80. Multitudes 80. Automne 2020
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Associations

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J’ai été frappée par les files interminables devant les distributions alimentaires. Les populations de certains territoires, de banlieue parisienne en particulier, ont été surexposées à cette crise, une fois de plus, et vont l’être encore dans la crise économique qui va suivre. Les pouvoirs publics, dépassés par les événements, ont du s’en remettre à la solidarité spontanée ou associative.

Ironie du sort ou plutôt comportements ordinaires à la hauteur de la situation ? Les soignants, méprisés par le pouvoir les mois et les années précédents, ont pris le risque de se donner sans compter, pendant que plus de 10 000 volontaires répondaient massivement à l’appel désespéré de Martin Hirsch directeur de l’APHP en larmes à la radio… Du côté des associations de solidarité, même dévouement, à contre-pied des mesures prises à leur encontre ces dernières années (coupes budgétaires, suppression des emplois aidés). C’est sans doute dans les quartiers populaires que cette situation de relève de l’État par la société, a été la plus paradoxale : les associations de solidarité, dont les cris d’alerte avaient reçu une fin de non-recevoir avec l’enterrement d’un Plan Banlieue trop coûteux (un « pognon de dingue » avait déjà été dépensé pour ces territoires), ont rempli des tonnes de sacs de nourriture, apportée par des agriculteurs ou des commerçants confinés.

Ce paradoxe a pu jusqu’à sembler inquiétant : la solidarité est apparue, dans les discours des acteurs associatifs comme dans les remerciements de ceux qui bénéficient de leur action, contraire à l’ordre étatique des choses et donc à la politique normale. Ce qui s’est organisé a été perçu comme en dehors, l’expression d’une autre politique, qui malgré tous les efforts associatifs, n’a toujours pas voix au chapitre.

[voir Solidarités]