Propos introductifs sur l’émergence publiqueIl y a plusieurs manières de regarder le mouvement des intermittents du spectacle. L’une classique et distanciée, perçoit une corporation défendant ses droits et ses idéologies. Une autre, plus intérieure et prospective, met en avant ce qu’a produit ce mouvement, ce en quoi il est peut-être le symptôme, ou l’un des signes avant-coureurs d’une mutation plus profonde du politique. L’intermittence du spectacle est une zone sismique particulière entre deux plaques tectoniques fondatrices de nos valeurs : celles de la culture, et du travail. Pour la première fois peut-être, ce sont les questions portant sur les pratiques d’emploi, le rapport subjectif au temps, à la discontinuité de l’activité, et au processus créatif, davantage que des échanges d’opinions sur la Culture, qui ont permis au mouvement de persister, de construire, et de proposer à son tour. Contexte auquel s’ajoutent de très nombreux ingrédients humains et circonstanciels, et qui au final a fait émerger, dans notre esprit du moins, l’hypothèse d’une émergence particulière de la loi et des choses communes. Une émergence encore fragile et relative, mais nous amenant à réinterroger le débat public au travers d’un autre processus de travail, d’élaboration et de création autour de la substance vécue des choses et non de leurs seules représentations symboliques. Processus qui est le quotidien de l’intermittent, et qui pourrait bien, contre toute attente, renvoyer à une transformation en cours du politique, dans son obligation d’approcher autrement toutes ces choses communes. Ces choses communes, dont le processus d’émergence en lui-même serait en mutation.
Cet article traite de l’émergence d’une forme particulière de connaissance et de processus démocratique au regard du dernier mouvement des intermittents du spectacle. Rédigé par deux intermittents, dont l’un travaille dans le spectacle vivant et l’autre dans la recherche, il constitue une tentative en l’état de l’histoire, et à partir d’un point de vue nécessairement situé, d’exprimer quelques hypothèses sur une possible mutation du débat public, dans un contexte de triple crise : de la représentation, du rapport au travail, et sans aucun doute de la culture.
Quelque chose de nouveau et de difficile à penser
Si plus d’un an après son apparition, le mouvement des intermittents est perçu au travers des médias comme essoufflé, voire achevé, ce que nous voudrions mettre en lumière, c’est ce qui ne franchit pas la barrière électronique des écrans de télévision et n’est pas nécessairement vu et identifié par une majorité de la classe politique comme étant un fait politique de société. À savoir, au travers des processus ayant émergé au cours de ce mouvement, l’apparition sous la forme d’un signal discret et sensible d’une possible mutation de la manière de cultiver les choses politiques et de la manière de concevoir la politique de la culture.
« Dans le comité de suivi, il n’y a pas d’a priori, c’est cela qui est formidable. C’est un endroit où se rencontrent des gens qui, dans ce domaine là, prennent plaisir aux questions de la culture et du travail et acceptent de faire un bout de chemin ensemble. Ils ne sont pas dans un avenir, mais plutôt dans un devenir. Car il faut toujours se méfier des choses finies. Il y a donc quelque chose comme ça, de nouveau, mais que l’on n’arrive pas encore à conceptualiser à mon avis, il reste encore un saut de pensée à faire ». Il s’agit d’un témoignage du sénateur Jack Ralite (PC, États Généraux de la culture) à propos du travail effectué au sein du comité de suivi. Un comité créé à l’Assemblée Nationale en décembre 2003, composé de parlementaires Verts, UDF, PC, PS, des syndicats CGT et SUD, du Syndeac, de l’UFISC et de la Coordination des Intermittents et Précaires, partageant une position critique vis-à-vis de la réforme du régime spécifique d’indemnisation chômage.
Nous proposons ce témoignage en guise d’introduction, car si dans les débats une certaine rupture a pu apparaître entre les concernés et une partie de la classe politique et des partenaires sociaux, ce témoignage n’est pas sans ressembler à ce que les intermittents eux-mêmes ont vécu et vivent encore à travers une forme singulière d’échanges, ayant émergé dans ce mouvement. Il exprime l’apparition de « quelque chose » de différent, de difficile à conceptualiser donc, et qu’il nous tient à cœur d’essayer de regarder de plus près ici, afin d’ouvrir de nouvelles pistes de débat.
Tectoniques d’origines, un autre espace-temps
Le 27 juin 2003, des milliers d’intermittents du spectacle vont dire non au protocole de l’Unedic, signé par le Medef et quelques syndicats minoritaires du secteur, avec l’assentiment du gouvernement. Pour les intermittents, le protocole instaure un dispositif totalement inadapté à leurs pratiques d’emploi, remettant en cause en particulier la date anniversaire qui consiste en l’annualisation des droits à l’indemnisation chômage. Les intermittents refusent cette réforme et occupent en premier lieu la Villette. Le Ministre de la Culture, J.J. Aillagon fait savoir aux concernés que leurs contestations ne peuvent être entendues et reçues. « Ils n’ont pas lu le protocole ! ». Les experts ont parlé et le débat public est donc clos.
« Nous sommes tous des experts », vont proclamer, en réaction, les intermittents à partir de ce moment. L’enjeu de la réinterrogation de la notion même d’expertise est né. Partout en France, les intermittents créent des dizaines de commissions et se mettent au travail. Ils vont lire ensemble ce protocole et pas à pas élaborer leur propre jugement. « Au départ nous ne savions rien, nous étions face à une circulaire de l’Unedic, comme une poule devant un couteau. Plutôt que de nous dire « Je n’y comprends rien, c’est trop compliqué, tant pis », nous avons réfléchi ensemble et patiemment décrypté ce langage administratif ». Ce témoignage sera inscrit au dos du document publié un peu plus tard par la coordination, qui analyse en détail les conséquences de l’application du protocole, les inégalités qu’il génère, son inefficacité aussi.
C’est sans doute parce que la réforme de l’Unedic est d’emblée perçue comme trop radicale, que le mouvement se constitue, s’étend et se rend visible au travers de ses nombreuses actions. Cent quarante actions sont organisées en trois semaines. La plus emblématique et la plus douloureuse de toutes étant la décision d’annulation du Festival d’Avignon. Les actions se poursuivent à l’automne 2003 et en 2004 : interruption du journal de France 2 de David Pujadas, intervention lors de la Star Academy, actions lors du Festival de Cannes 2004, occupation du toit du Medef durant plusieurs jours… Tout cela intervient dans un climat général difficile à traduire, mais sans doute un climat de la culture qui va mal dans ses fondements symboliques et son rapport aux sphères de la politique culturelle, de droite, comme de gauche.
À Olympe de Gouge, lieu parisien occupé par la coordination durant l’été 2003, l’intensité des échanges laisse un souvenir fort, d’une puissance publique jamais connue jusqu’alors. C’est justement cette chose, qui ne laisse pas d’empreinte dans la mémoire collective des écrans et des représentations, mais qui marque les corps et les esprits des participants, qui est l’objet de cet article. À la surprise de tous, c’est un Nouveau Modèle d’indemnisation du chômage qui émerge après des semaines de travail, où chacun aura pu apporter son témoignage.
À ce stade, quelque chose s’est amorcé, comme une conscience collective de l’expérience, autour de pratiques d’emplois, et une volonté de continuer à se réapproprier les choses communes. C’est pourquoi une lutte commence entre un certain mouvement de la simplification mathématique et symbolique, et la volonté d’expression d’une autre complexité par les premiers concernés. Longtemps dans la sphère médiatique, le débat va se polariser sur la question des « abus » et du trou financier de l’Unedic. Comme si chacun dans cette affaire avait au final une grande peine à affronter des questions plus substantielles, soulevées par ce macrocosme humain en plein séisme. L’intermittence du spectacle fait des vagues, car elle est le carrefour sensible entre deux plaques tectoniques en plein mouvement dans notre société : celle du travail et celle de la culture.
Le décrochage entre deux plans de réalité dont nous voulons témoigner ici, fût-il propre à tout débat politique actuel et passé, va ainsi apparaître entre deux principales revendications de connaissance et d’expertise sur ce sujet : l’expertise macro-économique et l’expérience du quotidien issue des pratiques de travail. Le mouvement a changé de nature après l’été 2003 et l’annulation du Festival d’Avignon, mais il persiste et surprend par son endurance. Quelque chose continue de le nourrir, une dynamique propre s’est constituée et cherche à survivre aux temporalités habituelles du politique.
Pour la première fois peut-être, les intermittents se penchent sérieusement sur la question du travail, des pratiques d’emploi, et non plus sur celle des œuvres, et donc des seuls symboles qui véhiculent la culture. Les racines sont peut-être moins religieuses, les discussions deviennent alors possibles.
Comprendre le mouvement des intermittents, c’est d’abord comprendre ce phénomène d’une durée autre, propice au maintien d’une situation à la fois de lutte et de nécessité de réappropriation et de réinvention, induite aussi par l’obligation que la coordination a eu de trouver sa propre place, en rejetant un protocole signé par le patronat et les partenaires sociaux, avec l’aval du gouvernement. Au milieu de cette multiplicité de cibles, elle a dû créer un espace propre, un espace carrefour, ni syndical, ni uniquement corporatiste, mais devenant propice à l’émergence de situations et de processus d’échanges particuliers, de points de vues et d’hybridations autres.
Extraquotidienneté de l’émergence publique
La coordination des intermittents et précaires d’Ile de France va occuper successivement des lieux qui deviennent des espaces du corps collectif, de son action, de sa réflexion, et contribuent à l’entretien de cette situation particulière que l’on peut qualifier « d’extraquotidienne ». C’est à l’intérieur de ce contexte d’espace-temps extaquotidien que les choses peuvent se débattre, se fabriquer. Des questions majeures sont posées : pourquoi ce règne du travail permanent dans notre société ? Pourquoi cette volonté de défendre le plein emploi à tout prix ? Qui sont les experts que le gouvernement consulte et comment travaillent-ils, quelles sont leurs méthodes, leurs présupposés ? Quelle est la nature de cette indépendance qu’ils proclament ? Qu’est-ce que l’indépendance ? Etc.
Le temps que l’on se donne dans ce lieu d’occupation, cette capacité de persistance du mouvement et cette façon de réinterroger sans cesse les catégories, font que tombent les unes après les autres toutes ces questions, qui sont sans doute loin d’être éphémères. On se met à creuser au-delà de ce qui était prévu. On ose chercher à comprendre des choses qui appartiennent jusqu’ici à d’autres mondes, et qui pourtant « nous » concernent. On ose retravailler les formules de calcul des indemnités journalières, ainsi que celles traduisant les critères de régulation, en s’appuyant sur les experts à la culture scientifique de la coordination elle-même. Avec les chercheurs qui ont aussi saisi le mouvement, on interroge les pratiques de travail, mais aussi les comptes, on demande l’accès aux sources pour continuer ce travail d’informations sur la comptabilité publique de l’Unedic.
Peu à peu dans ce débat, le mouvement transgresse les limites habituelles assignées par le rôle de chacun dans un jeu politique où les instances représentatives préexistent aux contextes de crise. Et cela débouche, une fois n’est pas coutume, sur l’élaboration d’un nouveau modèle, puis d’une enquête sur les pratiques, puis d’un projet de contre-expertise des comptes de l’Unedic.
Sous un certain angle, on verra la répétition des AG et des commissions, les relations de pouvoir, mais sous un autre, la joie d’échanger enfin. Car cette situation d’écoute n’est pas ce que l’on croit : à savoir des oreilles ouvertes pour entendre des choses que l’on sait déjà. Les composants de ce processus intense et un peu chaotique, ce sont justement les différences, non les a priori communs. C’est pourquoi les AG vont faire et défaire en permanence les choses qui émergent et les décisions prises collectivement. Le processus en cours va lutter contre les tendances naturelles de la privatisation des décisions et des formalisations, car il prend conscience de ces dangers. C’est cette performance qui laisse le sentiment de quelque chose d’extraquotidien, de jubilatoire, de difficile certes, mais d’unique.
Il y aurait eu quelque chose comme cela : une situation visiblement non ordinaire, de renégociation permanente entre des personnes suffisamment différentes pour que quelque chose d’imprévisible au départ finisse par émerger, qui soit de l’ordre non pas d’un consensus, d’une moyenne de partage, mais d’une transmutation de la réalité, fût-elle fragile et à remettre sur le tapis, en vue d’un partage certes d’un résultat, mais alors issu d’un processus vivant où les diversités se représentent elles-mêmes, corporellement.
Ce processus d’action et d’échanges, qui dure au-delà d’une mobilisation contestataire, qui s’inscrit autrement dans l’espace et dans le temps, qui se trouve une place entre toutes les instances représentatives, qui avance sans savoir où il va et ce qui sortira de ce travail, qui laisse de nombreuses traces de son existence, de son efficience – écrites, visibles, subjectives et corporelles – et aboutit à la réinterrogation permanente des catégories elles-mêmes et non plus de ce que l’on met dedans, ce phénomène là, en décalage avec les catégories mentales habituelles faisant les choses et les lois, nous l’appellerons pour le moment : « l’émergence publique ».
Il est la traduction d’une capacité d’action et de persévérance dans la réflexion, qui a aussi contribué à influencer ou simplement accompagner la manière dont les « personnes » parlementaires se sont mises à s’écouter et débattre à nouveau, au sein du comité de suivi, en travaillant dans cet espace-temps autre de l’émergence publique. Un espace-temps où les choses mûrissent au sein d’un dispositif durable, qui reste amplement à comprendre.
Pour une écologie politique du résultat sensible
Soyons clairs, ni le mouvement des intermittents, ni la coordination d’Ile de France ne sauraient prétendre être le lieu d’apparition privilégié et spécifique de cette émergence. Il est simplement, dans notre esprit, le lieu ici et maintenant où cette chose demande à être entendue en tant que telle, à être considérée peut-être comme le symptôme d’une évolution sans doute nécessaire du débat public. Lequel symptôme est susceptible d’être constaté partout où la nécessité de faire sortir les choses s’impose. Dès qu’il n’est plus possible de se satisfaire d’une articulation experte des connaissances, au sein de laquelle le résultat final est en général connu à l’avance.
Nous nous interrogeons alors. Peut-il y avoir démocratie sans qu’il y ait suffisamment de répétitions dans la société de ce processus d’émergence publique ? Sans que toutes ces opérations de transduction (au sens de Gilbert Simondon), qui font passer une réalité sensible commune d’un état à un autre, n’aient lieu à un moment donné, à propos de problèmes communs ? On est loin aussi, en décrivant ce processus, des illusions souvent déçues de la démocratie participative, consistant en général dans l’extension du référendum, et non dans la dynamique plus complexe de l’émergence publique.
Le plus difficile à ce jour est de décrypter ce processus, au travers de ce qui en général est sensé apporter la preuve d’une « chose » valide, à savoir : un résultat objectif. Car il est marqué par un grand nombre de résultats subjectifs, de personnes transformées, de compétences révélées, de connaissances acquises individuellement, localement. Autant de choses laissées sur le bord de la route, dans le système actuel des représentations et des équations mathématiques faisant office de lois. Ce sont des choses d’une seconde nature en quelque sorte, que les instances démocratiques feignent souvent de ne pas voir, et parfois tout simplement ne savent pas encore voir.
Le nouveau modèle produit par les intermittents est une forme de résultat tangible certes, mais il n’a pas la même valeur, sans reconnaissance du processus qui l’a vu naître. L’émergence publique serait une forme dans laquelle le seuil de connaissances communes, de capacités de comprendre des notions jusqu’ici complexes, va augmenter dans une population donnée, au fil du temps, où des états de représentation des choses vont se transformer peu à peu, des rôles vont s’agencer, des vocations et des compétences vont se révéler, se trouver enfin, jusqu’à produire et faire émerger des propositions autres, au travers de manifestations humaines sortant du régime quotidien de la vie politique, la rendant en quelque sorte appréhensible, et pourquoi pas enthousiasmante.
Même s’il est trop tôt pour en tirer les conséquences, nous supposons que les choses émergent lorsque des idées fixes sont partiellement mises en arrière plan ou bien renégociées au premier plan, que l’on accepte de prendre le risque de penser le monde tel qu’il est, dans ses formes hybrides, mutantes, dérangeantes, et potentiellement nouvelles, et à partir de réalités sensibles. Il nous semble simplement à ce stade, que cette volonté d’émergence publique, et d’émergence du langage de l’écoute, devrait dans l’idéal être non une exception, mais un principe écologique fondamental de tout processus démocratique. Les obsessions de politiques culturelles vidées à ce jour de leur substance gagneraient sans doute à être remplacées par des désirs plus impératifs de régénérer la culture du politique.
Car il n’est pas étonnant que ce soient des gens de culture qui aient été gagnés par le processus de l’émergence publique. Il n’est pas étonnant non plus que la question centrale ayant finalement permis à tous de tenir la corde soit celle du travail, et de la discontinuité présente dans toute situation d’emploi créatif, au travers donc de cette permanence cachée, où s’élaborent les choses selon un espace-temps autre, où le temps non « en emploi » n’est pas un temps chômé, de la paresse, de la perte d’énergie, mais un temps de la maturation, de la transduction, de l’exploration. Tout comme le temps de l’émergence publique n’est pas un espace vain de mobilisations corporatistes, ayant lieu entre deux négociations en haut lieu, entre deux débats parlementaires.
Le processus que nous essayons de décrire est peut-être un chaînon physique et symbolique manquant dans notre édifice démocratique en mutation. Y a-t-il une familiarité substantielle à constater entre la rébellion de l’été 2003, la durabilité du mouvement, son travail sur les catégories, les formules, les pratiques et les mots, et l’émergence d’une autre manière de débattre au niveau parlementaire ?
Il est peut-être trop tôt pour le dire, mais il faudra constater en attendant que, lorsque coopèrent dans le secret des dieux patronat, partenaires sociaux et gouvernement, pour aboutir à des décisions ayant un impact lourd sur des dizaines de milliers de personnes, et qu’a contrario de l’émergence publique (fût-elle chaotique, engagée, hypersubjective) il est impossible d’avoir accès aux sources, aux étapes, aux processus qui ont mené à la rédaction d’un projet avant que ce dernier ne fasse par exemple l’objet d’un débat parlementaire ou d’une décision au sein de l’assemblée paritaire d’un organisme privé, alors la démocratie représentative que nous connaissons s’apparente sur bien des sujets à une privatisation de la chose publique. Tout cela finirait par occulter ce qui est aussi le fondement d’une pratique démocratique : le fait de créer toujours et encore les conditions nécessaires à la régénération de la structure sensible de la représentation. Le processus d’émergence publique, que nous avons seulement effleuré ici, répond sans doute à l’une de ces conditions
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