Au bord des mers dangereuses, on dit toujours que le promeneur sur les rochers est surpris par la première lame, déstabilisé par la seconde et emporté par la troisième. Moralité, il ne faut jamais lâcher prise après la première pour courir se réfugier plus haut hors de portée. C’est là qu’on se fait avoir. Dans l’épidémie de Covid 19, la première vague a stupéfait et submergé ; puis elle a semblé se retirer avec plus ou moins de rapidité. Mais beaucoup d’épidémiologiques ont mis en garde. Gare à la seconde vague. Et si ce calme était comme l’aspiration de la mer vers le large, avant le retour brutal du raz de marée ? Moins de morts, des lits d’hôpital qui se libèrent « mais le virus circule toujours », dit-on. Il est toujours là. Biot, le grand épidémiologiste du virus d’ebola, déclarait le 12 juin au Monde qu’il va falloir s’habituer à vivre avec ce virus comme avec celui du Sida. Moins de mesures d’exception abracadabrantesques, plus de sages précautions intégrables à la vie quotidienne. Moins de circulaires de 64 pages pour organiser des rentrées scolaires partielles, tournantes, alternantes. Davantage, s’il vous plaît, de bon sens de la cuisinière de Lénine face au mangeur d’hommes et de femmes. Moins de poignées de mains et d’embrassades, mais surtout se laver régulièrement les mains (au passage, on a découvert que les bonshommes se lavent peu les mains et se lavent peu tout court !) À la moindre alerte ou entassement au travail, dans les boutiques et les boîtes, des masques. Après tout, c’est ce que font les Asiatiques depuis toujours et la manie de se serrer la paluche surprend toujours là-bas. L’Afrique également habituée à quelques virus carabinés (Ebola n’est pas le seul), elle aussi le porte facilement.
Au lieu de la grande deuxième vague, à la Hokusai, avec à l’arrière-plan les pentes éruptives du volcan Covid, des vaguelettes, clapotantes, un peu dormantes, mais collantes, comme le bout de sparadrap du capitaine Haddock dans Covid en Stock. Ça rigole moyen.
[voir Expertise, Incertitudes]