Tous les articles par Behrang Pourhosseini

Le complexe de Gog et Magog , par

Le complexe de Gog et Magog 
Si le Moyen-Orient demeure en proie à des guerres sans fin, c’est en partie parce que la Stasis – la discorde interne – et la guerre extérieure s’y entrelacent. Cet article explore le cas particulier du conflit Iran/Israël pour en dégager les caractéristiques et les strates. Derrière cette guerre interétatique se dissimule une guerre contre les populations : la République islamique contre les femmes (et par extension contre toute la société iranienne) et Israël contre les Palestiniens. Une autre caractéristique de cette guerre est le recours à la force militaire comme principal levier de dissuasion. Enfin, la logique de « ni paix ni guerre » entre ces deux pays nécessite le contrôle du temps long de conflit. À cet égard, cette guerre mobilise des mythes judéo-islamiques très anciens qui dépeignent une bataille ultime contre des peuples envahissants. L’épisode de Gog et Magog, raconté dans le livre d’Ezechiel, est aussi mentionné deux fois dans le Coran sous le nom de Yajuj et Majuj. Cet article traite de cet étrange effet de miroir où l’ennemi révèle le reflet de soi-même.

The Gog-Magog Complex
If the Middle East remains plagued by endless wars, it’s partly because Stasis—internal discord—and external warfare are intertwined. This article explores the specific case of the Iran/Israel conflict to identify its characteristics and layers. Behind this inter-State war lies a war against populations: the Islamic Republic against women (and by extension against Iranian society as a whole) and Israel against the Palestinians. Another feature of this war is the use of military force as the main deterrent. Finally, the logic of “neither peace nor war” between these two countries buttresses control over the long duration of the conflict. In this respect, this war mobilizes ancient Judeo-Islamic myths that depict an ultimate battle against invading peoples. The episode of Gog and Magog, recounted in the Book of Ezekiel, is also mentioned twice in the Koran, under the name Yajuj and Majuj. This article deals with this strange mirror effect, where the enemy reveals the reflection of oneself.

L’Iran et sa (mal) représentation, par

L’Iran et sa (mal) représentation
L’Iran (notamment post-révolutionnaire) souffre deux fois de sa mal-représentation. Non seulement, à l’intérieur des frontières, le décalage entre la diversité sociale et l’État islamique installé depuis la révolution de 79 s’est creusé, mais également, dans sa perception à l’extérieur, cette révolution a réactivé des lectures culturalistes. Nous mobilisons dans cet article le concept de « représentation », qui implique des significations politiques et esthétiques, afin de dessiner un autre tableau des tensions entre la société iranienne et son État. Le blocage de la représentativité démocratique par le gouvernement a conduit la société iranienne, en quête de son image, à se tourner vers des modalités de plus en plus esthétiques. Ces sensibilités influencent le paysage politique, de même que les représentations esthétiques sont toujours susceptibles de prendre un sens politique. C’est à ce conflit des images dans le contexte iranien que nous nous intéressons.

Iran and its (Mis) Representation
Iran (especially post-revolutionary Iran) suffers twice from its misrepresentation. Not only has the gap widened within its borders between social diversity and the Islamic Republic installed since the revolution of 1979. In its perception outside, this revolution has also reactivated culturalist readings. In this article, we mobilize the concept of “representation”, in its political and aesthetic meanings, in order to draw another picture of the tensions between Iranian society and its State. The government’s blockage of democratic
representation has led Iranian society, in search of its image, to turn to increasingly aesthetic modalities. These sensibilities influence the political landscape, just as aesthetic representations are always susceptible to receive and carry political meaning. It is this conflict of images in the Iranian context that we are interested in.

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