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Majeure 33. Philosophie politique. Les deux corps du monstre

Le monstre politique – Vie nue et puissance, par et

The Many-Headed Hydra, par et

Cet article est la traduction de l’Introduction du livre, L’hydre aux mille têtes. L’histoire cachée de l’Atlantique révolutionnaire, à paraître aux Éd. Amsterdam en 2008. Il s’agit de l’exploration historique de la classe multi-ethnique qui forma la main-d’œuvre bon marché ayant permis l’avènement du capitalisme et de l’économie moderne transatlantique, puis mondialisée, à partir du début du XVIIe siècle. Une «foule bigarrée» (motley crowd) constituée de marchands, d’esclaves, de pirates, de travailleurs, de femmes, de soldats, de criminels déportés, de radicaux religieux, etc., développa des formes de résistance et de coopération afin de se soustraire à une exploitation forcenée (exploitation d’une main-d’œuvre dans une configuration productive qui est déjà mondialisée). Les auteurs racontent l’histoire du rôle de ces dépossédés du monde moderne, et de leur lutte pour la liberté.

This article is the introduction of the volume The Many-Headed Hydra. The Hidden History of the Revolutionary Atlantic, to be published by Amsterdam, a historical investigation of the multi-ethnique class which formed the cheap workforce which made possible the rising of capitalism and of modern transatlantic (and eventually global) economy, since the beginning of 17th century. A motley crowd made by merchants, pirates, workers, women, soldiers, convicted criminals, religious radicals, etc. developed forms of resistence and mutual cooperations, in order to escape the deep exploitation of the workforce, taking place in an economy already globalised. The authors tell the story of the role played by these wretched of modern world and of their fight for liberty.

Locke et le concept d’inhumain, par

Dans cet article, l’auteur se propose de développer les suggestions d’Althusser pour qui la théorie politique de Locke (de l’état de nature au contrat social) est fondée sur une distinction entre l’humain et l’inhumain. La conception lockienne d’une espèce humaine, avec des droits et des obligations que Dieu lui aurait donnés, relève plutôt de la politique que de la biologie ou de la nature. À l’origine de l’humanité il y a un choix : consulter ou ne pas consulter la raison qui devra gouverner l’action humaine. Ceux qui renoncent à la raison forment une contre-espèce dont l’existence même est une menace absolue pour l’humanité et qui, de ce fait, doit être détruite pour le salut de l’humain lui-même.

This essay attempts to develop Althusser’s suggestion that Locke’s political theory and its central concepts, from the state of nature to the social contract, rest on a heretofore unrecognized distinction between the human and the inhuman. Locke’s notion of a human species with rights and obligations conferred upon it by God is a political rather than biological or natural one. At the origin of humanity is a choice: the choice to consult or not to consult the reason that should govern human action. Those who choose to renounce reason form a counter-species whose existence poses an absolute threat to humanity and as such must be destroyed for the sake of the human itself.

Voltaire et les vampires, par

Dans son article «Vampires» du Dictionnaire philosophique, Voltaire évoque le phénomène de la «peste vampirique» qui a frappé l’Europe centrale des années 30 du XVIIIe siècle, aussi bien que les interprétations controversées qui en furent alors données, en France comme dans toute l’Europe. Il profite de cette occasion pour reprendre sa polémique anti-religieuse avec une ironie corrosive qui n’épargne pas même un voltairien sincère, comme Jean-Baptiste Boyer d’Argens, qui avait, avec beaucoup d’acuité, donné lui-même une interprétation du phénomène dans ses Lettres juives. Dans son texte, Voltaire choisit l’arme de la satire plutôt que celle de l’enquête scientifique. Il nous donne ainsi une approche anthropologique assez approximative en révélant par là les limites d’une raison polémique bornée à la simple idéologie.

In his article on «Vampires», in the Dictionnaire philosophique, Voltaire both evokes the phenomenon of the so-called «vampire plague» which hit Central Europe during the 1730s and recalls the controversial interpretations of this phenomenon in France and abroad. He takes advantage of the occasion to renew his anti-religious polemic, with a caustic irony that doesn’t spare even a sincere Voltairian like Jean Baptiste Boyer d’Argens, who had offered a penetrating analysis of this phenomenon in his Lettres juives. In his text, Voltaire chooses satire rather than an inquiry into causes of the phenomenon, revealing a superficial anthropological approach as well as the limits of an argument conceived as pure ideology.

Multitudes en images

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