L’émancipation des pratiques OSINT de leur domaine d’origine, à savoir celui des services de renseignements, ne signifie pas une simple extension de leur champ d’application, mais implique une transformation, voire un renversement, de leur signification politique en fournissant de nouveaux outils de vérification des discours d’autorité, qu’ils soient étatiques, économiques ou médiatiques. Sans chercher à réduire l’extraordinaire développement que connaît actuellement l’OSINT à ses seuls usages activistes et militants, il convient en effet de remarquer qu’il existe un lien, sinon nécessaire du moins très étroit, entre une méthode fondée sur la nature ouverte des sources et une posture critique vis-à-vis du ou des pouvoirs : ce lien ne tient pas seulement à l’accessibilité de l’information open source, qui en fait un terrain propice à une réappropriation citoyenne, mais aussi au geste méthodologique lui-même, qui consiste à appréhender l’information comme trace, c’est-à-dire comme élément matériel dont la signification est susceptible d’échapper à son émetteur ou d’excéder l’intention qui présidait à sa production. L’information constitue ainsi une « empreinte polysémique1 », elle-même ouverte à l’interprétation et pouvant à ce titre prendre sens dans de nouvelles mises en récit qui déjouent les effets d’autorité. En participant à la construction d’un discours exogène fondé sur la matérialité des traces, l’enquête open source serait toujours en puissance une « contre-enquête ».
Ambivalences de l’enquête en open source
Cette articulation entre la méthode OSINT et un positionnement contestataire, ou du moins « contre-discursif », est évidemment centrale dans les investigations menées sur les violences d’État par des collectifs indépendants comme Bellingcat, INDEX ou Forensic Architecture. Mais elle est également visible dans l’intégration récente de ces pratiques dans le journalisme, qui renouerait par ce moyen avec sa fonction de contre-pouvoir et opérerait une forme de réhabilitation de la profession au moment où elle est l’objet de nombreuses critiques : plusieurs médias de premier plan, en France comme à l’étranger2, se sont ainsi livrés à de grandes enquêtes en sources ouvertes « qui questionnent les discours officiels et qui tentent de faire œuvre de moralité publique en s’appuyant sur une triple exigence de transparence, de régulation et de contrôle3 ». L’engouement actuel que suscite la méthode OSINT doit beaucoup à cette fonction politique de vérification des discours hégémoniques. Pour autant, cette posture contre-discursive à partir des sources ne suffit pas à garantir la légitimité d’une enquête et moins encore la justesse de ses conclusions. Ainsi, une difficulté majeure se pose en ce que les moyens de l’enquête open source peuvent également être utilisés à des fins de propagande ou produire – de manière intentionnelle ou non – de la désinformation. Ce cas de figure est d’autant plus problématique qu’il ne semble ni extérieur ni contingent aux pratiques OSINT, mais qu’il relèverait des conditions mêmes de leur essor. Si en effet, par nature, tout document « fait trace » (qu’il soit numérique ou non ; que ce soit par ses métadonnées ou pour son contenu), la démultiplication des données et des images sur Internet crée un espace inédit d’analyse et de confrontation d’informations devenues littéralement innombrables.
Or, comme le remarque Eyal Weizman, cette production pléthorique est elle-même à double tranchant : « L’augmentation exponentielle des sources primaires en provenance des zones de guerre n’apporte pas nécessairement plus de clarté. Ces sources démultipliées ne font parfois qu’augmenter la confusion, quand elles ne servent pas à des fins de fausse information ou de propagande aux militaires comme aux combattants qui exposent et diffusent les violences commises4. »
La guerre en Ukraine fournit un exemple récent de ces usages contradictoires des sources accessibles en ligne, notamment de vidéos dont la prolifération vient servir aussi bien l’élan patriotique ukrainien et la dénonciation des atrocités commises par l’armée russe que les positions officielles du Kremlin et les discours pro-russes. Cette surabondance d’images n’alimente pas simplement chaque camp en multipliant les points de vue et en produisant des effets de perspective, mais elle vient également nourrir la polysémie des sources et le jeu interprétatif : le massacre de Boutcha constitue ainsi un cas exemplaire de « resémantisation » des traces photographiques et filmiques dans des mises en récit opposées. En effet, au début du mois d’avril 2022, suite au départ de l’armée russe et à la reprise de la ville par l’armée ukrainienne, des photos et des vidéos témoignant du massacre commencèrent à circuler dans la presse et sur les réseaux sociaux, avant d’être elles-mêmes dénoncées dès le dimanche 3 avril, sur les comptes Twitter et Telegram des ministères russes de la défense et des affaires étrangères, comme étant « une autre supercherie, une mise en scène et une provocation5 ».
À l’appui de cette thèse, le site South Front6 mit en ligne à cette même date un billet qui dénonçait une opération « sous faux drapeau » (false flag) et reprenait plusieurs des photographies et vidéos faites à Boutcha, pour y relever des « anomalies » révélant prétendument une manipulation (absence de sang apparent près des cadavres, ressemblance entre deux victimes qui seraient une seule et même personne, vêtements jugés trop propres et neufs etc.). Un argument en particulier allait connaître beaucoup de succès sur les réseaux sociaux : la reprise d’une séquence filmée depuis une voiture ukrainienne où on pourrait voir l’un des morts commencer à se relever dans le reflet du rétroviseur7. Contrairement à une méthode propagandiste fondée sur la production de « faux » (faux documents ou faux témoignages), le procédé consiste bien ici à reprendre des images authentiques pour les aborder selon une méthode indicielle et à les réinterpréter à l’opposé de leur sens intentionnel – les images produites pour témoigner du massacre devenant alors celles de l’absence de massacre. Dans un troisième temps cependant, cette thèse d’une mise en scène appela à son tour une réponse sous la forme de contre-enquêtes OSINT, réalisées par le New York Times tout d’abord8, puis par Bellingcat 9 : tous deux articulèrent les photos et vidéos de Boutcha avec des vues satellitaires de la ville pendant l’occupation russe, et mirent ainsi en évidence la présence de corps dans la rue Yablonska aux mêmes endroits et dans les mêmes positions que sur les images prises lors de l’arrivée de l’armée ukrainienne.
Interprétations conspirationnistes
On pourrait vouloir ici parodier le mot de Pasteur en disant que, si un peu d’OSINT éloigne de la vérité, beaucoup y ramène. Il ne s’agit pourtant évidemment pas d’une question de degré : même si on peut penser qu’ils sont grossiers et ne convainquent finalement que ceux qui ont envie ou intérêt à y croire, les arguments de South Front posent la question du traitement des sources et du possible dévoiement de la logique démonstrative inhérente à l’enquête OSINT. Cette bataille interprétative autour du massacre de Boutcha fait ainsi écho, sous une forme condensée et résolue grâce au travail du New York Times et de Bellingcat, à un usage des images et des documents open source très répandu dans les interprétations conspirationnistes depuis le 11-Septembre.
Celles-ci constituent un champ d’étude particulièrement intéressant en raison de leur ampleur et de leur impact politique : en effet, contrairement au cas de Boutcha, la propagation de ces thèses complotistes ne se résume pas à la circulation circonscrite de contenus plus ou moins anonymes sur Internet, mais implique la mobilisation de collectifs10, la revendication de figures d’experts11 et une forte dimension collaborative. Une des figures de proue du 9/11 Truth Movement, David Ray Griffin, rend ainsi hommage dans ses ouvrages12 aux travaux antérieurs sur lesquels il s’appuie et qui relèvent en grande partie de recherches en sources ouvertes, à savoir, pour l’essentiel, la chronologie de Paul Thompson13 et les livres de Thierry Meyssan, notamment en ce qui concerne les « preuves photographiques14 ». Dans L’effroyable Imposture, puis dans Le Pentagate, celles-ci consistent par exemple à analyser la forme et la couleur de l’explosion visible sur le photogramme d’une caméra de surveillance, ou à reprendre plusieurs photographies de presse du Pentagone montrant des dégâts qui, selon Meyssan, ne correspondraient pas aux dimensions d’un Boeing 757. Parallèlement, on trouve aussi sur Internet de nombreuses vidéos qui soutiennent la thèse d’un complot à partir de l’analyse des images mêmes de l’effondrement des tours du World Trade Center. Sans entrer ici dans le détail de ces arguments15, on soulignera que ce recours à des sources ouvertes, et plus particulièrement encore à l’image photo-filmique, répond à la méfiance conspirationniste vis-à-vis des discours, qu’ils soient bien sûr ceux émanant des autorités, mais aussi ceux des témoins, eux-mêmes soupçonnés d’être manipulés, complices ou corrompus16 : selon cette rhétorique du doute généralisé, la matérialité de la trace est valorisée comme un moyen de supprimer des médiations potentiellement trompeuses et d’échapper aux malversations du discours en prônant un lien direct avec le réel.
Indépendamment donc des difficultés extrinsèques que peut rencontrer la méthode OSINT (comme la question de l’authenticité des sources17 ou celle des limites éthiques à l’investigation), apparaît ici un paradoxe « essentiel » en ce qu’il consiste à voir une démarche, qui est intrinsèquement liée à un travail de vérification de l’information, revendiquée et reprise dans des contenus qui relèvent quant à eux de la désinformation. Ce paradoxe, qui soulève la question des critères définitionnels – c’est-à-dire en vérité méthodologiques – des contre-enquêtes OSINT, renvoie à ce qu’Eyal Weizman nomme le « positivisme négatif », en référence au tournant matérialiste pris par les argumentaires négationnistes depuis Faurisson : le procès Irving18, dont Weizman retrace les enjeux au début de La Vérité en ruines, montre comment la mise en avant de considérations qui se veulent purement matérielles vient servir une double stratégie d’inversion de la charge de la preuve et d’exclusion d’une partie des éléments de l’enquête, à commencer par la parole des survivants. Loin d’être un gain de scientificité, ce « positivisme » constitue donc une forme de réductionnisme et de régression méthodologique, dissimulée sous une posture d’objectivité : « Lors du procès de Londres, [c’était] l’architecture – ou plus précisément, l’absence d’un élément spécifique de preuve matérielle de nature architecturale – qu’Irving cherchait à mobiliser contre les témoignages oculaires. Son insistance sur la matérialité n’était pas due à des convictions positivistes – il n’y aurait rien de répréhensible à ajouter une dimension matérielle à d’autres procédures d’administration de la preuve – mais à son négationnisme, et en particulier à son déni absolu de la capacité des témoins à tenir un quelconque discours pertinent du point de vue historique. Opposant la matière à la mémoire, il semblait prôner une histoire sans témoignage et au-delà du langage19. »
L’enquête forensique, l’intrication du subjectif et de l’objectif
Ce point est décisif en ce qu’il institue une ligne de partage parmi des pratiques que l’on pourrait vouloir confondre. Ainsi, l’enquête forensique, telle qu’elle est définie par Eyal Weizman, ne consiste ni à exclure le témoignage ni à fonder la connaissance du réel sur un processus de désintermédiation. Au contraire, Weizman insiste sur le caractère fondamentalement construit de la preuve et plus largement de notre rapport à la vérité. Dans cette perspective, le champ humain du témoignage ne s’oppose pas au champ matériel de la trace, comme le subjectif à l’objectif : appréhendés l’un et l’autre sous le régime de l’interprétation, ils se rejoignent et se combinent dans un travail d’investigation où le sens s’élabore par analyses, hypothèses et vérifications. À rebours d’une conception naïve du témoignage, celui-ci n’y est pas reçu comme immédiatement véridique, mais abordé comme une parole elle-même lacunaire, possiblement « trouée » par un traumatisme et une violence dont elle fait alors indirectement état. Les travaux de Forensic Architecture revendiquent ainsi l’intrication de ce que le « positivisme négatif » cherche à séparer, se servant aussi bien des souvenirs auditifs de prisonniers pour construire le modèle tridimensionnel du centre de détention syrien de Saydnaya, que faisant réciproquement advenir la mémoire et de nouveaux éléments de témoignage grâce à la reconstitution 3D d’une maison détruite lors d’un tir de drone20.
À l’opposé d’une « image-objet misanthrope21 », les complexes iconiques produits par Forensic Architecture ne prétendent donc pas contourner le langage par la matérialité des traces, mais procèdent au contraire de la volonté de « faire parler les objets comme s’il s’agissait de sujets humains22 ». Cette dimension fondamentalement discursive et interprétative de l’enquête forensique explique le parallèle, établi à plusieurs reprises par Eyal Weizman, entre les objets matériels et l’image photographique, qu’il s’agisse du crâne de Josef Mengele23, d’un paysage24 ou encore de simples murs25. Si, selon lui, tous ces objets sont « comme une photographie », la comparaison doit être lue dans le bon sens : les formules de Weizman visent en effet moins à poser l’image photographique comme trace matérielle, qu’à penser les traces enregistrées par la matière comme image. Ainsi, dans la perspective de l’« osthéobiographie » utilisée par Clyde Snow pour identifier le crâne de Mengele : « Les ossements sont […] à la fois des objets et des images. Mais comme toute photographie, les inscriptions imprégnées dans ces os sont toujours équivoques. Elles requièrent interprétation et conviction26. »
Cette comparaison entre la photographie et les objets de l’enquête forensique inverse donc le rapport habituellement sous-entendu par une conception pseudo-positiviste de la « preuve par l’image », où la matérialité de l’empreinte photo-filmique est revendiquée pour soutenir une prétendue immédiateté de l’évidence visible et servir une posture de désintermédiation. Si l’intégralité du monde matériel peut, selon Weizman, être pensée sous le modèle de l’inscription et de la révélation photographique, c’est parce que « la photographie est un processus parmi d’autres qui permet à la matière de se donner à lire en tant qu’image 27 ». Il ne s’agit donc pas tant d’insister sur le rapport au référent (la communauté de réalité entre l’objet et l’empreinte), que sur le caractère interprétatif que possède en vérité toute approche fondée sur l’étude des traces. Ainsi, dans le cas spécifique du recours à des photographies ou des vidéos, la possibilité d’appréhender le réel par l’image ne réside pas dans une reconnaissance directe, fondée sur un rapport analogique au référent, mais suppose une démarche analytique qui détermine ce qui est amené à prendre sens : ce n’est pas tant l’image qui fait preuve que la pensée qui érige l’image en possibilité d’indices. C’est en ce point que, sous une rhétorique matérialiste, un dévoiement méthodologique du recours aux sources ouvertes est possible, car : « […] le moindre indice suppose une capacité de lecture et en cela l’OSINT correspond clairement à une logique d’analyse documentaire qui transforme tout document même iconographique ou audio-visuel en texte […] : tout ce qui nécessite une lecture est un texte. C’est ici que l’OSINT rentre dans la légende, au sens de la legenda, ce qui doit être lu. Et ce qui doit être lu requiert de ce fait des analyses, mais aussi des méthodes et des techniques28. »
Le recours aux sources ouvertes ne suffit donc pas à définir l’OSINT, et on pourrait dire que l’accent mis sur le caractère open source de ces nouveaux moyens d’investigation fait trop souvent oublier la fin de l’acronyme29. Il importe ainsi de distinguer entre des pratiques qui s’appuient sur des sources ouvertes, et une méthode qui implique des compétences et des savoir-faire dans l’évaluation des sources comme l’analyse de l’information. En dépit donc de la nouveauté technologique de ses outils et de ses ressources, l’enquête OSINT « ne fait pas table rase du passé et montre à l’inverse l’importance des traditions documentaires et analytiques en matière d’investigation30 ».
1Rayya Roumanos & Olivier Le Deuff, « L’enquête OSINT. Des traces ouvertes au récit journalistique fermé », Revue Intelligibilité du numérique, no 2, 2021.
2On pensera au New York Times, à la BBC ou, dans le cas français, au Monde, notamment pour ses enquêtes-vidéo sur la question des violences policières.
3Rayya Roumanos & Olivier Le Deuff, ibid.
4Eyal Weizman, « Notes sur les pratiques forensiques », Diane Dufour (dir.), Images à charge : la construction de la preuve par l’image, Paris, Le Bal, Éditions Xavier Barral, 2015, p. 234.
5« Another hoax, a staged production and a provocation », Sources : https://t.me/MFARussia/12230 et https://twitter.com/mfa_russia/status/1510648066403143683?s=11&t=h3blcAd1QD7rbMqTbzRH5g
6South Front (southfront.org) est un site russe anglophone de « réinformation ». Le billet dont il est ici question a été retiré, mais demeure consultable sous sa forme archivée à l’adresse suivante : https://archive.ph/SEG5S
7Le ralenti de la vidéo permet de voir qu’il s’agit en réalité d’une distorsion optique liée à la courbure du rétroviseur. Le contenu du billet de South Front a été relayé, en tout ou partie, par des comptes pro-russes et/ou conspirationnistes, comme « @_ 2019_nCoV_- ». À l’heure où nous écrivons, ces arguments sont toujours visibles sur les réseaux sociaux, certaines réponses venant parfois même « compléter » le message initial en y ajoutant d’autres documents (par exemple, deux photographies du même endroit ne montrant pas le même nombre de corps au sol – mais sans que la date des photos ne soit précisée) ou en relevant que, dans cette même vidéo, un autre cadavre semble bouger le bras (un visionnage attentif montre que ce mouvement apparent est dû à une tache ou une goutte d’eau sur le pare-brise de la voiture).
8New York Times, 4 avril 2022 : www.nytimes.com/2022/04/04/briefing/russia-ukraine-war-briefing-bucha-warcrimes.html
9Bellingcat a d’abord produit un travail de « débunkage » des arguments de South Front, mis en ligne le 4 avril 2022, avant de le compléter sur Twitter le 5 avril par une vidéo prise par un drone et des images satellitaires, Source : https://twitter.com/bellingcat/status/1511289179375915010
10On pensera évidemment au 9/11 Truth Movement (« Mouvement pour la vérité sur le 11 Septembre »), étiquette large qui, en réalité, regroupe elle-même plusieurs organisations et associations contestant ce qu’elles désignent comme la « version officielle » des attentats du 11-Septembre.
11Comme le physicien Steven E. Jones, qui sera à l’origine du collectif Scholars for 9/11 Truth (par la suite le Scholars for 9/11 Truth and Justice), ou de l’architecte Richard Gage, qui fonda en 2006 le groupe Architects & Engineers for 9/11 Truth.
12Voir notamment la page des remerciements de son livre de 2005, 11 septembre : omissions et manipulations de la commission d’enquête.
13Paul Thompson est un chercheur indépendant qui établit une chronologie précise des événements en compilant des documents et articles de presse en rapport avec les attentats du 11 septembre 2001. Ce travail, qui fut d’abord mis en ligne avant d’être publié en 2004 sous la forme d’un livre (The Terror Timeline. Year by Year, Day by Day, Minute by Minute : A Comprehensive Chronicle of the Road to 9/11 – and America’s Response), joua un rôle très important dans la mobilisation des associations de familles de victimes et des « truthers » au moment de la Commission d’enquête sur les attentats.
14Désignation qui est aussi bien celle de Meyssan que de Griffin. Thierry Meyssan, L’effroyable Imposture, Chatou, Carnot, 2002, et Thierry Meyssan (dir.), Le Pentagate, Chatou, Carnot, 2002.
15Sur ce point, nous renvoyons à nos travaux : « Vidéos en ligne : la preuve par l’image ? L’exemple des théories conspirationnistes sur le 11-Septembre », Esprit no 3-4, mars-avril 2009, p. 95-106 ; ou encore : « Le complot dans l’image : paradoxes de l’image-preuve », L’image, le secret, B. Villenave & J. Wolkenstein (dir.), PUR, 2020, p. 203-220.
16C’est sur ce motif par exemple que Thierry Meyssan choisit d’écarter certains témoignages : « Nonobstant le respect que l’on doit à la haute qualité des “témoins oculaires”, officiers et parlementaires, il est impossible d’avaler de telles balivernes. Loin de créditer leur déposition, la qualité de ces témoins ne fait que souligner l’importance des moyens déployés par l’armée des États-Unis pour travestir la vérité. », L’Effroyable imposture, op. cit., p. 23.
17Voir notamment « “Comme des enfants avec un jeu de LEGO”, De l’importance de l’esprit critique et du travail collaboratif dans une enquête Open Source Intelligence (OSINT) », Entretien de Rayya Roumanos avec Benjamin Strick, I2D – Information, données & documents, 2021/1, no 1, p. 30-35.
18David Irving avait déposé une plainte en diffamation contre l’éditeur britannique Penguin Books et l’historienne Deborah Lipstadt qui l’avait qualifié de négationniste et accusé de falsifier l’histoire. Le procès Irving s’est tenu devant la Haute cour de justice d’Angleterre et du pays de Galles entre janvier et avril 2000.
19Eyal Weizman, La Vérité en ruines, Zones, Paris, 2021, « Positivisme négatif », p. 16.
20« Les topographies des droits humains. Rencontre avec Forensic Architecture », propos recueillis par Philippe Mangeot & Laure Vermeersch, Vacarmes, no 71, 2015/2, p. 144-145.
21Voir « Notes sur les pratiques forensiques », Images à charge, op. cit., p. 231-232.
22Ibid.
23« En effet, les os sont soumis à différentes contraintes tout au long de la vie – travail, lieu de vie, nutrition, habitudes, maladies et blessures –, de manière très semblable au processus d’exposition d’une pellicule photographique par la lumière. » « Notes sur les pratiques forensiques », Images à charge, op. cit., p. 231.
24« La terre est une photographie. » Vacarmes, op. cit., p. 132.
25« Le mur a fonctionné comme une pellicule photographique, un négatif exposé à la lumière portant l’empreinte des corps. » « Attaque de drone à Miranshah », Images à charge, op. cit., p. 201.
26« Notes sur les pratiques forensiques », Images à charge, op. cit., p. 231.
27Ibid., p. 232. C’est nous qui soulignons.
28Olivier Le Deuff, « L’Open Source Intelligence (OSINT) : origine, définitions et portée, entre convergence professionnelle et accessibilité à l’information », I2D – Information, données & documents, 2021/1, no 1, p. 17.
29Cela n’est peut-être pas sans rapport avec la difficulté de rendre adéquatement en français le terme anglais d’Intelligence, qui donne ses trois dernières lettres à l’OSINT : comme le remarque Olivier Le Deuff, les traductions par « intelligence » ou « renseignement » sont également insatisfaisantes, la première parce qu’elle fait référence de manière trop générale à une faculté, la seconde parce qu’elle renvoie au champ restreint des services secrets. Dans les deux cas, la traduction française échoue à rendre l’idée, présente en anglais, d’une activité analytique et collaborative qui fait l’esprit OSINT. Voir Olivier Le Deuff, « L’Open Source Intelligence (OSINT)… », Ibid., p. 14.
30Olivier Le Deuff et Rayya Roumanos, « Open Source Intelligence (OSINT) : retour aux sources », I2D – Information, données & documents, 2021/1, no 1, p. 10.