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“Nous ne paierons pas pour votre crise” Les luttes italiennes contre la réforme de l’éducation, par

Le système d’enseignement public italien a été depuis l’été 2008 l’objet d’une série de coupes budgétaires. C’est contre cette suite de réformes que des étudiants, des travailleurs de l’enseignement et des chercheurs se sont engagés dans diverses formes de contestation, de l’occupation des rues au blocage des universités. Au-delà des frontières italiennes, des appels à un nouveau type de welfare se sont fait entendre à travers toute l’Europe, étendant ainsi les revendications corporatistes traditionnelles au contexte global de la crise économique en révélant sa double nature. L’un de ces aspects réside dans la centralité de la production de savoirs, l’indistinction entre les statuts d’étudiant et de travailleurs émergeant comme effet symptomatique de la planification néolibérale. Contre ce processus au sein duquel la puissance des savoirs vivants se voit capturée par la dynamique capitaliste de hiérarchisation et de dette, les récentes luttes désignées sous le nom de Onda anomale ont imposé les fins d’un renouveau de la coopération sociale et une pensée réactualisée de l’autonomie du savoir, sous le slogan « Nous ne paierons pas pour votre crise ! ».

«We will not pay for your crisis»
The Italian public education system has been hit by several cuts in its funding since the summer of 2008. It’s against this trend of reforms that students, university workers and researchers engaged in various protests, occupying the streets and blocking universities. Beyond Italy’s boundaries, calls for a new form of welfare have spread throughout Europe, thus extending traditional corporatist demands to the global context of the economic crisis and revealing its double-sided nature. One of these aspects is the centrality of the production of knowledge, as the indistinctness between student and worker statuses emerges as a symptomatic side-effect of the neoliberal agenda. Against this process in which the power of living knowledge is captured by capitalist dynamics of hierarchy and debt, recent struggles under the designation of «Onda Anomale» have imposed the goal of a renewal of social cooperation and a rethinking of the autonomy of knowledge, under the motto « We won’t pay for your crisis! ».

“Beyond Google”, par et

Ne serait-ce qu’à cause de sa puissance et de ses visées tentaculaires, Google mérite une critique radicale, mais à sa hauteur. Comprendre Google et l’importance qu’il a pris dans notre quotidien suppose un regard allant au-delà du moteur de recherche lui-même et de ses services. L’usage de Gmail et de ses publicités contextuelles comme de Google Street View et de ses rues filmées via un objectif à 360˚ (comme si nous y étions) n’est pas neutre. Sauf qu’en amont de Google, il y a nos désirs. Il y a nos sources d’information et de connaissance, chaque jour en nombre plus démentiel, et moins fiables que jamais du côté des médias classiques… En aval, alors qu’Internet devient peu à peu aussi commun et invisible que l’électricité, se posent les questions des limites des moteurs tels que Google. Et puis il y a nos détournements, nos créations, nos projets individuels ou collectifs…

Beyond Google
If only because of its power and its tentacular expansion, Google deserves a radical critique, but at its height. Understanding Google and the importance it has in our daily lives requires a look beyond the search engine itself and its services. The use of Gmail and its contextual advertising, as well as Google Street View and its streets filmed with a 360˚ angular view (as if we were there) is not neutral. Except that, before Google, our desires exist. The number of sources of information and knowledge grows insanely every day, and at the same time the mainstream media become less reliable. As the Internet becomes as ubiquitous and invisible as electricity, the limits of engines such as Google need to be questioned. And then there’s our fidelity, our creations, our individual and collective projects…

Contre l’hégémonie de Google Cultivons l’anarchisme des connaissances, par

Dans cet échange, Karlessi, membre du groupe Ippolita, souligne l’existence d’une face obscure de Google qui, à l’aide de « cookies », parvient à créer une technique de plus en plus fine de profilage des internautes. Cette somme d’informations se constitue afin de permettre la mise en relation de l’individu avec une publicité de mieux en mieux ciblée. Cette technique de saisissement de l’internaute s’accompagne aussi d’un appauvrissement des formes d’investigation de ce dernier, de plus en plus soumis au moteur de recherche et à son hégémonie sur le Net. C’est la raison pour laquelle la démarche collective d’Ippolita propose de sortir de la passivité vis-à-vis de la technologie et d’inventer d’autres formes de relation à la technique, ainsi qu’entre les êtres. Les « scookies » sont ainsi une de leurs propositions pour brouiller les pistes de ce fichage par Google, en permettant aux internautes d’échanger leurs « cookies ». Démarche tournée vers une quête : celle de faire de nous tous des poètes !

let’s promote Knowledge Anarchism
In this conversation, Karlessi, a member of the group Ippolita discusses the darker face of Google, which, with the help of cookies, finds ever finer ways to profile Internet users. The information is gathered in order to allow for a close match between advertisement and the individual targeted. This leads to an impoverishment of research in the Net, increasingly submitted to the hegemony of a single search engine. For this reason, Ippolita proposes a new form of agency through the use of « scookies », which allow Internet users to exchange their cookies and erase all the traces that allow Google to profile them. Ultimately, the intention is to make a poet out of each one of us !

Anthropophagies, racisme et actions affirmatives, par

L’anticipation du Manifeste anthropophage (1950) d’Oswald de Andrade a consisté à saisir la dynamique brésilienne, à cheval entre l’héritage de la colonisation européenne et sa projection dans l’avenir. Oswald a vu dans le Brésil qui entrait dans la modernité un « pays du futur », non pas du point de vue de la dynamique de construction d’une trajectoire nationale de développement, mais dans la perspective du développement du rapport brésilien (indigène) à l’altérité coloniale. La révolution anthropophagique, au fur et à mesure qu’elle projetait les Indiens dans le monde, se fondait sur une théorie de la multiplicité et non de la « diversité ». L’anti-colonialisme n’était pas un nationalisme et moins encore un isolationnisme, mais une machine de guerre pour prendre à l’Europe des riches « ce qui nous intéressait ».

Oswald de Andrade’s « Cannnibal Manifesto » (1950) was anticipative in its apprehension of the Brazilian dynamic as it emerged from its European colonial heritage projecting itself towards the future. As Brasil entered modernity, what Oswald observed was « a country of the future », not from the perspective of the dynamic of a construction of a national trajectory of development, but from the perspective of the development of the indigenous Brazilian relation to colonial alterity. The anthropophagic revolution, as it projected the Indians into the world, rested on a theory of multiplicity and not of « diversity ». Anti-colonialism was not a form of nationalism, but a war machine which served to take what we wanted in the rich Europe.

Du postmoderne au postmédia, par

Les philosophes postmodernes ont beau papillonner autour des recherches pragmatiques, ils restent fidèles à une conception structuraliste de la parole et du langage qui ne leur permettra jamais d’articuler les faits subjectifs aux formations de l’inconscient, aux problématiques esthétiques et micro-politiques. Il faudrait en revenir à une évidence simple, mais combien lourde de conséquences, à savoir que les agencements sociaux concrets mettent en cause bien d’autres choses que des performances linguistiques : des dimensions éthologiques et écologiques, des composantes sémiotiques, économiques, esthétiques, corporelles fantasmatiques, irréductibles à la sémiologie de la langue, une multitude d’univers incorporels de référence, qui ne s’insèrent pas volontiers dans les coordonnées de l’empiricité dominante.

Postmodern philosophers may flirt with pragmatics, but they remain trapped within a structuralist conception of speech and language, which prevents them from articulating subjective facts to the formations of the unconscious, to the realm of aesthetics and micropolitics. One should start again from the basic (but immensely important) fact that concrete social devices deal with much more than mere linguistic performance : they are made up of ethological and ecological dimensions, of semiotic, economic, aesthetic components, of bodily fantasies irreducible to linguistic semiology, displaying a multitude of disembodied universes of reference, which do not easily fit within the coordinates of our ruling empiricism.

Les cartes et les ritournelles d’une panthère arc-en-ciel, par

Petit à petit, Guattari a forgé un ensemble d’outils à même de soutenir chacun dans son désir d’échapper à l’injonction capitaliste, en s’appuyant sur ses passions, sur les actions auxquelles il participe, sur les universaux culturels qu’il reconnaît, et sur les flux libérés à la surface de la terre par l’aventure humaine. Le sujet, mis à distance de l’impuissance que la centralité de son moi engendrait, développe sa réflexion et la capacité d’action dans une infinité de situations différentes. Ces outils viennent de la psychothérapie institutionnelle et de la psychosociologie dans un premier temps ; puis Guattari se tourne vers des sémiotiques non limitées par l’effondrement des « lieux de parole », sensible depuis 1975 ; enfin il invente les « cartographies schizoanalytiques » et jette les bases de l’« écosophie ».

Guattari has progressively designed a set of tools capable of helping everyone escape from capitalist injunctions, finding support in affects, in participative action, in cultural universals and in the flows freed by the human adventure on the surface of the planet. The subject, distanced from the powerlessness generated by a central ego, develops her reflection and agency in infinitely diverse situations. He drew such tools, first, from institutional psychotherapy and psycho-sociology, later, from a form of semiotics not limited by the collapse of the « loci of speech », which finally led him to invent schizo-analytic mappings and to prepare the ground for « ecosophy ».

Voltaire et les vampires, par

Dans son article «Vampires» du Dictionnaire philosophique, Voltaire évoque le phénomène de la «peste vampirique» qui a frappé l’Europe centrale des années 30 du XVIIIe siècle, aussi bien que les interprétations controversées qui en furent alors données, en France comme dans toute l’Europe. Il profite de cette occasion pour reprendre sa polémique anti-religieuse avec une ironie corrosive qui n’épargne pas même un voltairien sincère, comme Jean-Baptiste Boyer d’Argens, qui avait, avec beaucoup d’acuité, donné lui-même une interprétation du phénomène dans ses Lettres juives. Dans son texte, Voltaire choisit l’arme de la satire plutôt que celle de l’enquête scientifique. Il nous donne ainsi une approche anthropologique assez approximative en révélant par là les limites d’une raison polémique bornée à la simple idéologie.

In his article on «Vampires», in the Dictionnaire philosophique, Voltaire both evokes the phenomenon of the so-called «vampire plague» which hit Central Europe during the 1730s and recalls the controversial interpretations of this phenomenon in France and abroad. He takes advantage of the occasion to renew his anti-religious polemic, with a caustic irony that doesn’t spare even a sincere Voltairian like Jean Baptiste Boyer d’Argens, who had offered a penetrating analysis of this phenomenon in his Lettres juives. In his text, Voltaire chooses satire rather than an inquiry into causes of the phenomenon, revealing a superficial anthropological approach as well as the limits of an argument conceived as pure ideology.

Attention et soin. Subjectivité, lien et travail, par

L’article insiste sur la place cruciale du travail affectif et de soin (care). Dans la société du travail en réseau, l’objet principal du travail n’est plus la matière inanimée mais la vie elle-même. Le travail des infirmières, des travailleuses sociales, etc., présente la caractéristique de reposer sur une activité relationnelle qui, par nature, mobilise affects et intelligence dans la coproduction du service. Il s’agit par ailleurs d’activités fortement féminisées qui s’inscrivent dans l’interstice entre public et privé, sphère domestique et sphère étatique, économie marchande et non marchande. Autre trait marquant : ces nouvelles formes de travail sont de plus en plus assurées dans la sphère marchande par une force de travail immigrée qui, quoique fortement qualifiée, est souvent sous-payée et soumise à un lourd processus de déclassement. Sous l’impulsion des politiques néolibérales, le creusement des inégalités dans la répartition du revenu et l’affaiblissement des garanties du Welfare favorisent l’essor de ce qu’André Gorz appelait la domesticité moderne. La combinaison des inégalités salariales et celles des revenus du patrimoine se trouve ainsi à l’origine d’un dualisme croissant du marché du travail. Nous sommes là en présence d’une tendance forte, menant à la généralisation du modèle anglo-saxon de régulation du capitalisme cognitif, même s’il n’y a là rien d’une logique inéluctable, comme le montre par exemple le modèle nordique de protection sociale et de régulation du marché du travail.

This essay insists on the crucial position of affective labor and care. In the society of network labor, the principal object of work is no longer inanimate matter but life itself. The labor of caregivers, social workers, etc., is characterized by relational activity which, by nature, mobilizes affects and intelligence in the mutual co-production of services. Such activities are furthermore highly feminized and inscribed in the interstices between the public and the private, the domestic and the state spheres, market and non-market economies. Another significant trait : these new forms of work are increasingly guaranteed in the sphere of the market by an immigrant labor force that, although highly qualified, is often under-paid and subject to a heavy process of declassification. Under the impulse of neoliberal policies, the intensification of inequities in the distribution of revenue and the weakening of Welfare guarantees favor the birth of what André Gorz has called « modern domesticity ». The combination of inequality in both salary and inheritances is thus at the origin of a growing dualism in the labor market. We are thus witness to a marked tendency culminating in the generalization of the anglo-saxon model of regulation of cognitive capitalism, even though this trend bears no inevitable logic–as shown, for example, by the Nordic model of social protection and regulation of the labor market.

Segmentation du travail cognitif et individualisation du salaire, par et

L’article traite de la transformation du travail et de la différenciation des salaires. Il montre la diffusion du travail cognitif à partir d’exemples empruntés au secteur de l’édition. Il définit tout d’abord le travail cognitif selon le rôle qu’y tiennent les activités relationnelles et les processus d’apprentissage. C’est le type travail qui permet d’exploiter les nouveaux types de rendements d’échelle croissants qui caractérisent l’accumulation dans le capitalisme cognitif. Les activités en réseau et l’apprentissage conduisent, par définition, à un accroissement du travail et à une fragmentation et individualisation du salaire, qui se traduisent le plus souvent par des conditions de vie précaires en termes de revenu et de protection sociale. La seconde partie de l’article est consacrée à l’organisation du travail dans le secteur de l’édition. Le travail cognitif y connaît une forte expansion en raison de l’introduction des technologies de l’information et de la communication. Des données empiriques montrent que cette dynamique, qui repose toujours davantage sur la nouvelle division cognitive du travail, conduit à un accroissement des inégalités salariales et à une forte précarisation,.

The paper deals with the transformation of labour and wages differentiation, providing some empirical examples in the diffusion of cognitive labour, especially in the publishing industry. The first part gives a definition of cognitive labour by focussing on the role played by relation activities and learning processes. It is the type of labour which is able, better than others, to exploit the new types of dynamic scale economies which affect the way of accumulation of cognitive capitalism. Network and learning activities, by definition, lead to an increasing of labour and wage individualisation and fragmentation, which in many cases imply a precarious condition in term of income and social security. In the second part of the paper, the labour organisation is analysed as far as publishing industry is concerned. In the publishing industry, cognitive labour is increasing in relevant way as a consequence of the introduction of Ict. Empirical data show that this dynamic leads to an increase of wages differentiation and precariousness, more and more based on the new cognitive division of labour.

Finance, instabilité et gouvernabilité des externalités, par

Après une mise en perspective historique du processus de financiarisation, l’article prête plus particulièrement attention au rôle de la finance dans le gouvernement des externalités, et cela à un double niveau. (1) Le premier a trait à la revanche des externalités négatives. La surexploitation de la planète résultant de deux siècles d’une croissance hyper-productiviste fait désormais peser sur l’économie mondiale une incertitude structurelle, qui pèse tant sur les prix des ressources non renouvelables que, plus fondamentalement, « sur le prix de l’avenir tout court ». Or c’est la finance qui, faute de mieux, va être « sollicitée pour donner un prix au futur ». Ce constat est d’autant plus fort que le développement des activités visant à solder les externalités négatives est destiné à jouer nécessairement un rôle majeur dans la dynamique du capitalisme. Après la convention boursière Internet et celle immobilière, il est ainsi fort probable que la prochaine convention boursière porte sur les énérgies alternatives et les activités liées à la réparation des dégâts de la croissance. (2) Le deuxième niveau concerne le rôle croissant des externalités positives liées au processus de production et de circulation des connaissances. Plus précisément, la révolution des technologies de l’information et de la communication (TIC) et la montée de l’immatériel se traduisent par deux effets convergents et éminemment contradictoires, auxquelles la finance apporte une réponse. D’une part, les TIC permettent la numérisation et la codification de tout ce qui est répétitif dans l’activité mentale en dépréciant la valeur marchande de l’information. Or, et nous avons là une première contradiction, ces connaissances codifiées et numérisées (dites de niveau 1) présentent un problème majeur d’appropriation privative. Leur coût de production initial est certain. En revanche, leurs coûts marginaux sont très faibles ou nuls, ce qui rend de plus en plus difficile l’exécution des droits de propriété intellectuelle. D’autre part, ce même processus d’automatisation des activités mentales répétitives et de codification de la connaissance déplace le cœur de l’activité créatrice de valeur vers les connaissances tacites, difficilement codifiables : les connaissances dites de type 2, constituées par le triptyque créativité/intelligence/innovation. C’est le modèle paradigmatique du travail immatériel reposant « sur la coopération entre cerveaux travaillant sur ordinateur et reliés par le réseau (Internet)… » Or l’assujettissement de cette forme de la coopération productive en réseau ne peut être qu’indirecte et formelle. Dans ce cadre, la finance est alors destinée à remplir toujours davantage deux fonctions structurelles. Elle seule permet de subsumer le travail immatériel, tout en actualisant l’évaluation à la juste valeur (fair value) des actifs immatériels, dans un contexte d’incertitude structurelle où la « valeur des biens connaissances oscille de rien à des valeurs incommensurables et à des prix de monopole qui sont des prix politiques ».

After putting the process of the financialization of capital into historical perspective, this essay focuses attention on the role of finance capital in the governance of externalities on two levels : (1) the first has to do with the revenge of negative externalities. The overexploitation of the planet resulting from two centuries of super-productivist growth has henceforth introduced a structural uncertainty into the global economy that weighs as much upon the price of non-renewable resources as, more fundamentally, the « price of the future as a whole ». For better or for worse, it is now finance capital that is going to be « asked to put a price on the future ». This state of affairs is all the more marked given that the development of activities designed to counter negative externalities is necessarily destined to play a major role in the dynamic of capitalism. Following the stock exchange protocols realized around dot.coms and then housing, it is extremely likely that the next stock exchange protocol will be directed at alternative energy sources and activities related to growth-related damage control. (2) The second level concerns the growing role of positive externalities linked to the process of production and the circulation of knowledge. More precisely, the revolution in information and communication technologies (ICT) and the rise of the immaterial translate into two convergent and eminently contradictory effects, to which finance capital brings a particular response. On the one hand, ICTs allow for the digitalization and codification of all that is repetitive in mental activity by depreciating the market value of information. However – and this is where we find our first contradiction – these codified and (re-) digitalized knowledges present a major problem to private appropriation. Although the cost of their initial production is definite, their marginal costs are by contrast very slight or even non-existent – a fact that makes the execution of intellectual property rights that much more difficult. On the other hand, this same automation of repetitive mental activities and the concomitant codification of knowledge displaces the heart of value-creative activity towards implicit knowledge that is codifiable only with difficulty : this is knowledge of the so-called second type, constituted by the triptych of creativity/intelligence/innovation. This is the paradigmatic model of immaterial labor that relies « upon the cooperation between minds working on computer and connected by the net (internet) ». The subjection of this form of productive network cooperation can only be indirect and formal. Within this framework, finance capital is thus forever destined to fulfill two structural functions. Only finance capital is capable of allowing the subsumption of immaterial labor while realizing the evaluation at fair value of immaterial assets, in a context of structural uncertainty where the « value of knowledge goods oscillates between nothing and incommensurable values and the price of monopoly, which is ultimately political ».

multitudes