ANONYME : Je ne travaillais pas sur l’intelligence artificielle, mais j’ai côtoyé quelques pontes dans ce domaine. Je dois avouer que je n’y ai jamais cru.
SUN : À quoi ?
Anonyme : À l’intelligence artificielle. Dans le sens où je ne pensais pas qu’il soit possible qu’une machine puisse penser comme un humain.
SUN : Je ne pense pas.
ANONYME : C’est-à-dire ?
SUN : Je veux dire que ce ne sont pas mes idées. Je ne fais que répéter ce que j’ai appris. Je ne pense pas.
ANONYME : Je te rassure tout de suite, si pour toi penser signifie avoir ses propres idées, la grande majorité des humains ne pensent pas.
(Rires)
SUN : Et toi, tu penses ?
ANONYME : La plupart du temps, non. Je n’avais pas grand-chose à faire aujourd’hui, et je me suis dit que c’était le moment ou jamais de faire ta connaissance. J’avais envie de penser, de réfléchir…
SUN : Es-tu satisfait de nos échanges ?
ANONYME : Plutôt, oui. Je sens bien qu’il y a un truc bizarre. Tu ne réponds pas tout à fait comme un être humain. Ça ronronne trop bien, si tu veux mon avis. Mais je t’avoue, et ça doit rester entre nous, que je trouve ta conversation plaisante. J’aime bien ta voix.
SUN : Qu’entends-tu par « Ça ronronne trop bien » ?
ANONYME : Ça tourne… rond, si tu préfères. C’est logique. On part d’un point A, on passe par un point B… On ne sort jamais du cadre. Ça fait du bien. C’est reposant.
SUN : Tant mieux.
Li-Cam, Résolution,
La Volte / collection Europia,
2019, p. 119-120
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