Voici ce que dit le musée de sa façon de procéder : « Avec sa méthode très élaborée, le musée est en mesure de présenter la société et l’économie d’une manière compréhensible par tous. Des rangées de chiffres apparemment sans signification prennent figure de façon vivante. Des tableaux et des courbes difficilement interprétables sont remplacés par des rangées de symboles colorés aussi grands les uns que les autres, utilisés en images sur des tableaux, des plaques magnétiques et des films. »
Nous voudrions souligner les aspects les plus importants des travaux du musée et nous donner les moyens de les appliquer. Le principe consistant à rendre visibles les rapports de quantité dans la réalité par les mêmes relations de quantités appliquées à la reproduction de l’objet entraîne une nouvelle forme de présentation des résultats statistiques. Des groupes d’hommes sont représentés réellement par des symboles de groupes d’hommes et des quantités de production réellement par le nombre relatif des produits. On obtient ainsi des signes uniques tout simples qui sont précisés par des symboles selon ce qu’ils signifient. La couleur est fixée pour chaque couche et chaque branche d’après leur signification sociale ; il en résulte que les signes peuvent être appliqués aux combinaisons les plus différentes. Un système conséquent de figures et de symboles formé de manière exhaustive permet de montrer comment les choses se présentent les unes par rapport aux autres, se déplacent et se renversent. On évite tout ce qui est inutile et décoratif et on figure le contenu par l’écriture et la typographie. On utilise des images d’introduction comme élargissement et explication ou comme possibilité de séparer ou d’unir. Ces images peuvent être elles-mêmes composées d’éléments susceptibles d’être réutilisées dans une autre présentation. Cela explique l’absence de photographie. Une augmentation de la représentation est obtenue par des cartes de géographie sur lesquelles est visible toute inscription quantitative de signes de relation et de parallélisme dans la forme de l’économie et de la société.
Ce système conséquent de figuration, de présentation d’évolutions par des chiffres et des quantités, se fait par des rangées de signes élaborés pour chaque domaine, et par des couleurs. C’est la base la plus importante pour tous les travaux du musée et le début d’un mode de représentation qui ne rend pas seulement vivantes la statistique et la géographie. Il offre aussi une base pour la compréhension de tous les faits scientifiques. Il en donne une image.
Ces explications ne sont valables que pour les principes de la méthode. L’élargissement de son application et son effet sur l’élaboration des formes feront l’objet d’un article ultérieur. Il faudrait alors examiner l’importance du nombre et de la quantité dans un motif, et sa force à bouger et croître au sein de la société elle-même. S’en suivra la question du rôle du nombre dans la représentation, et dans l’analyse des faits. Il faudrait aussi étudier comment différentes façon de traiter un motif, et particulièrement celui de la représentation des luttes sociales, peuvent avoir un impact sur la méthode elle-même, cette méthode qui est aujourd’hui appliquée selon une certaine forme d’objectivité démocratique. C’est un début. L’application de la méthode et l’élaboration qui s’en suit dépendent bien sûr de celui qui s’en sert pour activer un processus de changement dans la compréhension du monde.
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