Archives par mot-clé : méthode

Vous avez dit « Démocratie réelle » ?, par

La vague de mouvements sociaux et citoyens apparus en 2011-12 dans plusieurs pays d’Europe et de l’Amérique latine, prenaient souvent comme cible majeure la « sacro-sainte » démocratie représentative et manifestaient une défiance à l’égard du système des partis. Prétendant donner la parole au peuple, la démocratie représentative rend les citoyens passifs, et consigne le pouvoir citoyen à des représentants susceptibles d’être influencés par des partis et, indirectement par les oligarchies dominantes. L’auteur passe en revue différentes pratiques démocratiques en analysant les avantages relatifs qu’elles apportent : démocratie directe, démocratie participative, démocratie délibérative, contrôle citoyen, tirage au sort, et plaide pour une combinaison de ces modalités, récupérant le rôle actif des citoyens. Une version plus développée de ce texte (30 p.) peut être trouvée dans le blog Changement & Société : albanocordeiro@wordpress.com
Did You say “Real Democracy”?
The wave of social and citizen movements observed in Europe and Latin America, in 2011-2012, took, as one of the main targets, the representative democracy, venerated as the democracy by excellence, as well as the party’s system being distrusted. In the name of the people voice, the representative democracy makes citizens passive, and therefore it becomes possible for the dominant forces to influence political activities in order to prevent Alternative. Other democratic practices are possible (direct-participative democracy, “tirage au sort”, citizen control…). The author pleads for a combination of these practices in a way citizens can have an active rule in a stable political structure.

Entretien avec François Godement (Asia Centre), par et

Les questions ouvertes par vos correspondants ont été refermées depuis la fin de 2012. Le Parti et l’État sont parvenus à mettre la conjoncture économique sous contrôle au prix d’un renforcement de la censure, d’un étouffement des mouvements sociaux et d’un semblant de redistribution. Mais pour la Chine, l’essentiel, ce sont les marchés extérieurs. Une économie dans laquelle les ménages épargnent la moitié de leurs gains n’est pas fondée sur la consommation de masse. C’est l’État qui a su gérer la formidable augmentation des investissements dans les infrastructures et le bâtiment, dont profite surtout l’élite. La question de l’environnement est nouvelle et fait peur ; elle est traitée en termes de responsabilité individuelle.

Interview with François Godement
The questions raised by the previous contributions have been closed to public debate since the end of 2012. The Party and the State manage to keep their grip on the economic situation thanks to a strengthening of censorship, repression on social movements and an appearance of redistribution. What is essential for China, however, are the foreign markets. An economy where households save half of their income is not based on mass consumption. The State was successful in managing the tremendous expansion of investments in infrastructure and real estate, to the advantage of a small elite. Environmental issues are new and generate many fears, mostly to be treated on the basis of individual responsibility.

L’image théorique ou l’artiste face à l’Histoire, par

Ce texte entend démontrer la dimension théorique de l’œuvre d’art en prenant appui sur le Butcher boys de Jane Alexander. L’indétermination formelle que suscite cette œuvre est mise en rapport avec l’ambivalence telle qu’envisagée par Homi Bhabha dans la théorie déconstructionniste. Après avoir montré l’influence du poststructuralisme sur le postcolonialisme, l’auteur s’appuie sur l’hypothèse selon laquelle la problématique de l’ambivalence et la critique de la temporalité sont les deux points d’ancrage qui placent Butcher boys au centre du discours deconstructionniste postcolonial. C’est ainsi que l’œuvre est analysée par rapport au Temps, à la Mémoire et à l’Histoire et mise en relation avec les événements historiques déterminants de l’Afrique du Sud. L’auteur dégage ce qu’il nomme une corporéité de la mémoire comme support d’une écriture de l’histoire.

Theoretical image or the Artist facing history
This paper attempts to demonstrate the theoretical nature of artwork from Jane Alexander’s Butcher boys. The formal indeterminacy of this artwork is related to the ambivalence as mentioned by Homi Bhabha about deconstructionist theory. The author underlines the influence of poststructuralist theory on postcolonial discourse and considers the hypothesis that the problem of ambivalence and the critic of temporality are the main ideas that get Butcher boys in the center of postcolonial deconstructionism. From this point of view, the artwork is analyzed in relation to Time, Memory and History in view of South Africa’s historical events. The author demonstrates what he names the corporeity of memory as the support of making history.

« Be happy ! »
, par

Se fondant sur le constat que la psychanalyse est une pratique de la société bourgeoise capitaliste occidentale, l’auteure propose d’instruire la place de l’argent dans la circulation pulsionnelle. Pour elle, la pratique de la psychanalyse est un rapport marchand dont l’argent est au centre des échanges et continuer à faire semblant de l’ignorer serait une erreur non seulement politique mais aussi technique. Dans une deuxième partie, elle rend compte de ce qu’elle entend dans les consultations « travail » qu’on lui adresse. Elle montre que leurs plaintes désespérées ou enragées masquent mal des malhonnêtetés, des mensonges, des arnaques en tous genres dont ils ne réussissaient plus à être dupes. Elle prétend qu’une analyse économico-politique de leur trajet avec l’aide d’un clinicien est le meilleur moyen de transformer cette angoisse en embarras afin que leur vie redevienne vivable.

« Be happy! »
Assuming the fact that psychoanalysis is a Western capitalistic bourgeois social practice, the A. proposes to study the status of money in pulsional circulation. Analytic practice is a merchandized relation, where the exchanges are focused on the money, and to ignore this fact is a mistake, both politically and technically. The A. further gives an account of the hearings at her « work » referred consultations, showing how the patients’ desperate or angry complaints are only a cover for various dishonesties, lies, and scams they won’t accept anymore. He claimis that an economico-political analysis of their career with the help of a clinicist is the best way to turn anxiety into mere embarrassment in order to make their lives livable again.

Émotions privées, émotions publiques
, par

L’article examine le privilège accordé par les principales analyses sociologiques des émotions aux émotions et sentiments « collectifs », ou rattachables à des règles sociales de cadrage ou d’interprétation des situations. Il soutient que la pertinence sociologique des émotions réside aussi dans l’identification et la compréhension de ces émotions et sentiments dits « particuliers », « individuels », « personnels », « privés », en décalage avec « la situation ». Les travaux sur les émotions issus de perspectives féministes reconsidèrent ces qualifications – « particulières », « personnelles » – comme un produit de relations sociales, i.e. de domination. Une analyse des émotions, à partir d’une position subordonnée ou dominée, emprunte d’autres chemins dégageant une dimension politique des émotions. Une vision restrictive de la moralité et une vision extensive et conformiste du social font obstacle à un compte rendu sociologiquement acceptable de la moralité des émotions.

Emotions, public and private
Mainstream sociological analysis deals mainly with collective emotions. In this perspective, “individual”, “personal”, “partial” or “private” emotions are devoided of social significance. This paper argues that such a conception misses the sociological relevance of these phenomena. Differentiating emotions along the collective/individual line, seeing the former as socially meaningful and the latter as “particular”, “private”, or “personal” can also be understood as a product of power relationships. An alternative –feminist and gendered– analysis of emotions could be developped, shedding light on a political dimension of emotional phenomena, and the complex morality of emotions.

multitudes