Je suis venue ici aujourd’hui pour vous apporter mon soutien, pour vous offrir ma solidarité, face à ce geste sans précédent de démocratie et de volonté populaire. Certains ont demandé : « Mais quelles sont les revendications ? Quelles sont les revendications que tous ces gens exigent ? » Soit on dit qu’il n’y a pas de revendication, et cela sème le trouble parmi vos critiques – soit on dit que les revendications d’égalité sociale et de justice économique sont des exigences impossibles à satisfaire. Et des revendications impossibles, dit-on, ne sont simplement pas réalistes ni pratiques.
Si l’espoir est une revendication impossible, alors nous exigeons l’impossible. Si le droit à obtenir un toit, de la nourriture et un emploi constitue une revendication impossible, alors nous exigeons l’impossible. S’il est impossible que ceux qui profitent de la récession redistribuent leur richesse et mettent fin à leur rapacité, alors oui, nous exigeons l’impossible. Mais la vérité, c’est qu’il n’y a effectivement pas ici de revendications qui puissent être soumises à un arbitrage quelconque, parce que nous ne sommes pas réunis simplement pour exiger la justice économique et l’égalité sociale. Nous nous rassemblons en public, nous composons une communauté de corps ralliés dans les rues et dans les parcs. Nous nous levons ici ensemble pour faire démocratie, pour mettre en pratique l’expression Nous le peuple !
Traduit de l’anglais parYves Citton, avec l’autorisation des éditions Verso
Sur le même sujet
Articles les plus consultés
- Il faut défendre les invulnérables. Lecture critique de ce qu’on s’est laissé dire, à gauche, sur la pandémie de covid
- Le partage du sensible
- Syrie : les craintes et les espoirs
- Lire et télécharger les articles les plus récents sur CAIRN
- Des écoles d’art et design en lutte Contribution à une (re)politisation du champ de l’art