Archives par mot-clé : révolution

L’impact environnemental et social des politiques publiques de développement sur les communautés autochtones, par

L’impact environnemental et social des politiques publiques de développement sur les communautés autochtones
Les Dongria Kondh en Inde
Les réformes économiques néolibérales, suite à la crise financière de 1991, ont provoqué des mutations dans l’économie indienne, son développement industriel et agricole. Celles-ci ont touché l’ensemble de la population mais particulièrement, les groupes sociaux classés comme les plus vulnérables, telles que les communautés autochtones adivasi. Du point de vue des politiques publiques, ce qui caractérise les Adivasis, c’est leur désavantage économique et social. Ils font donc partie d’une catégorie sociale ciblée par différents programmes nationaux de développement et de réduction de la pauvreté, notamment par l’intermédiaire du Dongria Kondh Development Agency (DKDA pour son acronyme anglais), département gouvernemental de médiation entre le gouvernement central indien et le groupe autochtone Dongria Kondh. C’est sur ce groupe que porte notre enquête anthropologique. Le présent article, dont les résultats s’appuient sur neuf mois de travail sur le terrain entre 2011 et 2015, vise à mettre en évidence la manière dont les politiques publiques nationales visant les communautés de dongria ont des impacts environnementaux et sociaux significatifs.
The environmental and social impact of public policies of development on indigenous communities
The Dongria Kondh in India
The neoliberal economic reforms, following the financial crisis of 1991, caused changes in the Indian economy, in its industrial and agricultural development. These changes affected the entire population, and especially the vulnerable social groups, such as the indigenous adivasi communities. From the point of view of public policies, the Adivasi are characterized by their economic and social inferiority. They are therefore part of a social category targeted by different national programs of development and poverty reduction, including the Dongria Kondh Development Agency (DKDA), the governmental department of mediation between the central government of India and the indigenous Dongria Kondh group. This group is the focus of our anthropological inquiry. This article, which is based on nine months of field work between 2011 and 2015, aims to highlight how national public policies targeting dongria communities have significant environmental and social impacts.

L’Europe et les nouvelles échelles de la transition énergétique, par

L’Europe et les nouvelles échelles de la transition énergétique
Après avoir passé en revue la diversité des politiques nationales en matière de transition énergétique, cet entretien fait le point sur ce que l’Union européenne a déjà pu et pourra apporter aux multiples redimensionnements en cours. Alors que les politiques nationales restent obnubilées par une conception centralisatrice de la production énergétique, le nouveau monde de la parité-réseau et des consommateurs-producteurs redistribue les cartes selon des échelles sensiblement différentes. Une coordination européenne entre initiatives locales peut devenir un atout, pour autant que des mesures de redistribution sachent prévenir une nouvelle « lutte des classes énergétiques » qu’exaspèrent nos inégalités actuelles.

Europe and the new scales of energy policies in transition
After reviewing the diversity of national policies addressing energy issues, this interview considers what the EU has done, and what it will be in a position to do, to the current re-dimensioning of our energy policies. While national agendas remain deeply tied to a centralizing conception of energy production through massive powerplants, the new world of prosumers and parity grid reshuffles the cards along a multiplicity of heterogeneous scales. This is where a European-wide coordination can become a major asset, as long as redistributive policies prevent the new “energy class struggles” currently exacerbated by growing social inequalities.

Logistique de la « dématérialisation », par

Le vampire et le propriétaire, par

Le vampire et le propriétaire
Le capitalisme n’est pas d’abord un vampire. Pour sucer le sang de ce qu’il exploite en tant que « force de travail », il doit tout d’abord s’être approprié non seulement cette force de travail, mais tout ce qui la rend possible, c’est-à-dire l’ensemble de ses conditions d’existence – tout ce qui permet sa « reproduction ». Cette appropriation est le lieu d’un combat, dont l’enjeu est le refus de la mise au travail généralisée, des humains et des non-humains, opérée par le capital. Un tel combat suppose une clarté sur ce que sont les points de métastabilité de la politique du capital, ou ce que l’on a longtemps appelé ses « contradictions objectives ». Mais il suppose aussi que la subjectivité qui connaît ces contradictions prenne sur elle, en quelque sorte, cette nécessité que l’ancien marxisme voulait trouver dans le mouvement de l’Histoire et dans le développement de ses contradictions. Il y a une contingence radicale des initiatives politiques, mais il y a bien une nécessité subjective à répondre à la disparition des conditions de vie sur la planète.

The Vampire and the Owner
Capitalism is not primarily a vampire. To suck the blood of what it exploits as “labor power”, it first must have appropriated not only that labor power, but also all that makes it possible, that is to say, all its conditions of existence—all that enables its “reproduction”. This appropriation is the site of a political struggle, the stake of which is the refusal of the generalized work of humans and non-humans, operated by capitalism. Such a struggle presupposes a clarity about the points of metastability of the politics of capital, or what has long been called its “objective contradictions”. But it also supposes that the subjectivity that knows these contradictions deals with the objective necessity that the old Marxism found in the movement of History and in the development of its contradictions. There is a radical contingency of political initiatives, but there is a subjective need to respond to the disappearance of living conditions on the planet.

Inséparer, par

Inséparer
« Nous sommes embarqués », certainement ; le tout est de savoir comment. On peut bien invoquer une condition commune, qui est celle des habitants d’une planète exposée aux risques de transformations soudaines. Mais cela ne nous autorise pas à dire que cette condition est celle de l’inséparation. Ce qu’il y a d’inséparé entre les êtres est toujours localisé. Il correspond à ce que Gilbert Simondon appelle le « transindividuel ». L’inséparé, qui existe localement entre quelques êtres, est l’enjeu d’un travail dialectique – un travail d’inséparation. Un travail qui se reconnaît à ceci qu’il permet d’abriter l’expérience d’un temps commun. L’existence même du temps commun est l’enjeu essentiel de la politique aujourd’hui, et la condition d’une action à la mesure de la situation. Car ce qu’impose avant tout l’ennemi aujourd’hui, c’est bien une certaine forme du temps, qu’il s’agit de briser.

Inseparating
“We are all onboard the same ship”, certainly. The problem is to understand how. One can of course refer to a common condition, that of dwellers of a planet exposed to threats of sudden transformations. But this does not authorize us to claim that this condition is one of inseparation. What is inseparated among beings is always localized. It corresponds to what Gilbert Simondon called the “transindividual”. The inseparated which exists locally between beings is a matter of dialectic work—a work of inseparation. This work is characterized by its capacity to provide a space for experiencing a common time. The existence of such a common time is crucially at stake in what we call “politics” today, it is the precondition to acting in face of a certain situation. For what is imposed by our enemy today is first and foremost a certain form of time, which needs to be broken.

Le boum de la philanthropie, par

Le boum de la philanthropie
À la suite des États-Unis, où le don a été façonné par les milliardaires comme produit financier de rêve et acte de satisfaction morale, les classes moyennes françaises donnent de plus en plus à des associations d’intérêt général. Le financement privé par le mécénat populaire connait un véritable succès de marketing, que l’on peut qualifier de « marketing social ». Mais, parallèlement au développement du mouvement associatif, on assiste, depuis les années 90, à l’émergence de nouveaux samaritains, véritables despotes éclairés : les fondations. À côté des donateurs charitables de la société civile, le donateur philanthropique se positionne entre l’action de l’État-providence et les organismes paritaires chargés de porter l’intérêt général. Leur puissance leur permet de redéfinir cet intérêt général à leur profit. Le boum de la philanthropie est donc lié à une certaine incapacité de l’État-providence, grand redistributeur central, à étendre sa couverture à tous les citoyens, et surtout, aux causes lointaines. Un avenir radieux est donc promis à la philanthropie.

The Boom of Philanthropy
Following the United-States, where philanthropy was shaped by billionaires as a dream financial product and an act of moral satisfaction, the French middle classes increasingly donate to associations of general interest. Private sponsorship through popular philanthropy is a marketing success, which can be described as “social marketing”. But, parallel to the development of the associative movement, we have witnessed, since the 90s, the emergence of new Samaritans, real enlightened despots: the foundations. Next to the charitable donors of civil society, the philanthropic donor is positioned between the policies of the Welfare State and the joint bodies in charge of the general interest. Their power allows them to redefine this general interest to their advantage. The boom of philanthropy is thus linked to a certain incapacity of the Welfare State, the great central redistributor, to extend its coverage to all citizens, and especially to distant causes. A bright future is promised to philanthropy.

L’entreprise à mission et ses partenaires, par

L’entreprise à mission et ses partenaires
La crise de 2008 est une crise de gouvernance des entreprises, notamment des banques, qui, pour faire des profits élevés, sont allées jusqu’à compromettre leur existence. Comment faire en sorte que l’entreprise ne soit pas seulement préoccupée de maximiser le cours de l’action, alors que jusque dans les sciences sociales, elle est réduite à cela ? L’entreprise est apparue à la fin du XIXe siècle pour révolutionner la vie quotidienne grâce aux découvertes scientifiques. L’entreprise est une association de partenaires dans une création collective de modes de vie, dont les partenaires financiers, mais aussi les ingénieurs, les consommateurs, le personnel. Il faut refonder l’entreprise et qu’elle se donne une mission qui exprime son projet à long terme et à laquelle souscrivent les actionnaires.

The Mission-based Company and its Partners
The 2008 crisis was a crisis in company governance, most notably banks which, lured by the hope of high profits, went as far as risking their very existence. How can companies be made to set other ends for themselves than the mere maximization of their shares, when everything reduces them to that sole objective, including within the social sciences? From the end of the 19th century, they emerged to revolutionize daily life thanks to scientific discoveries. They consist in an association of partners within a collective creation of new modes of life. They need to be re-conceived around a mission that expresses their long-term project in agreement with their shareholders.

Multitudes