Archives par mot-clé : amérindiens

La révolution poursuivie par la fuite, par

Vers une théorie de la non-scalabilité, par

Vers une théorie de  la  non-scalabilité
Peut-on changer d’échelle sans changer de nature ? Sans doute quantité de phénomènes sont altérés quand on étend leur domaine d’exercice : il y a plus qu’une différence de taille entre un jardin de quelques mètres carrés et un alignement de serres sur plusieurs hectares. La modernité coloniale s’est distinguée par cette sorte de foi en la « scalabilité » de la production. Son modèle est la plantation esclavagiste : un système fondé sur l’exploitation de vivants humains et non-humains qu’on coupe de leur racine et de leur environnement natif. La logique des « économies d’échelle », la logique de l’expansion emprunte son idéologie à cette histoire et c’est pourquoi il est nécessaire de lui opposer un antidote : la description et l’invention de mondes non-scalables, où les agents ne sont pas interchangeables, où les réseaux de dépendance sont locaux, situés, et mutuellement transformateurs pour ceux qui y vivent et ceux qui en bénéficient.

Towards a Theory of  Non-Scalability
Is it possible to change the scale of an activity without changing its nature? There is no doubt that a lot of phenomena change when we change their domain of extension. There is more than a difference of size between a garden of a few square meters and the alignment of greenhouses in a field of several hectars. Colonial modernity was remarkable in its desire for the scalability of production, and its model was the slavery-based Plantation: a system founded on the exploitation of human and non-human beings that are cut from their roots and their native environments in order to be extractible. The logic of economies of scale, the logic of expansion borrows its ideology to this history, and it is one of the reason it is necessary to oppose an antidote to it: the description and invention of non-scalable worlds, where agents are not interchangeable, where networks of dependance are local, situated and transformative for those who live in them and those who benefit from them.

Restitutions de basse intensité, par , et

Restitutions de basse intensité
Le rapport Sarr-Savoy sur la restitution du patrimoine africain a provoqué controverses et crispations. Quels peuvent être les critères de restitution des objets ? Les modes d’acquisition, les usages dans le contexte culturel d’origine, les modalités de retour en Afrique ? Il s’agit ici de faire un pas de côté par rapport au débat sur le devenir des musées détenteurs de collections coloniales, particulièrement euro centré. La restitution n’est pas seulement le déplacement physique d’un artefact d’un musée à un autre, elle est un geste symbolique. Ainsi, dans les angles morts de la restitution formelle, cette Mineure recherche des formes alternatives de restitution de basse intensité, à partir desquels pourrait s’ouvrir de nouveaux horizons d’appropriation.

Low-intensity restitutions
The Sarr-Savoy report on the restitution of African heritage has caused controversy and tension. What can be the criteria for the restitution of objects? Modes of acquisition, uses in the original cultural context, modalities of return to Africa? The aim is here to take a step aside from the debate on the future of museums holding colonial collections, particularly Euro-centred. Restitution is not just the physical movement of an artefact from one museum to another, it is a symbolic gesture. Thus, in the blind spots of formal restitution, this Mineure seeks alternative forms of low-intensity restitution, from which new horizons of appropriation could open up.

Zone de contact autour d’histoires d’objets mal acquis, par

Zone de contact autour d’histoires d’objets mal acquis
L’association Alter Natives a voulu mobiliser autour des enjeux de la restitution d’objets africains des personnes peu enclines à fréquenter les musées qui les conservent. L’expérience se nomme Zone de contact/Objets d’ailleurs. Il s’agit pour des jeunes franciliens d’entrer dans les réserves des musées, de choisir certains objets d’origine non européenne, d’enquêter sur leur biographie pour savoir d’où ils viennent et d’être en mesure d’expliquer leur parcours au reste de la population. Dans ce projet de long terme, ancré sur des territoires divers, la restitution des objets mal acquis n’est donc pas le mobile principal. Ces actions permettent de tester des outils pour établir un autre type de rapport aux savoirs et développer une relation directe avec les populations dont sont issues ces objets, dans leurs pays d’origine, d’Afrique essentiellement.

Contact zone around stories of
ill-gotten objects
The Alter Natives association wanted to mobilize people who are reluctant to visit the museums that preserve them around the issues of the restitution of African objects. The experience is called Contact zone/Objects from elsewhere. It involves young people from the Ile-de-France region entering museum reserves, selecting objects of non-European origin, investigating their biography to find out where they come from and being able to explain their journey to the rest of the population. In this long-term project, anchored in various territories, the restitution of ill-gotten objects is therefore not the main motive. These actions make it possible to test tools to establish another type of relationship with knowledge and to develop a direct relationship with the populations from which these objects come, in their countries of origin, mainly in Africa.

Quels droits pour les outre-mer(s) européens ?, par

Quels droits pour les outre-mer(s) européens ?
Avec le Brexit, la France est devenue le pays européen qui possède le plus d’héritages coloniaux sur la planète: 6 pays d’outre-mer (PTOM) dont la Polynésie, où Oscar Temaru (indépendantiste élu 6 fois président) vient d’accuser la France à la Cour Pénale internationale de crime contre l’humanité pour les 193 essais nucléaires (de 1960 à 1996) ; et 6 régions ultra-périphériques (RUP) dont la Guyane qui, depuis le mouvement social de 2017, connaît un débat citoyen pour un changement de statut ainsi qu’une forte mobilisation contre les forages de Total et le consortium russo-canadien de la Montagne d’or, soutenue par le candidat amérindien d’Europe Écologie-les Verts.

What rights for European overseas territories?
With Brexit, France has become the European country with the largest colonial legacy on the planet: 6 Overseas Countries (OSCs), including Polynesia, where Oscar Temaru (independentist elected 6 times President) has just accused France at the International Criminal Court of Crimes Against Humanity for the 193 nuclear tests (from 1960 to 1996); and 6 Ultra-Peripheral Regions (UPRs), including Guyana, which, since the social movement of 2017, is experiencing a citizen debate for a change of status and a strong mobilization against the drilling of Total and the Russo-Canadian consortium of the Golden Mountain, a mobilization supported by the Amerindian candidate of Europe Ecology the Greens French party.

Géopolitique des masses, par

Debout avec la terre. Cosmopolitiques aborigènes et solidarités autochtones., par

Debout avec la terre
Cosmopolitiques aborigènes et solidarités autochtones
De plus en plus de mouvements activistes luttant contre la destruction des milieux de vie, notamment par les industries extractives qui précipitent les transformations climatiques et empoisonnent les eaux et l’air, cherchent des alliances et des sources d’inspiration auprès de peuples autochtones, tels les Aborigènes d’Australie, qui n’ont pas la même vision de la Terre que celle consistant à nier la nature sous prétexte qu’elle aurait succombé aux technologies humaines. Il est proposé ici de répondre à la réduction des ontologies en anthropologie par une « slow anthropology » qui soit « Debout avec la terre », fondée sur une expérience de terrain écosophiquement inspirée des visions et de la créativité des peuples autochtones et de leurs alliés en passant par la SF selon Haraway, Stengers et Meillassoux.

Standing with the Earth
Aboriginal Cosmopolitics and Autochthon Solidarities
More and more activist movements struggling against the destruction of their living environments – especially because of the extractive industries that accelerate the climate change and poison the water and the air, – look for alliance and inspiration in the autochthon people, such as the Aborigines of Australia, whose vision of the Earth is not to deny nature on the pretext that it would have succumbed to human technologies. This article proposes to respond to the reduction of ontologies in anthropology with a “slow anthropology” that would be “standing with the Earth”, a slow anthropology based on a field experience, ecosophically inspired by visions and creativity of the autochthon people and of their allies, and by the Science Fiction according to Haraway, Stengers and Meillassoux.

Stratégies amérindiennes en Guyane française, par

Le développement régional détruit les territoires des peuples autochtones, par

La plèbe, la multitude et la rente, par

La plèbe, la multitude
et la rente
Le retour de la catégorie de plèbe, qu’on croyait liée à l’empire romain ou aux luttes populaires de l’époque de la Renaissance, tient à la difficulté de catégoriser en termes marxistes, liés à la production, des alliances transversales entre groupes émergents et exclus. La plèbe qui cherche à accaparer les surplus ressemble à la multitude décrite par Toni Negri et Michael Hardt comme surgissant dans les villes pour profiter de la rente urbaine. Ce que décrivent Corten et ses amis n’est-il pas la classe antagoniste du capitalisme cognitif en constitution ? L’image du devenir-plèbe de la multitude, et de la régression vers le capitalisme agro-industriel, programmée avec le Mondial de foot et les Jeux Olympiques, semble très écornée.

Plebeian Politics, Multitude and Rent
The return of the notion of “plebs”, which was mostly used to refer to the Roman Empire or to popular uprisings in the Renaissance, is probably due to the fact that it is very difficult to explain in Marxist terms (based on relations of production) the new transversal alliances between emergent and excluded social groups. In its effort to capture various forms of rent, the plebs is somewhat similar to Hardt and Negri’s multitude jumping out of the cities in order to capture the urban rent. What is described by Corten and his friends as the plebs may be the antagonist class to cognitive capitalism. The image of a becoming-plebs of the multitude, and of a regression towards agro-industrial capitalism, as programed by the World Football Tournament and the Olympic Games, deserves a debate.

Droit de propriété intellectuelle, terra nullius et capitalisme cognitif, par

Le capitalisme cognitif présente deux caractéristiques principales, l’intelligence collective et l’utilisation intensive des nouvelles technologies de l’information basées sur la digitalisation des contenus et des procédures. Cela implique un défi énorme à l’application des droits de propriété intellectuelle et entraîne une crise globale des modèles économiques des industries culturelles. Le mouvement de l’open source se rapproche du principe de terra nullius qui se trouve actuellement rejeté par le droit constitutionnel, alors que les mécanismes du copyleft et des Creative Commons esquissent un nouveau système d’appropriation capable de protéger efficacement la biosphère contre la biopiraterie et la noosphère contre la prédation des externalités positives par le capitalisme cognitif.

Intellectual Property Rights, terra nullius and cognitive capitalism

Cognitive capitalism presents two main characteristics, collective intelligence and intensive use of the new technologies of information based on digitalization of contents and procedures. This creates an enormous challenge to the enforcement of intellectual property rights and produces a global crisis for the economic models of cultural industries. The open source movement is closer to the terra nullius principle, which is now rebuked by constitutional law, while Copyleft and Creative Commons stand for a new system of appropriation rules, which will efficiently protect the biosphere against biopiracy and the noosphere against predation of positive externalities by cognitive capitalism.