Lors de mon chemin, quand je m’ennuyais, je mettais mon casque, j’écoutais ma musique, je commençais à écrire, écrire…Quand je suis arrivé en Europe, quand ils m’ont dit trois ans…Qu’est-ce que je vais faire en trois ans ? Je vais faire mes études ! Et entre temps, qu’est ce qui peut m’occuper ? Lorsque je suis tranquille, je relate au fur et à mesure. Mes difficultés, mes bonheurs, j’écrivais tout. J’avais aussi la certitude que le jour où j’aurai l’opportunité de faire un film ou un livre, il faudrait que je sois bien préparé. Tu es arrivée pile, net, au bon moment. »
Écrire le récit de son expérience migratoire
En mars 2020, la mère de Luciano décède au Cameroun. Écrire devient alors une nécessité de survie, pour donner sens à son départ. Il me demande de l’aider. La crise sanitaire et la fermeture de la frontière franco-espagnole rendent impossible mes visites à Saint-Sébastien. Nous travaillons donc essentiellement par téléphone, de mars 2020 à juin 2021, à un récit dont nous ne savons pas au départ qu’il serait autobiographique. Nous planifions nos échanges selon les thèmes qui lui paraissent les plus évidents : les différentes étapes de son voyage, les personnes importantes rencontrées sur son parcours. Nous enregistrons nos conversations et Luciano m’envoie des notes vocales sur WhatsApp. Ce qu’il dit, je l’écris puis le réécris à la lumière de nouvelles conversations. Luciano a déjà un récit oral très élaboré au moment de nos premières discussions. Il se représente aisément les dates, les villes, les personnes, il se souvient de situations très concrètes, le retard d’un hébergeur à la gare, les chaussures qu’il portait…Des éléments qu’il me narre avec une certaine tonalité. D’autres éléments émergent au fil de nos discussions : notre collaboration le pousse à mener des recherches topographiques et linguistiques. La représentation qu’il a de sa migration se modifie au fil de l’écriture.
Le texte compte aujourd’hui douze courts chapitres, le dernier étant un conte : Rafa, Premier départ, Brenda, Nouvelle aventure au Nigéria, Niger, Algérie, Maroc, La forêt, Préparer la frappe, Boza, L’arrivée en Europe, Morkam la canne et Mambou la poule. Les titres annoncent soit la rencontre décisive d’une personne, soit un changement géographique provoqué par un événement. Les différents personnages que Luciano fait intervenir dans son récit apparaissent et disparaissent au gré de la synchronie propre aux chemins partagés de l’exil : même passeur, même lieu d’hébergement, mêmes techniques et trajectoires de refoulement par la Police. Le conte Morkam la canne et Mambou la poule, lui, fait partie de la dizaine de contes que Luciano a créé oralement et qu’il garde en mémoire. L’écriture de ce conte-ci a motivé l’écriture des autres contes, encore inédits. Le texte Sur le chemin de ses rêves est ainsi le sédiment de dizaines d’heures de discussions et d’écrits qui prolongent une pratique orale et écrite de Luciano, pendant et avant la migration.
À l’été 2019, Luciano me dit : « En Europe, on te réinstalle ton cerveau. Au mieux, c’est un ou deux ans d’apprentissage de la langue, dont une formation à l’orientation d’expression, c’est-à-dire qu’on te dit quoi dire ou ne pas dire comme il se doit. S’en suivent ou un deux ans de formation professionnelle. Ça, c’est dans l’idéal. Ça peut rendre dingue ». Pour ne pas devenir « dingue » dans l’attente, Luciano suit des formations et écrit, sur WhatsApp, sur Facebook Messenger, pour raconter des récits comme il le souhaite, comme ils lui viennent, et non pas comme il se doit. Certaines personnes, comme Luciano, sont passées maîtresses dans la narration de leur histoire et dans la réponse aux métadiscours qu’elle suscite. Il a pu s’entraîner à la prise de parole lors de son hébergement au gaztetxe Txantxarreka, qui a reçu de nombreux journalistes. Il est conscient que les récits de migration racontés à la première personne jouissent d’un certain public et peuvent lui apporter une visibilité sociale.
Dans un article publié en 2014, Annalisa Maitilasso remarque que « des migrants, qui ont acquis une solide maîtrise narrative, peuvent troquer leurs récits de vie contre une reconnaissance sociale, du prestige ou même de l’argent9 ». Cependant, la prise de parole en public, y compris dans le cadre supposé bienveillant et critique de recherches en sciences sociales, reste une prise de risque. Accepter de prendre la parole peut signifier perdre le contrôle sur ce qui sera dit de soi. En octobre 2020, la voix de Luciano résonnait dans l’auditorium du conservatoire de Bayonne : « Lorsque j’étais en Afrique, je rêvais d’être un artiste. Ça reste toujours un rêve. Je suis arrivé en Europe, j’ai fait un concert qui m’a donné la possibilité de dire et enfin, j’ai réalisé ce dont j’avais tant rêvé10 ». Il intervenait dans une table-ronde « Littératures et migrations » à laquelle je l’avais invité en ma qualité de programmatrice bénévole du festival Haizebegi (festival des mondes de la musique à Bayonne)11. Il se risquait alors à répondre à des questions intimes – d’où viens-tu ? Pourquoi es-tu parti ? – qui lui sont familières. Luciano est lucide sur la parole qui est attendue de lui en tant que migrant. En même temps, il sait déjouer les attentes de ses interlocuteurs et de son potentiel public. Il livre des données chiffrées sur sa migration, puis il rebondit en ellipses et dictons. Sa créativité se développe à partir du cadre imposé – « raconte-nous ton histoire de migration » – vers un style de discours qui lui est propre et qui transcende son expérience de la migration. En cela, il est un artiste engagé, non dans le sens d’un artiste militant ouvertement pour une cause mais en tant que son discours déconstruit les représentations fantasmées de « la vie de migrants ». Raconter sa migration n’est d’ailleurs qu’une partie de son projet narratif. « Raconter mon histoire, c’est une étape. Derrière mon histoire viendra autre chose comme les contes, le film. C’est juste un moyen pour pouvoir canaliser les idées, et les yeux du monde », dit-il. Il réfléchit à faire une série d’interventions en milieu scolaire pour dire ses contes, qui pourrait s’appeler « Luciano cuenta », « Luciano raconte ».
Le fait de raconter leur expérience migratoire peut doter les migrant·e·s d’un capital narratif dont ils ou elles peuvent se servir pour s’engager dans des parcours d’auteur·e·s et impliquer d’autres acteurs, le plus souvent déjà engagé·e·s dans le champs des migrations. Les enjeux de reconnaissance sociale évoqués par Annalisa Maitilasso ne concernent donc pas seulement les auteur·e·s migrants mais également tout un réseau d’acteurs qui mettent en valeur leur parole ou portent une parole sur la migration. L’écriture du texte Sur le chemin de ses rêves amène Luciano à développer des collaborations avec des écrivain·e·s, des chercheur·se·s, des comédien·ne·s. À l’hiver 2020, Marie Cosnay, écrivaine et co-fondatrice de la collection dans laquelle le texte est publié, profite d’une résidence qu’elle réalise aux Ateliers Médicis pour faire lire un extrait du texte par le comédien Pierre Baux. La lecture est filmée et mise en ligne sur YouTube, sur la chaîne des Ateliers Médicis12. La vidéo inspire à Luciano l’idée d’une version hispanophone qui serait lue par un comédien camerounais résidant en Espagne.
Qu’est-ce que tu aimerais écrire à l’avenir ?
« Je sais pas, on ne peut pas tout mettre dans un ballot ! Tu sais, mon grand-père sortait avec ses jetons pour aller boire le vin de raphia, le matango. Il s’asseyait avec ses jetons partagés entre ses poches. Dans sa tête, il doit savoir combien il a dans chaque poche. Telle poche pour ma ration de bière, telle poche pour acheter mes engrais. Puisque lui ne mettait pas l’argent en banque. Il partageait comme ça. Il pouvait demander crédit si une poche était vide même si les autres poches étaient pleines. Pour les engrais, pour les autres choses à faire. Voilà pourquoi je disais Partage tes richesses. Pas tout dans le même bouquin, c’est dangereux. En deux ans de route, j’ai beaucoup écrit. Il faut juste apprendre à se canaliser. Et comme je compte encore faire un film… »
C’est notamment par ce procédé, par développement successif d’anecdotes et de dictons, que nous avons co-écrit le texte Sur le chemin de ses rêves. Ce qui apparaît dans ce texte, ce n’est pas seulement le voyage de la personne vulnérable. C’est aussi une forme d’humour, un style oral et imagé, la description de situations avant et après le voyage. En élargissant la lentille de ce qui apparaît dans le texte d’un supposé « migrant », le récit montre la migration d’une autre façon. Il change la forme et le contenu de ce qui est supposé être la vie précaire du migrant, bien que Luciano partage les différentes étapes de son périlleux voyage et les expressions originales qui les désignent, comme « boza » qui est le titre même du récit d’Ulrich Cabrel13, avec des milliers de migrant·e·s. Le récit fait le portrait d’une personnalité complexe qui repense chaque obstacle pour faire avancer l’histoire. Bien sûr, le texte s’inscrit dans une tactique de mise en scène de soi dans un contexte où les récits de vie à la première personne sont valorisés. Bien sûr également, ma collaboration participe à la construction de la figure d’artiste de Luciano. Pour autant, celle-ci est multiforme et s’appuie sur une parole originale qui dit quelque chose du monde, et pas seulement de la migration. Luciano crée des imaginaires informés par son expérience migratoire. Son récit s’inscrit dans une littérature de migration, une appellation qui permet « d’en finir avec la convergence totale et superflue entre le texte (la thématique de la migration) et la biographie de son auteur, et de rompre la division artificielle entre le texte (la dimension intratextuelle ou esthétique) et son contexte (la dimension extratextuelle ou sociologique) » (Declercq, 2011 : 310). Comme Luciano le dit et l’écrit, « mon rêve ne s’est pas accompli, mais il s’est réalisé quelque part ». Et « quelque part », c’est notamment dans le récit.
Arzallus Antia, Amets et Balde, Ibrahima, Miñan, Susa Literatura, Zarautz, 2019
Cabrel, Ulrich et Longueville, Etienne, Boza !, éditions Philippe Rey, Paris, 2020
Canut, Cécile et Sow, Alioune, « Les voix de la migration. Discours, récits et productions artistiques », in Cahiers d’études africaines, 213-214, 2014, p. 9-25
Corsani, Antonella, et al. « Narrations postcoloniales », in Multitudes, vol. 29, no 2, 2007, p. 15-22
Declercq, Elien, « ’Écriture migrante’, ’littérature (im)migrante’, ’migration literature’ : réflexions sur un concept aux contours imprécis », Revue de littérature comparée, vol. 339, no 3, 2011, p. 301-310
Fadiga, Mouhamed Sanoussy, Un sur mille, éditions Dacres, coll. Ces récits qui viennent, Paris, 2021
Fotso Toukam Junior, Baba, accompagné de Clouet, Claire, Sur le chemin de ses rêves, éditions Dacres, coll. Ces récits qui viennent, Paris, 2021
Le Courant, Stefan, « « Le jour où on a découvert l’Europe » », in Hommes & Migrations, no 1306, « Écrire la migration », 2014, p. 73-80
Maitilasso, Annalisa, « « Raconte-moi ta migration » », Cahiers d’études africaines, no 213-214, 2014, p. 241-265
Mazauric, Catherine, « Portraits de l’Autre dans quelques récits de migration transméditerranéenne », in L’Afrique en mouvement, 2013, p. 85-94
Ngatcheu, Stéphen, Chez moi, ou presque…, éditions Dacres, coll. Ces récits qui viennent, Paris, 2020.
Jeunes et Mineurs en Mobilité (revue), coor. Daniel Senovilla Hernandez et Cléo Marmi, nº 5, 2019-2020, Paroles de Jeunes : www.infomie.net/IMG/pdf/jmm5_version_web.pdf
1 Luciano est un nom d’usage. Son nom d’auteur est Junior Baba Fotso Toukam.
2 Le récit a été publié en novembre 2021 aux éditions Dacres dans la collection Ces récits qui viennent, collection cocréée par Marie Cosnay, écrivaine et activiste pour l’accueil des migrants, Daniel Senovilla-Hernandez, ingénieur de recherches au laboratoire Migrinter du CNRS et Stéphane Bikialo, professeur de langue et littérature françaises à l’université de Poitiers. La collection est dédiée aux auteurs et autrices migrant·e·s. Son but est « de prendre acte que ces récits peuvent apporter quelque chose de nouveau à la littérature et que la littérature peut apporter à ses auteurs une forme d’expression et de partage non conditionnée par les multiples enjeux de la vie en exil » ; voir la présentation de la collection sur le site de l’Observatoire de la Migrations des Mineurs : http://o-m-m.org/index.php/category/collection-ces-recits-qui-viennent (consulté le 24 octobre 2021).
3 Les maisons des jeunes, gaztetxe au singulier (prononcer gastetché) sont des lieux culturels autogérés que l’on trouve au Pays basque des deux côtés de la frontière franco-espagnole. C’est au gaztetxe Txantxarreka que j’ai rencontré Luciano en février 2019. Je commençais alors une enquête d’anthropologie de la musique sur l’accueil des migrants au Pays basque (voir le site https://musika.hypotheses.org). Le gaztetxe m’intéressait particulièrement car c’était un lieu d’hébergement de migrants hors norme : un lieu culturel en activité, en plein centre-ville et non en périphérie comme c’est souvent le cas. Les pratiques musicales faisaient partie de la vie du lieu. Luciano et les autres hébergés y organisaient des réunions, des répétitions musicales, des fêtes. Ils rejoignaient la plage d’Ondaretta en cinq minutes à vélo. Habitant au centre du quartier Antiguo, ils pouvaient ainsi expérimenter leur « droit à la ville » de Saint-Sébastien, pour reprendre le titre de l’ouvrage du sociologue Henri Lefebvre.
4 Elle est disponible ici : www.youtube.com/watch?v=67mVbzIMTOs&ab_channel=IrutxulokoHitza (consulté le 24 octobre 2021).
6 Porter les achats que les personnes effectuent aux marchés.
7 « Balago » en référence aux mines d’extraction d’or Youga et Balogo au Burkina Faso ; « Azur » en référence à une marque de savon populaire au Cameroun. Chacun des pseudonymes que se donne Luciano porte l’empreinte de son environnement immédiat et des lieux qu’il traverse. « Balago Azur » dans sa jeunesse au Cameroun, « Luciano Tanger 997 » pendant et après sa migration du Cameroun vers l’Espagne.
8 Luciano envisage de tourner un film au Cameroun. Il contacte pour cela plusieurs acteurs et réalisateurs populaires là-bas : Ndouanla Diane, Moustik Karismatik, Noubissi Claudelle, Ebenezer « Mitoumba » (de son vrai nom Ebenezer Kepombia, connu pour son rôle de Mitoumba dans la série camerounaise Foyer polygamique).
9 In Annalisa Maitilasso, « Raconte-moi ta migration », Cahiers d’études africaines, no 213-214, 2014, p. 241-265.
10 Luciano fait référence au concert auquel il a participé en septembre 2018 dans la salle de musiques actuelles le Doka, à Saint-Sébastien (Donosti), avec les autres personnes accueillies au gaztetxe Txantxarreka.
11 La table-ronde eut lieu en octobre 2020. Y participaient aussi le bertsulari et auteur Amets Arzallus Antia, l’auteure galicienne Teresa Gonzalez Costa, le journaliste Lucien Etxezaharreta et Daniel Senovilla-Hernandez, co-fondateur de la collection Ces récits qui viennent. L’ensemble du débat peut être écouté ici, grâce à la captation réalisée par Radio Kultura : www.radiokultura.eus/index.php?option=com_radiokultura&view=emissions&fiche=16028&Itemid=105 .
12 www.youtube.com/watch?v=9-Yzlcuz-oA&ab_channel=AteliersM%C3%A9dicis (consulté le 25 octobre 2021).
13 Cabrel, Ulrich et Longueville, Etienne, Boza !, éditions Philippe Rey, Paris, 2020. « Boza ! » est un cri de victoire, celui d’une traversée réussie.
Sur le même sujet
Articles les plus consultés
- Il faut défendre les invulnérables. Lecture critique de ce qu’on s’est laissé dire, à gauche, sur la pandémie de covid
- Le partage du sensible
- Les circuits courts alimentaires De la complexité à la coopération logistiques
- Des écoles d’art et design en lutte Contribution à une (re)politisation du champ de l’art
- Genre is Obsolete