Dévalider
Le néologisme dévalider est formé sur le radical « valide » (compris au sens de : validé par le validisme) auquel s’ajoute le préfixe privatif « dé- » (compris au sens de : défaire, déconstruire, détruire). Il reprend et littéralise l’anglais disabled, qui se traduit habituellement en « personne handicapée ». À côté de cette signification ordinaire, les luttes handies se sont emparées du verbe dévalider pour signifier deux aspects contradictoires mais complémentaires. D’un côté, les mondes dévalidés sont les mondes que prépare la lutte anti-validiste, c’est-à-dire une société sans validisme (dé-validé en ce sens qu’il n’est plus rapporté à la norme valide). De l’autre, les mondes dévalidés désignent les mondes que prépare le capitalisme extractiviste, c’est-à-dire des mondes où plus personne ne peut être dit valide (dévalidé en ce sens que tout le monde, bien qu’à des degrés différents, y voit ses capacités déplacées, par exemple en raison de la toxicité de l’atmosphère). Les mouvements pour la justice handie se situent au point de tension entre d’un côté une lutte pour une dévalidation libératrice (contre le validisme qui rend le handicap invivable) et de l’autre une lutte contre la dévalidation forcée (contre l’extractivisme qui exploite la débilitation des vies). Ce texte sert d’introduction à la majeure « Justice handie », qui rassemble des écrits universitaires, militants et poétiques écrits depuis et avec les luttes anti-validistes.
“Dévalider”
The French neologism dévalider
is formed from the radical “valide” (understood as: validated by ableism) to which is added the privative prefix “dé-” (understood as: to undo, deconstruct, destroy). It takes up and translates the English disabled, which is usually translated as “personne handicapée”. Alongside this ordinary meaning, dévalider has been taken up by disability struggles to signify two contradictory but complementary aspects. On the one hand, disabled are the worlds prepared by the anti-ableist struggle, i.e. a society without ableism (“disabled” in the sense that it is no longer related to the ableist norm). On the other hand, disabled designate the worlds prepared by extractive capitalism, i.e. worlds where no-one can be said to be able-bodied (“disabled” in the sense that everyone, albeit to different degrees, finds their abilities displaced, for example due to the toxicity of the atmosphere). Disability Justice movements stand at the point of tension between, on the one hand, a struggle for liberating disability (from the ableist norms that makes disability unlivable) and, on the other, a struggle against forced disablement (by the extractive capitalist world that exploits the debilitation of lives). This text serves as an introduction to the special issue “Disability Justice”, which brings together academic, activist and poetic writings written from and with the anti-ableist struggles.
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Étudie, écrit, traduit entre les champs de la danse, de la philosophie, des inhumanités environnementales et des études queers. Agrégée et docteure en philosophie, elle enseigne l’épistémologie dans des écoles d’art. Traductrice d’auteurices transféministes (Jack Halberstam, Sara Ahmed, Alexis Pauline Gumbs…), elle a notamment écrit Mouvementements. Écopolitiques de la danse (La Découverte, 2023) et elle est membre de la collective de rédaction de la revue Multitudes. Elle vit près d’une forêt dans le Périgord où, dès qu’elle peut, elle roule par terre.
Après des études de mathématiques et informatique à l’ENS Paris et à l’Université de Paris, Enka Blanchard poursuit désormais des travaux de recherche transdisciplinaires pour le CNRS au sein de l’Université Polytechnique Hauts-de-France à Valenciennes et du Centre Internet et Société à Paris. Ses sujets vont de l’utilisabilité de la sécurité (notamment pour les systèmes de vote) aux interactions entre théorie queer et théorie crip, en passant par l’organisation de la recherche et l’inefficacité des politiques productivistes. Tous ses travaux sont disponibles sur son site web, www.koliaza.com
Philosophe politique travaillant sur les questions dites de santé mentale, elle développe une approche critique du pouvoir et des dominations, à partir des enjeux posés par l’hors-normalité de certaines existences et la souffrance associée. Elle est membre active de la collective de rédaction de la revue Multitudes.
Doctorant en sciences de l’information et de la communication au Dicen-Idf à l’Université Paris Nanterre, en sociologie à l’IRIS à l’EHESS et ATER à l’université Gustave Eiffel. Son travail porte sur les évolutions des normes de comportement et de communication en lien avec l’émergence des mouvements sociaux auto-représentés des personnes autistes et la réception du paradigme de la « neurodiversité ».
Auteur·e et activiste anti-validiste, iel intervient sur des sujets variés et réaffirme que le handicap, au lieu d’être une case à part, influence chaque aspect de l’existence en y apportant des perspectives singulières et pertinentes. Artiste et photographe de formation, Harriet de G. se concentre désormais sur la diffusion d’outils et de savoirs crip. Il est possible de retrouver ses analyses en ligne (harrietdegouge.fr) et sous forme de micro éditions.
Il a publié récemment Dans les imaginaires du futur (2020, réédité en poche en 2023). Il est le coscénariste du film documentaire Les mondes de Philip K. Dick (Nova Prod, Arte, 2016). Directeur associé de la société Moderne Multimédias, il a une mission éditoriale pour le Laboratoire des solidarités de la Fondation Cognacq-Jay. Il enseigne les cultures actuelles et les imaginaires du futur à l’Université de Versailles / Saint-Quentin-en-Yvelines. Il publie en mai 2024 Pourquoi lire de la science-fiction et de la fantasy (avec Jérôme Vincent), puis en septembre 2024 Philofictions, Des imaginaires alternatifs pour la planète. Membre du collectif de rédaction Multitudes.
A participé à la FGERI (Fédération des groupes d’études et de recherches institutionnelles), présidée par Félix Guattari, à la fondation de la revue Recherches, et au CERFI. En 1967 elle fonde avec Félix Guattari et ses amis le CERFI. Elle a travaillé sur la généalogie des équipements collectifs, en particulier de l’école. À partir de 1985, elle a dirigé la revue Les Annales de la Recherche urbaine. Elle est aujourd’hui co-directrice de Multitudes et membre du collectif de rédaction de Chimères.
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