L’expérience de la domination et de la marginalisation – politique, économique, sociale, culturelle – ressentie par beaucoup de Touaregs dans l’ordre des États modernes se traduit par une image récurrente : celle d’un corps mutilé, amputé, blessé, empêché de se mouvoir. Face à la fragmentation et à la paralysie du corps social, territorial, individuel, revient l’idée qu’il faut le souder, le remembrer, le réemboîter pour lui restituer sa mobilité. C’est dans cette perspective que, depuis plusieurs décennies, des initiatives aussi nombreuses que variées investissent des scènes d’actions multiples, de l’insurrection armée au travail de l’imaginaire. Dans le domaine littéraire et artistique, la « furigraphie » du peintre et poète touareg Hawad, apparaît comme un de ces moyens « de dépasser les limites, de contourner l’enfermement, de faire ricocher les échos de (s)es paysages et de construire des espaces inédits pour penser, ressentir et dire autrement le monde ».
There is a recurrent image that captures the experience of being dominated and marginalised many Touaregs have felt in the political, economic, social, and cultural realms as has been inflicted upon them by the modern nation-states system : that of a mutilated, injured body deprived of its freedom to move around. So the idea comes up to put together again, to rearticulate this social body in order to counter its fragmentation and paralysis and bring it back to its former mobility. It is in this perspective that over the past scores of years various initiatives have sprung up, ranging from armed resitance to imaginary discourses. In literature, it has been the of the Touareg painter and poet Hawad that appears to be one of the paths available to « go beyond the limits, to route around the confinement, to make the echos of the landscape rebound and to build fresh spaces of thoughts, feelings, and different ways to look at the world ».