Archives par mot-clé : contrôle

L’usage de la vie, par et

L’usage de la vie

Nous faisons usage de machines, de chaussures, de cartes, en vue de notre vie, de sa conservation et de son développement. Mais c’est la vie elle-même qui est avant tout “usable”, et pour laquelle machines, chaussures, cartes sont utilisées. L’usage de soi, de son existence, est le présupposé et la poutre maîtresse de tous les autres usages. Or l’usage de soi se fonde sur le détachement de soi. Est utilisée une existence à laquelle on ne peut pas toujours s’identifier, qui ne se possède pas entièrement et qui, sans être vraiment étrangère, n’est pas non plus complètement familière. Autrement dit, l’usage de la vie concerne l’espèce qui, en plus de vivre, doit rendre sa vie possible. Le jeu de scène théâtral récapitule et amplifie les procédés par lesquels l’être humain se sert de son existence. L’activité de l’acteur est un modèle incomparable de l’usage de la vie et du souci de soi. Pour reconstituer avec précision les “technologies du soi”, il convient de regarder de près les écrits de Stanislavski, Mejerchol’d, Brecht et Grotowski.

The Use of Life

We make use of machines, shoes, maps, for our life, its conservation and its development. But it is life itself that is primary usable – in view of which machines, shoes, maps are used. The use of oneself, of one’s existence, is both the premise and the cornerstone of all other uses. The use of oneself is based on the detachment of self. The existence which comes to be used is one with which one cannot always identify, one that is not fully possessed, and that is not completely familiar, while also not being really strange. In other words, the use of life relates to the species which, in addition to living, must make its life possible. The theatrical stage recapitulates and amplifies the processes by which the human being makes use of its existence. Acting is an incomparable life’s use and care of the self model. In order to reconstitute with precision the “technologies of self”, it is advisable to take a close look at the writings of Stanislavski, Mejerchol’d, Brecht and Grotowski.

Le Cobot, la coopération entre l’utilisateur et la machine, par

Le Cobot, 
la coopération entre l’utilisateur et la machine

En 1996, le terme de « cobot », 
contraction de « robotique collaborative », apparut sous la plume de deux chercheurs américains travaillant pour l’industrie automobile. Il s’applique aujourd’hui à un nouveau champ de la recherche en robotique, la « cobotique », qui s’attache à concevoir des machines asservies ou pseudo-autonomes susceptibles d’être utilisées au sein d’un environnement humain. Le cobot se différencie donc essentiellement du robot par son absence d’autonomie puisque, par définition, il ne peut pas fonctionner sans l’action d’un opérateur. L’approche collaborative, tout en dépassant la simple « utilisation » qui pourrait être faite d’un outil, valorise le travail de l’humain et laisse présager d’une meilleure acceptabilité sociale du cobot, qui n’aurait pas pour vocation de remplacer l’homme, mais de l’épauler.

The Cobot : a New Form of Human-Machine Interaction

An abbreviation for « Collaborative Robotics », the term cobot was coined in 1996 by two American researchers working for the car industry. It refers to a new field of research – cobotics – which designs pseudo-autonomous or servant machines to be used in human environment. A cobot differs from a robot insofar as it cannot function without the action of a human operator. This collaborative approach goes beyond the mere « use » to be made of a tool : it valorizes human labor and makes the cobot a more acceptable partner, since it does not lead to the replacement of the human, but to his assistance.

Réguler les robots-tueurs, plutôt que les interdire, par et

Réguler les robots tueurs, plutôt que les interdire

Les futurs systèmes d’armes létales autonomes (LAWS selon leur acronyme anglais), aussi appelés « robots tueurs », seront-ils une menace pour l’humanité ? Dans cet article de proposition prescriptive, nous soutenons qu’ils ne privent pas les humains de leurs responsabilités. Au contraire, ils augmentent notre capacité à leur faire rendre des comptes de leurs crimes de guerre, même si leur diffusion et leur utilisation doivent impérativement être réglementées par des organisations étatiques et internationales. Le moment actuel est crucial pour mettre en place un accord international sur leurs réglementations, alors même que le développement et les applications de ces technologies font débats. La peur largement partagée que suscitent ces robots tueurs est à nos yeux infondée: il faut plutôt considérer leur arrivée comme une bonne nouvelle.

Regulate Killer Robots instead 
of Banning Them

Will future lethal autonomous weapon systems (LAWS), or « killer robots », be a threat to humanity ? In this policy paper, we argue that they do not take responsibility away from humans ; in fact they increase the ability to hold humans accountable for war crimes – though their distribution and use must be regulated by state and international agencies. We argue that now is a crucial time to ensure an agreement on regulation, while development, application and use of these technologies are under debate. The widespread fear of killer robots is unfounded : they are probably good news.

Les robots sont des personnes comme les autres. Changer notre regard pour ne pas subir l’automatisation, par

Les robots sont des personnes comme les autres

Tout un symbole : Vital est le sixième membre du conseil d’administration de la société hongkongaise Deep Knowledge Ventures, alors qu’il n’est qu’un simple algorithme. Qu’il s’agisse de logiciels et d’objets dits intelligents ou de robots humanoïdes comme Pepper, Romeo et Nao, nous allons devoir apprendre à travailler bien sûr, nous amuser, être soignés mais aussi dialoguer avec ce genre de machines. Gare à ne pas les sous-estimer ! Qu’elles aient été conçues par un être d’os et de chair ne les empêchent pas d’être nos interlocuteurs. Certaines d’entre elles ne devraient-elles pas être considérées demain comme de vraies « personnes non humaines », selon le terme auquel a droit, depuis un procès de fin décembre 2014, l’orang-outan Sandra du zoo de Buenos Aires ?

Robots are People like You and Me

Vital, an algorithm, was elected as the sixth board member of the Honk Kong firm Deep Knowledge Ventures. Software, « intelligent objects », humanoid robots like pepper, Romeo and Nao: we will have to learn to work, talk and play with them, but also to be treated and cared for by this new type of machine. Let’s not underestimate them ! The may have been designed by humans, but they are nevertheless called to become our daily partners – and some of them may have to be considered as true « non-human persons », following the legal category crafted in 2014 for Sandra, the orangutan living in Buenos Aires zoo.

Le tumulte plébéien Ou la part du dés-ordre en politique, par et

Le tumulte plébéien
Ou la part du dés-ordre en politique
L’interpellation plébéienne est un concept visant à nommer la force politique des soulèvements populaires et des actions directes spontanées. En modifiant le concept althussérien d’interpellation et en le combinant à celui d’expérience plébéienne (Breaugh, 2007), il s’agit de rendre compte de l’auto-interpellation des « sans-part » (Rancière, 1990) par laquelle ils se donnent leurs propres conditions de possibilité dans des actions collectives. Le propre de ces actions est précisément de surgir en dehors des formes ritualisées de constitution de l’espace public. Elles sont intraitables dans ce qu’elles refusent toute catégorisation mais également dans ce qu’elles débordent toute représentation de « vivre-ensemble » de l’ordre politique. Cette forme « sauvage » d’interpellation se manifeste dans des moments de révolte ou de « sécession », d’interruption du cours normal de la reproduction du social. La plèbe doit être saisie pour ce qu’elle est, dans le tumulte vif de sa manifestation.

The plebeian turmoil
Or the share of dis-order in politics
The concept “plebeian interpellation” describes the political strength of popular uprisings and spontaneous direct actions. By modifying the Althusserian concept of “interpellation” and combining it with that of “plebeian experience” (Breaugh, 2007), we wish to offer an account of the self-affirmation of the “those without part” (Rancière, 1990) by which they give themselves their own conditions of possibility through collective action. Such actions arise outside the ritualized forms of the constitution of public space. At the same time, they arise beyond any representation of the political order. This untamed form of interpellation occurs in the context of rebellion or “secessions” that are as many interruptions of the normal course of social reproduction. Yet the plebs must be understood for what it is, in the great tumult of its manifestation.

La plèbe, la multitude et la rente, par

La plèbe, la multitude
et la rente
Le retour de la catégorie de plèbe, qu’on croyait liée à l’empire romain ou aux luttes populaires de l’époque de la Renaissance, tient à la difficulté de catégoriser en termes marxistes, liés à la production, des alliances transversales entre groupes émergents et exclus. La plèbe qui cherche à accaparer les surplus ressemble à la multitude décrite par Toni Negri et Michael Hardt comme surgissant dans les villes pour profiter de la rente urbaine. Ce que décrivent Corten et ses amis n’est-il pas la classe antagoniste du capitalisme cognitif en constitution ? L’image du devenir-plèbe de la multitude, et de la régression vers le capitalisme agro-industriel, programmée avec le Mondial de foot et les Jeux Olympiques, semble très écornée.

Plebeian Politics, Multitude and Rent
The return of the notion of “plebs”, which was mostly used to refer to the Roman Empire or to popular uprisings in the Renaissance, is probably due to the fact that it is very difficult to explain in Marxist terms (based on relations of production) the new transversal alliances between emergent and excluded social groups. In its effort to capture various forms of rent, the plebs is somewhat similar to Hardt and Negri’s multitude jumping out of the cities in order to capture the urban rent. What is described by Corten and his friends as the plebs may be the antagonist class to cognitive capitalism. The image of a becoming-plebs of the multitude, and of a regression towards agro-industrial capitalism, as programed by the World Football Tournament and the Olympic Games, deserves a debate.

multitudes