80. Multitudes 80. Automne 2020
V

Virage vert (ne pas s’abstenir)

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Cette multiplicité de changements à observer est passée en fin de période par des élections municipales. Les esprits chagrins ont constaté que l’abstention avait atteint un taux record, signe de la désaffection des citoyens pour leurs représentants politiques : 59 % le plus fort taux depuis l’avènement de la Cinquième République.

Pourtant des vaguelettes innombrables ont dessiné progressivement un renouvellement partout en Europe. Les verts se sont immiscés sous diverses formes : tantôt des bons scores aux régionales (en Allemagne), aux européennes (en France, en Espagne), voire même aux présidentielles (Autriche). De gouttelettes en vaguelettes, de petites vagues en grande vague, de lames en déferlante. La falaise d’incompréhension du réchauffement climatique a commencé à céder un peu partout. La mobilisation des voies et des voix politiques sont allées de conserve. Bifurquer et verdir sont de plus en plus confondus, même pour les daltoniens.

La vague verte chez les votants de juin 2020 en France a mis des militants écologistes aux postes de commande de plusieurs grandes villes (Lyon, Bordeaux, Poitiers, Tours, Strasbourg, Annecy, Besançon) après Grenoble qui avait déjà bifurqué aux élections précédentes, sans compter Paris où l’alliance de la gauche et des écologistes l’a emporté, Lille et Marseille où les écologistes seront bien présents dans le conseil municipal. En France, comme déjà en Allemagne, la ténacité des verts, appuyée sur la foi dans le devenir européen, commence à payer.

La transformation écologique concrète du territoire va pouvoir commencer. Sur les mesures à prendre, les citoyens sont relativement d’accord, comme l’a montré la conférence de consensus qui se terminait au même moment ; mais sur certains points clés les lobbys continuent de peser.

À écouter les unes et les autres je crois que l’abstention est le signe d’une absence de confiance en la capacité des représentants politiques actuels de mener cette transformation, dont les chemins sont incertains, tant les études scientifiques sont sujettes à controverses. On ne peut pas dire qu’il y a un désintérêt pour la chose publique vu la diversité des formes de vie politique apparues ces dernières années, une diversité qui s’est développée hors des partis, perçus de plus en plus comme de vulgaires machines à conquérir les miettes de richesses associées aux positions de pouvoir.

Que les écologistes soient en position de décider ou qu’ils soient encore dans l’opposition, la nécessité de répondre à l’urgence climatique va devenir le moteur de la gestion locale, pour des raisons aussi impérieuses que le confinement que nous venons de vivre. Les électeurs qui n’ont pas voulu sauter le pas cette fois-ci vont être appelés à participer à un ensemble d’actions individuelles ou collectives qui les incluront quand même dans la recherche écologique, dans le désir de tous de vivre.

[voir Europe, Horizontalités territoriales]