Archives par mot-clé : stratégies

La figure du pirate ou la désobéissance civile, par et

À travers les questions « Qu’est-ce que l’individu du point de vue de la domination ? », « Qu’est-ce que l’individu du point de vue de la résistance, de la lutte et de la subversion ? », nous analyserons le rapport entre le groupe militant Women on Waves et certaines pratiques artistiques contemporaines. Cette association, par un brouillage nécessaire et efficace des frontières et des limites d’actions autant territoriales que politiques, sociales, juridiques ou encore artistiques, nous semble poser aujourd’hui frontalement au champ de l’art contemporain la question de l’engagement et surtout la possibilité d’une action éthique forte. Le principe même des Women on Waves repose sur l’idée que la responsabilité justifie la désobéissance ; nous verrons dans quelle mesure cette désobéissance civile parvient à nouer des relations singulières entre action artistique et groupe associatif.

By focusing on the questions « what is the individual from the standpoint of domination? » and « what is the individual from the standpoint of resistance, struggle and subversion ? », we will analyze the relation between the militant group Women on Waves and certain contemporary artistic practices. In its necessary and efficient perturbation of borders and limits to actions (territorial, political, social, legal or artistic), this association seems to us to frontally pose contemporary art the question of commitment and especially the possibility of robust ethical action. The very principle of the Women on Waves is the idea that responsibility justifies disobedience. We will see in what way this civil disobedience is able to create singular relations between artistic action and associative groups.

L’ambivalence de la participation et l’urbanisme situationnel, par et

Des groupes d’auto-construction se multiplient aujourd’hui en Allemagne, en réponse à l’abandon d’une politique publique du logement. Mais ces groupes réservés de fait aux classes moyennes sont fonctionnels par rapport à cette politique. Ces groupes visent la propriété individuelle du logement. Ils n’ont aucun égard pour l’insertion urbaine de leur îlot. Il y a par contre un autre urbanisme situationnel, mal toléré des autorités, qui se développe à la marge, dans les lieux écartés. Les mouvements pour l’urbanisme participatif obéissaient à d’autres logiques, depuis l’advocacy planning des années 1970, qui développait des alternatives aux projets urbains, jusqu’aux Community Design Centers qui travaillent avec les minorités ethniques. Mais cette forme d’organisation tend aussi à être récupérée dans des projets d’homogénéisation. Quelles seraient alors les conditions d’intervention d’un urbanisme situationnel réellement pluraliste et non hégémonique ?

There has been a proliferation of self-construction groups in Germany today in response to the political abandonment of public housing. But these self-contained groups made up of the middle classes are operating within the framework of this politics. These groups aim for individual ownership of housing. They have no interest in the urban integration of their enclave. By contrast there is another type of situational urbanism, not well tolerated by the authorities, that is developing on the margins, in remote places. The particpative urbanism movements were very different, whether these were the Advocacy Planning of the 1970s which developed alternatives to urban projects, or Community Design Centres which worked with ethnic minorities. But this form of organisation tends also to be reclaimed by projects of homogenisation. So what should be the conditions of intervention for a situated urbanism that is genuinely pluralist and non-hegemonic ?

De la frontière globale au quartier de frontière : pratiques d’empiètement, par

Malgré les images dramatiques diffusées à propos de la frontière États-Unis / Mexique, elle reste tout à fait poreuse. La migration illégale bat son plein vers le nord tandis que des tas de détritus passent dans l’autre sens pour se faire recycler ou participer à la construction d’un contre-urbanisme, sans compter les nombreux tunnels qui passent sous la frontière et participent de cet habitat illégal. Face à l’urbanisme de la ségrégation se développe un urbanisme de la transgression, avec ses entreprises spécialisées et ses prototypes. C’est ainsi que travaille Casa Familiar dans un quartier de frontière en Californie. Une zone d’habitat accessible a été créée, ainsi que des pièces à vivre la frontière qui sont autant des lieux de rencontre que des logements, de simples pièces équipées d’électricité, à usage temporaire. Sur la frontière se crée un nouveau programme d’habitat, accessible et durable.

In spite of the dramatic images broadcast from the US / Mexican frontier, the border still remains porous. Illegal migration continues northward while piles of waste moves in the other direction to be recycled, and to be re-used in the construction of a counter-urbanism that includes numerous tunnels that pass under this border and make up this illegal inhabitation. In reaction to urban segregation, an urbanism of transgression is developing via specialised enterprises and their alternative prototypes. It is in this context that the non-governmental organization Casa Familiar works in the border neighbourhood of San Ysidro, California. A zone of alternative affordable housing has been designed including a serie of « open air rooms » that contain electricity, serving as site for a variety of neighborhood activities. On the border a new housing programme is developing : affordable and socially sustainable.

La furigraphie pour briser l’encerclement, par

L’expérience de la domination et de la marginalisation – politique, économique, sociale, culturelle – ressentie par beaucoup de Touaregs dans l’ordre des États modernes se traduit par une image récurrente : celle d’un corps mutilé, amputé, blessé, empêché de se mouvoir. Face à la fragmentation et à la paralysie du corps social, territorial, individuel, revient l’idée qu’il faut le souder, le remembrer, le réemboîter pour lui restituer sa mobilité. C’est dans cette perspective que, depuis plusieurs décennies, des initiatives aussi nombreuses que variées investissent des scènes d’actions multiples, de l’insurrection armée au travail de l’imaginaire. Dans le domaine littéraire et artistique, la « furigraphie » du peintre et poète touareg Hawad, apparaît comme un de ces moyens « de dépasser les limites, de contourner l’enfermement, de faire ricocher les échos de (s)es paysages et de construire des espaces inédits pour penser, ressentir et dire autrement le monde ».

There is a recurrent image that captures the experience of being dominated and marginalised many Touaregs have felt in the political, economic, social, and cultural realms as has been inflicted upon them by the modern nation-states system : that of a mutilated, injured body deprived of its freedom to move around. So the idea comes up to put together again, to rearticulate this social body in order to counter its fragmentation and paralysis and bring it back to its former mobility. It is in this perspective that over the past scores of years various initiatives have sprung up, ranging from armed resitance to imaginary discourses. In literature, it has been the of the Touareg painter and poet Hawad that appears to be one of the paths available to « go beyond the limits, to route around the confinement, to make the echos of the landscape rebound and to build fresh spaces of thoughts, feelings, and different ways to look at the world ».

multitudes