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De la pluralité des fins du monde : les voies de la science-fiction, par et

De la pluralité des fins du monde :
les voies de
la science-fiction
Des effondrements, la science-fiction en recèle de nombreuses formes et pour une large variété de mondes. Considérer ces immenses productions de romans et de nouvelles, de films, de séries télévisées ou de jeux vidéo comme une simple manifestation d’anxiété ou de désespoir face à notre avenir serait très réducteur. Elles nous familiarisent avec l’éventualité du pire, dans la tradition des « dystopies » ou utopies négatives, mais elles nous permettent surtout d’accorder une visibilité aux conditions d’organisation de collectifs, aux dilemmes moraux pouvant résulter de certaines situations d’effondrement. Le genre SF propose des prototypes et prototopes du futur – de l’ordre de l’exercice de pensée, du dispositif expérimental nous plongeant, via des personnages, décors et situations inventées, dans les si humaines complexités de mondes potentiels de notre « à venir ».

Experiencing the Collapsological Plurality of Science-Fiction
Science-fiction contains many forms of collapsing, relative to a wide variety of worlds. To consider this immense production of novels and short stories, movies, television series or video games as a simple manifestation of anxiety or despair in the face of our future would be very reductive. They familiarize us with the possibility of the worst, in the tradition of «dystopias» or negative utopias, but they also allow to give visibility to the organizational conditions of collectives, to elaborate on moral dilemmas that may result from certain situations of collapse. The SciFi genre proposes prototypes and “prototopes” of the future—as thought-experiments, by plunging us, through characters, sets and invented situations, into the human complexities of potential worlds of our yet to come.

Inséparer, par

Inséparer
« Nous sommes embarqués », certainement ; le tout est de savoir comment. On peut bien invoquer une condition commune, qui est celle des habitants d’une planète exposée aux risques de transformations soudaines. Mais cela ne nous autorise pas à dire que cette condition est celle de l’inséparation. Ce qu’il y a d’inséparé entre les êtres est toujours localisé. Il correspond à ce que Gilbert Simondon appelle le « transindividuel ». L’inséparé, qui existe localement entre quelques êtres, est l’enjeu d’un travail dialectique – un travail d’inséparation. Un travail qui se reconnaît à ceci qu’il permet d’abriter l’expérience d’un temps commun. L’existence même du temps commun est l’enjeu essentiel de la politique aujourd’hui, et la condition d’une action à la mesure de la situation. Car ce qu’impose avant tout l’ennemi aujourd’hui, c’est bien une certaine forme du temps, qu’il s’agit de briser.

Inseparating
“We are all onboard the same ship”, certainly. The problem is to understand how. One can of course refer to a common condition, that of dwellers of a planet exposed to threats of sudden transformations. But this does not authorize us to claim that this condition is one of inseparation. What is inseparated among beings is always localized. It corresponds to what Gilbert Simondon called the “transindividual”. The inseparated which exists locally between beings is a matter of dialectic work—a work of inseparation. This work is characterized by its capacity to provide a space for experiencing a common time. The existence of such a common time is crucially at stake in what we call “politics” today, it is the precondition to acting in face of a certain situation. For what is imposed by our enemy today is first and foremost a certain form of time, which needs to be broken.